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Les oliviers du Négus - Pour seul cortège - La mort du roi Tsongor - Laurent Gaudé

Par Liliba

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Les oliviers du Négus - Laurent Gaudé Lectures de Liliba

Les oliviers du Négus

Plusieurs thèmes chers à l’auteur se croisent dans les quatre nouvelles qui constituent ce recueil : la mort, la guerre, l’Antiquité, l’Italie et l’Afrique. Quatre thèmes déjà abordés de diverses manières dans l’œuvre de Gaudé et qu’on retrouve ici en puissance, avec une noirceur inégalée, mais toute en délicatesse.

Les oliviers du Négus nous emmènent dans les Pouilles. Le vieux Zio Négus, revenu fou d’Éthiopie et passionné de Frédéric II vient de mourir, et le narrateur partage son émotion tout en contant les exploits de l’homme, idéaliste avant d’être fou, trahi, abandonné.

Le bâtard du bout du monde nous transplante au fin fond de l'Empire Romain, juste avant le royaume des barbares. Une frontière à garder alors que Rome les oublie. Impossible de ne pas penser à Buzatti… Le centurion à l'agonie dépeint par Laurent Gaudé veut à tout prix atteindre la ville dont il pressent la chute pour y vivre ses derniers jours. Une folie, mais aussi un effort surhumain contre la mort qui le ronge et un acte de fidélité.

Dans Je finirai à terre, la terre elle-même se rebelle contre la guerre, la violence, les bombes qui l’éventrent, les tranchées qui la saignent, les cadavres qui la pourrissent. La terre n’en peut plus et se réveille pour se venger de ces hommes qui ne pensent qu’à se battre en l’abimant. Ce golem vengeur qui tue les hommes responsables des massacres fait froid dans le dos.

La mafia gangrène la Sicile, c’est bien connu et on retrouve dans Le Tombeau de Palerme un juge attendant la vengeance de la « famille », prêt à mourir. Le frère du juge Borsellino est mort dans un attentat, et le juge sait que le même traitement lui sera réservé, un jour ou l’autre, et que rien ne pourra empêcher la mort de le trouver. Il la regarde alors en face.

Ce ne sont pas des héros, et pourtant les hommes dont Gaudé nous peint la destinée ne sont pas des perdants. Ils ont la foi des vainqueurs, leur fierté et l’innocence des gens au cœur pur. Ce sont des hommes dont il faut narrer l’histoire à la veillée, des hommes à ne pas oublier. Ces quatre nouvelles un peu longues font voyager et réfléchir. La plume de Gaudé est à la fois extrêmement poétique et totalement noire. On retrouve le souffle épique qui caractérise son œuvre, la narration captivante, le style parfait, bref, c’est une fois de plus un total bonheur de lecture même si les sujets sont vraiment noirs et tragiques. On verrait bien ces nouvelles adaptées au théâtre tant ses personnages sont humains, forts, vivants malgré la mort qui rôde partout.

Pour seul cortège Laurent Gaudé Lectures de Liliba

Pour seul cortège

Pour seul cortège est une sorte de long poème épique à la gloire d’Alexandre. Le grand, celui qui a conquis le monde et assis sa gloire à Babylone. Celui qui de sa vie n’a eu peur de rien, celui qu’on craignait, mais qu’on admirait, Alexandre le tout puissant qui a vécu au IVe siècle avant notre ère et dont on connait encore les exploits. Sauf qu’Alexandre vient de mourir au milieu des rires de ses proches et après avoir dansé. Il faut faire vite, tous se pressent autour de la royale dépouille pour préparer la suite. La suite, l’héritage, bien sûr, car cet empire immense créé à la force de l’épée va bien devoir revenir à quelqu’un. Mais les rivalités éclatent alors qu’il est à peine froid et déjà le sang coule. C’est la curée… et trahison et vengeance, bassesses et mensonges sont désormais monnaie courante parmi ses plus fidèles qui s’étripent. La dépouille d’Alexandre part alors pour un immense voyage, son dernier cortège qui le conduira aux confins du pays, traversant toutes ses terres.

Dryptéis, femme de sang royal et sœur de la femme d’Alexandre, sort de son refuge loin des bruits du monde pour suivre son destin, et accompagner le corps de celui qui tua son père Darius. Elle va se joindre aux pleureuses et suivre cet étrange cortège funéraire, digne, forte, portant la douleur comme une beauté face à ceux qui la croisent. Pour tenter aussi de repousser la nouvelle guerre qui menace, pour garder dans le cœur des hommes le souvenir d’Alexandre. Dans le même temps, un messager étrange se hâte vers la ville mythique, une figure revenue d'entre les morts qui sème la peur sur son passage. Alexandre pourra-t-il reposer en paix ?

Une fantastique force tragique illumine ce roman qui une fois de plus m’a laissée béate d'admiration. Plusieurs voix participent à la narration, donnant encore plus de souffle à ce récit qui nous emmène loin et nous envoute. Quel talent de narrateur, quel souffle mystique, quelle écriture ! Je suis totalement séduite par la plume de Laurent Gaudé qui sait rendre aussi bien la violence que la tendresse, la folie que la beauté des hommes. Ambition, amour, devoir, fidélité, autant de sujets chers à l’auteur que l’on a déjà aperçus dans plusieurs de ses romans, et notamment dans le superbe La mort du roi Tsongor. Ce texte d’ailleurs rappelle l’histoire de Tsongor, celle de sa mort et du chaos qui a succédé et les deux se répondent, s’appellent, se complètent même si les époques et les lieux n’ont rien en commun. Superbe !

La mort du roi Tsongor Laurent Gaudé Lectures de Liliba

La mort du roi Tsongor - livre audio

On ne présente plus le Roi Tsongor, et si vous ne l’avez pas lu, shame on you, précipitez vous sur cette petite merveille !

Le vieux roi de Massaba règne sur un immense empire construit au fil de guerres et conquêtes toute sa vie durant. Il s’apprête à marier sa fille au fils d’une province amie quand surgit un deuxième prétendant, Sango Kerim, fils adoptif qui a été élevé avec les enfants de Tsongor, parti de la ville quand il avait 15 ans et que tous avaient oublié. Le jeune homme brandit la promesse faite des années plus tôt par Samilia qui avait promis de l’épouser. Ce qui n’était que jeu d’enfant est devenu son obsession et il est prêt à se battre jusqu’à la mort pour prendre son dû. La guerre éclate, bien sûr. Tsongor meurt de tristesse et Samilia ne peut au départ se résoudre choisir l’un ou l’autre de ses prétendants, qui vont se livrer une guerre sans merci, laissant le pays exsangue. C’est le fidèle Katabolonga, un guerrier vaincu devenu serviteur de Tsongor qui pleurera le plus son roi pendant que les autres se partagent le royaume et se battent, alors que Souba, le plus jeune d’entre eux, marche à travers le royaume à la demande de son père pour y construire des mausolées à sa mémoire.

Fierté, orgueil, fidélité, mort, famille… La haine côtoie l’amour dans ce récit qui est d’une intensité rare et que j’ai écouté avec un plaisir immense en livre audio après l’avoir lu il y a quelques années. La voix de Jean-François Garet met parfaitement en valeur ce texte à la fois violent et extrêmement poétique, triste et attachant, en fait ressortir la beauté et le souffle tragique. Une véritable merveille à lire et relire et à écouter !

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