Retour sur la trompe de l'hôtel Pincé à Angers (49)

Par Jean-Michel Mathonière

A l'occasion des Journées du Patrimoine, René Verstraete a pu visiter le musée Pincé, ouvert exceptionnellement alors qu'il est fermé au public depuis 2005 et en cours de restauration depuis deux ans. Il nous a transmis les photos de la trompe remarquable de cet hôtel Renaissance, en reproduisant les informations officielles disponibles sur ce monument. Elles complètent l'article du 5 octobre 2010 de Jean-Michel Mathonière, sur La trompe de l'hôtel Princé à Angers (49).

© Photographies René Verstraete, D.R.

Voici de larges extraits du document relatif à ce momument remarquable ; on y apprend notamment que cette trompe d'angle serait la première du genre en France :

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« L'hôtel de Pincé est construit à partir de 1522 pour Jean de Pincé, sieur du Bois de Savigné, lieutenant-criminel en la sénéchaussée d'Anjou, maire en 1538, à l'emplacement d'une maison dite les Créneaux. Les bustes et les armoiries du maître d'ouvrage et de sa femme Renée Fournier sont visibles dans des médaillons des façades principales et intérieurement sur les cheminées, la voûte du vestibule et le plafond de la grande salle du rez-de-chaussée.>

« La construction de l´hôtel a commencé par le corps principal gauche et la tour d'escalier. Le corps de logis droit, édifié dans un second temps, portait la date 1535 sur des cartouches maintenant disparus qui ornaient les pilastres de la fenêtre antérieure du premier étage : la date portée, actuellement visible sur le pilastre droit de la fenêtre du rez-de-chaussée, est moderne. Les historiens du 17e siècle accordaient l'ensemble du bâtiment à l'architecte Jean Delespine, mais ceux du 19e siècle ne lui reconnaissaient que la partie droite : il paraissait en effet trop jeune à la date de conception initiale. Néanmoins l´analyse stylistique laisse penser qu´il aurait pu diriger le chantier plus précocement et être l´auteur des éléments les plus remarquables - lucarnes, voûtes du corps d´escalier - des parties les plus anciennes (qui ne sont pas homogènes).
« Hôtel constitué de deux corps de logis, de part et d´autre d´un corps d´escalier, formant un plan en équerre sur la cour antérieure. Le gros-oeuvre est en schiste, mais les élévations sur cour et sur rue sont parementées en tuffeau. L´ensemble des élévations est à travées. Le corps principal, à gauche, est à un étage carré et comble à surcroît ; celui de droite était initialement à deux étages carrés (un étage carré et un étage-attique) et étage de comble, devenu après restauration à un étage carré et étage de comble. Les couvertures sont à longs pans et pignons découverts sauf la face antérieure du corps droit, dotée d´une croupe (initialement ce corps était à deux croupes). Le corps d´escalier est couvert d´un toit en pavillon ; les cabinets en encorbellement du corps de logis droit sont également à toit en pavillon mais avec une croupe ronde sur la rue de l´Espine. L´escalier est une vis en maçonnerie contenue dans la partie antérieure du corps d´escalier, occupé pour sa partie postérieure par des cabinets superposés. Les sous-sols sont voûtés de berceaux segmentaires, en schiste et en tuffeau ; en raison de la déclivité du terrain, les parties postérieures correspondent à un étage de soubassement (rue de l'Espine, cour arrière). En contrebas du logis, sur la même rue, la cour arrière est accessible par un corps de communs, avec ouvertures à bossages.
« Intérêt de l'oeuvre : l'un des plus célèbres hôtels particuliers d´Angers, particulièrement représentatif de la Première Renaissance en France, tant sur le plan de l'architecture - mise en valeur ostentatoire de la tour d´escalier - que du décor extrêmement couvrant. Si la sculpture extérieure fut largement restaurée, celle - intérieure - conserve encore de belles parties authentiques, notamment la voûte de l´escalier, le cabinet à voûtes plates de l´entresol de l´escalier et de remarquables plafonds. A signaler notamment la trompe d´angle sous le coin du cabinet antérieur de l´aile droite, ouvrage réputé de stéréotomie, qui semble la première du genre en France. Seul témoin d´importance, localement, de cette période stylistique, l´hôtel Pincé constitue un maillon essentiel dans l´histoire architecturale angevine, d´autant qu´il est attribué au plus grand architecte de la province, Jean Delespine, dont l´oeuvre, désormais largement redécouverte, couvre à la fois la Première et la Seconde Renaissance. »
Merci à René Verstraete pour cette intéressante contribution et ses photographies.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)