La victoire d'Angela Merkel fut en France un choc, à plus d'un titre. Mais pour qui ? Et comment ?
1. Angela Merkel a gagné au centre. En France, Nicolas Sarkozy a perdu à l'extrême droite. Pourtant, d'après le Figaro, l'UMP "voit dans la victoire de la CDU-CSU une raison d'espérer". D'espérer gouverner avec le PS ? Le Monde, dans un éditorial fameux, s'amuse de ce "centrisme" allemand qui, en pleine crise, nous semble inaccessible. Mais lundi soir, Angela Merkel cherche sa majorité. Curieux contre-coup, la nouvelle "Mutti" du pays doit chercher avec qui la coalition sera la moins douloureuse. Un SPD défait ou des écologistes affaiblis ? On évoque un mois de tractations.
2. Le SPD a été grignoté sur sa droite ET sur sur gauche: il touche le fond, à 25% et 192 députés. Quelle leçon le PS, et la gauche, peuvent-ils en tirer ? Qu'il faudrait être plus à gauche ? Plus au centre, c'est-à-dire à droite ?
3. La gauche est majoritaire au Parlement. "Arithmétiquement parlant" souligne le Figaro. Mais politiquement, elle est en vrac. A force de taper sur un SPD jugé compromis, die Linke ne peut s'allier à ce dernier, et réciproquement... Une gauche éclatée, et voici le résultat.
4. Car Die Linke a doublé son score, il dépasse les Grünen. Politiquement, c'est une performance... totalement inutile. Avec 8% de suffrages, son avenir politique est réduit à une opposition frontale contre une future grande coalition.
5. Les écologistes allemands sont relégués à un maigre score qui leur procure, tout de même, 63 sièges au Bundestag. Les libéraux n'existent plus non plus. Partout en Europe, les "purs libéraux" sont en jachère.
6. Cette victoire personnelle d'Angela Merkel en ferait la "chef de l'Europe", à en croire la plupart de nos commentateurs nationaux. On ne savait pas que le scrutin allemand avait été exceptionnellement ouvert à l'ensemble des citoyens de l'UE... S'il est incontestable qu'elle a une légitimité exceptionnelle dans son pays, on ne voit pas trop en quoi cela engage ni impose au reste de l'Europe.