La semaine dernière a marqué un tournant dans ma connaissance des autochtones. Moi qui n’aime rien tant que voyager seule (dans le cadre du travail, parce que sinon j’adore prendre l’avion avec un enfant en bas âge incapable de tenir en place plus de vingt cinq secondes et un Prince qui abhorre les voyages – mais je m’égare), j’ai eu le grand privilège d’effectuer un voyage d’affaires accompagnée d’une Galloise et d’un Ecossais. Il ne manquait plus qu’un Anglais et j’avais toute la Grande-Bretagne dans ma délégation, facon Benetton. Oh well, ce sera pour une autre fois. En attendant, 24 heures d’observation in vivo qui m’ont permis d’identifier dix particularités du voyage d’affaires à la britannique :
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Le vol aller affiche une heure trente de retard, rapport à la pluie battante qui s’abat sur Heathrow. Idem au retour. Ben oui, forcément, en septembre, c’est bien connu, les conditions météorologiques sont aléatoires.
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Devant cette première déconvenue, le Britannique réagit avec tout le flegme qu’on attend de lui. Son premier réflexe est de se diriger vers le bar le plus proche “parce que rien ne vaut un bon verre de Pinot Grigio en attendant que la porte d’embarquement soit affichée”
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Pas besoin de déjeuner avant le vol, un beignet suffira. Devant votre haussement de sourcils, votre collègue se contente d’un laconique “Moi, tu sais, la bouffe…”
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Au petit déjeuner, à l’hotel, il s’attable devant des oeufs brouillés et du bacon. Et glousse devant votre croissant et votre chocolat chaud : “so French!”. Aucun de vous ne daigne tester les spécialités locales, convaincu d’être en train de savourer le summum de sa gastronomie nationale.
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En réunion, le Britannique semble prendre un malin plaisir à ponctuer son discours d’expressions idiomatiques (“No strings attached”, “Starter for ten” ou encore “Let’s call it a day”), suscitant la plus grande perplexité chez ses interlocuteurs.
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Comme si cela ne suffisait pas, il parle vite et n’articule guère ; après tout, l’anglais n’est-il pas officiellement la langue de travail du monde entier ?
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Il est essentiel de terminer la dernière reunion à temps (cf. “Let’s call it a day”) pour déguster (?!) un verre de vin (Pinot Grigio toujours) à l’aéroport
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Dîner avec les poules (17h28) avant de reprendre l’avion ? Aucun problème – tant que son club sandwich est accompagné de chips ET de frites…
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…“et comme ca, pas besoin de remanger après, c’est toujours ca de fait” (sic)
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Last but not least: quand le Français est à table, il parle de bouffe. Quand le Britannique boit, il parle de cuite. Et tout le monde est content.
Crépuscule aéroportuaire