En mai 2011, deux mois après la destruction par un tsunami de 4 réacteurs de la centrale de Fukushima, les ingénieurs de Tepco, l’opérateur, ont réalisé que d’énormes quantités d’eau souterraine pénétraient dans les sous-sols des bâtiments et créaient une dangereuse accumulation de liquides radioactifs. Malgré une confirmation de cette analyse par des experts américains, Tepco a sciemment décidé de ne pas lancer le chantier nécessaire à l’endiguement de ces eaux de peur d’engager de nouvelles dépenses qui auraient effrayé ses investisseurs.
En révélant cette information, deux anciens membres de l’administration au pouvoir au Japon lors de la catastrophe ont expliqué que Tepco leur avait indiqué qu’il comptait repousser à plus tard la construction d’une enceinte souterraine imperméable autour de la centrale, dont le coût était estimé à 100 milliards de yens (1 milliard de dollars). « Si nous incluons maintenant ce coût de construction à nos comptes, le marché considérera que nous sommes menacés par la faillite », avait alors précisé un cadre de l’entreprise à Banri Kaieda, le ministre de l’Industrie de l’époque, et à Sumio Mabuchi, qui servait de conseiller spécial à l’ex-Premier ministre Naoto Kan.
Promesse non tenue
Promettant d’enclencher ces travaux plus tard, Tepco aurait, en échange, demandé au gouvernement de rester vague sur ces problèmes d’eau contaminée. Une consigne à laquelle le pouvoir politique a obéi. « Mais Tepco n’a ensuite pas tenu sa promesse », a regretté Sumio Mabuchi. Deux ans et demi plus tard, l’accumulation de 330.000 tonnes d’eau radioactive s’est imposée comme un problème majeur. Voulant mettre en scène la fermeté de Tokyo sur ce dossier, le Premier ministre, Shinzo Abe, a passé, ce jeudi, trois heures sur le site et s’est longuement fait expliquer l’avancée des travaux de sauvetage.
A l’issue de sa visite, il a demandé, pour la énième fois, à Tepco de régler « le problème de fuites d’eau » contaminée et de « fixer un calendrier ». Il a aussi appelé le groupe à démanteler les tranches 5 et 6 de la centrale, qui avaient été épargnées par la catastrophe. Poliment, Naomi Hirose, le président de Tepco, lui a répondu qu’il étudierait cette idée à la fin de l’année.