Aujourd’hui le fossé se creuse entre les pays peuplés d’indignés et de désespérés et ceux où l’optimisme et l’harmonie ont pu renaître.
Un billet d'humeur de Jacques Garello.
Un article de l'aleps.
Le ras-le bol fiscal est tellement visible et nuisible que Pierre Moscovici lui-même s’en est ému. Il est rare que les vrais alcooliques confessent qu’ils ont trop bu. Mais nous sommes gouvernés depuis quelques décennies par des ivrognes, les uns s’enivrant au gros rouge, les autres au champagne. 48% de prélèvements obligatoires sur le Produit Intérieur Brut, voilà qui suffit à expliquer le blocage de la croissance, le chômage, la stagnation du pouvoir d’achat. 56% de dépenses publiques, et une dette « souveraine » de 2.000 milliards d’euros, soit pratiquement à 100% du PIB : ras-le-bol de ces annonces mensongères sur la sortie de crise.
Le ras-le bol fiscal a sa traduction politique avec l’incroyable affaire de la pause 2014. Il est vrai que le Président aime prendre la pause devant les caméras. Il se pose désormais en grand menteur, si l’on en croit le Premier Ministre qui, aux dires de sa propre porte-parole, aurait eu une parole malheureuse. La pause dans la fiscalité n’est peut-être pas pour demain (qui y croit d’ailleurs ?) mais à quand au moins la pause dans l’incohérence ? À quand la pause dans la diplomatie à géométrie variable, dans la succession de rodomontades et de renoncements ?
Mais j’élargis mon ras-le-bol politique au-delà de la majorité. Ras-le-bol de l’incessante bataille des chefs à l’UMP, tous prêchant l’unité d’un parti trop riche en leaders trop pauvres.
Ras-le bol de les voir dans l’impossibilité de bâtir le moindre programme, et de continuer à se réclamer du modèle social français. Ras-le-bol du populisme de Madame Le Pen, qui fait du Venezuela de Chavez un modèle de fierté nationale, qui s’en prend à la mondialisation et à la finance, comme naguère Hollande, et qui fait l’apologie de la diplomatie gaulliste, celle qui a trahi l’Algérie française et nous vaut l’invasion aujourd’hui.
Le ras-le-bol social, je l’éprouve à l’examen de la non-réforme des retraites, puisque l’on va traîner encore quelques années le boulet du régime par répartition. Un boulet en forme de bombe qui va nous exploser à la figure. Un allongement de la durée des cotisations en 2037, une hausse des cotisations en 2017, la découverte de la pénibilité du travail : n’en avez-vous pas assez de ces pitreries ? Le ras-le-bol social, je le ressens encore à l’examen de la loi Duflot, monument à la gloire de la lutte des classes et du collectivisme, négation de la propriété et de la responsabilité.
Pourtant, c’est le ras-le-bol sociétal qui m’afflige et m’inquiète le plus. Le mariage pour tous, la réforme pénitentiaire, l’endoctrinement des enfants : voilà trois révolutions tranquilles (à ce jour) qui mènent notre pays à la destruction morale et au totalitarisme, l’une frayant le chemin à l’autre. Oubliées les trois manifestations de plus d’un million de Français. Sous silence l’adoption d’enfants par des couples sans lendemain. Ignorées les protestations de tous les hommes d’ordre et de loi qui savent que la peine diminue le crime. Méprisés les droits des victimes, et renforcée l’impunité des assassins. Minimisé le conditionnement idéologique des élèves, instruits de la théorie des genres et des valeurs du laïcisme. Effacés les parents et les « déterminismes familiaux ». Hôtes de l’Éducation nationale, des millions de jeunes gens et de jeunes filles seront bientôt initiés et affranchis de toute référence morale, porteurs de la pensée unique. Hôtes, otages ou prisonniers, je ne saurais dire. Je demanderai à Madame Taubira, qui s’y connaît en prisons, en familles et en libertés.
Alors, que faisons-nous ? On se révolte ? On se prépare à quoi ?
La révolte est la réaction la plus spontanée. Sans doute faut-il dénoncer et combattre toutes ces erreurs économiques, tous ces fléaux sociaux, toutes ces déviances morales. Mais où mène la révolte, une fois l’angoisse et la peur exprimées ? Le péril populiste guette la nation française, il ne propose aucune solution durable et conduit à la haine civile. La révolte est un exutoire passager et dangereux, même si elle s’exprime dans les urnes.
J’en ai ras-le-bol mais je ne me révolterai pas.
Pour autant je ne suis pas résigné. Car il y a à mon sens mieux à faire. Il faut se préparer et préparer les gens autour de nous à une véritable rupture économique, politique, sociale, sociétale. Elle aussi peut s’exprimer dans les urnes et elle le fera tôt ou tard, en France comme ailleurs. Mais, en attendant une traduction politique, elle exige la conception et la diffusion d’un message de paix et de liberté. Un message, pas un catalogue fourre-tout de mesures ponctuelles. Tout changement doit s’inscrire dans une logique de liberté et de responsabilité.
Cette attitude est la seule qui réponde réellement au ras-le-bol et qui soit de nature à faire renaître espoir et confiance. L’histoire récente nous montre que l’Amérique a été de retour avec Reagan, que l’Angleterre est redevenue une grande nation avec Thatcher, que l’Allemagne a pris une inflexion décisive avec Schröder, tout comme le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande, la Suède, etc. Dans chacun de ces cas, ce n’est pas un leader providentiel qui a permis à la société de changer radicalement, c’est la reconquête intellectuelle et le renouveau moral qui ont porté ces leaders au pouvoir, parce que les idées avaient déjà séduit la nation. Aujourd’hui le fossé se creuse entre les pays peuplés d’indignés et de désespérés et ceux où l’optimisme et l’harmonie ont pu renaître.
Les libéraux ont ce privilège de croire à quelque chose de fort, d’éternel et d’universel : la dignité de la personne humaine, le respect de sa vie, de sa liberté et de sa propriété. Sachons faire partager cette foi, sachons nous rencontrer autour d’elle, sachons offrir la seule alternative au ras-le-bol. Qu’en dites-vous ?
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