En pleine crise de nerfs (couple à bout cherche médiateur)

Par Borokoff

A propos de La Bataille de Solférino de Justine Triet 

Laetitia Dosch, Arthur Harari, Vincent Macaigne

Paris, dimanche 6 mai 2012, jour d’élection du nouveau Président français. Laetitia (Laetitia Dosch), journaliste à I télé, est dans le rush. Son chauffeur va arriver d’une minute à l’autre, l’une de ses deux petites filles est intenable et n’arrête pas de crier et, pour couronner le tout, débarque Vincent (Vincent Macaigne), son ex à bout de nerfs et qui exige de voir ses enfants mais s’est trompé de jour en relisant bien l’autorisation du juge !…

Premier long-métrage de la trentenaire Justine Triet, passée par le documentaire, La bataille de Solferino narre celle, beaucoup moins glorieuse et épique, qui oppose un couple trentenaire en pleine séparation et bagarre juridique pour la garde des enfants.

Laetitia Dosch

Une situation tantôt comique et grotesque, tantôt tragique et pathétique qui a inspiré à la réalisatrice ce film asez réaliste qui se déroule sur douze heures et qui suit comme en « direct », souvent caméra à l’épaule, la trajectoire d’un couple qui se déchire et part à vau-l’eau sur fond d’un autre duel beaucoup plus politique mais tout aussi virulent, celui opposant les candidats à la Présidentielle Hollande et Sarkozy.

Plantée au milieu du décor, la caméra saisit sur le vif, comme si elle s’était immiscée là par hasard ou pour les surprendre, les débats pour le moins houleux entre les deux ex. Si cette mise en situation, quasi-documentaire, s’appuie en grande partie sur l’énergie et le jeu déployés par ses deux acteurs principaux  (irréprochables Dosch et Macaigne, qui campe un type paumé, un peu lourd mais un boulet attachant), elle occasionne aussi plusieurs défauts ou faiblesses dans la mise en scène. Outre les longueurs du film et certains dialogues un peu bavards (ceux du nouveau compagnon de Laetitia qui en fait trop avec Vincent), ce sont les redites de plans trop nombreux ou répétitifs de foules qui dérangent. De même, les interviews des militants de Sarkozy ou d’Hollande n’apportent pas grand-chose au film et diluent son intrigue, en tout cas provoquent des baisses certaines de rythme et de tension de la mise en scène.

Où Vincent Macaigne apprend à Virgil Vernier comment faire des bulles

On sourit certes face à certaines improvisations cocasses dans les dialogues et les situations, mais le film dans son ensemble aurait gagné à être plus court, à ne durer que le temps d’un moyen-métrage peut-être.

Mais l’aspect le plus embarrassant dans cette volonté de réalisme et cette frontalité de la mise en scène – certes, c’est son parti-pris – c’est son manque de pudeur, même si c’est toujours par la pirouette de humour, à l’image de la dégaine laisser-aller et de la tronche désabusée de son acteur principal, que la réalisatrice s’en sort et parvient à prendre du recul.

Ce dont nous parle le film est d’une actualité tout aussi triste que réelle. Le divorce des couples avec un ou deux enfants et le drame qui s’ensuit pour les pères, victimes souvent d’une Loi injuste en ce qui concerne la garde partagée des enfants, sont des sujets dont on parle chaque jour et qui touchent de nombreux couples, pas qu’à Paris.

La réalisatrice choisit de traiter ce sujet sur le ton de la comédie et avec dérision mais le sujet, dans le fond, est  plutôt glauque et concerne tellement de couples en instance de divorce (avec de très jeunes enfants souvent) qu’il ne porte pas forcément à rire. Elle aurait pu tout aussi bien faire une tragédie du style Kramer contre Kramer.

Alors, s’il y a des réussites incontestables dans le film, des scènes drôles ou plutôt des moments qui font mouche, le film tire trop en longueur et en redondances (d’où un certain ennui voire un détachement du spectateur), gênant par son côté impudique aussi parfois…

http://www.youtube.com/watch?v=oce2z-ca-z0

Film français de Justine Triet avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari (01 h 34)

Scénario de Justine Triet : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Compositions de Dead Man’s Bones