Phillip Henry & Hannah Martin : "Il ne faut pas enfermer la musique"

Par Titus @TitusFR

Après l'important succès de sa première soirée, l'automne dernier, Kerfolk remet le couvert, samedi 28 septembre, avec l'Ecossais Jamie McMenemy et les Anglais Hannah Martin et Phillip Henry,  dont il s'agira du premier concert en Bretagne. Rencontre avec ce duo folk d'exception qui s'inscrit dans la lignée du renouveau.

Comment vous êtes-vous rencontrés ? 

Phillip Henry - Nous avons fait connaissance alors que nous jouions au sein du même groupe, The Roots Union, il y a environ cinq ans. Mais nous avons très vite décidé de former un duo car nous partagions les mêmes affinités musicales.

De quels horizons venez-vous ?

Hannah Martin - Je viens pour ma part d'une petite ville portuaire du Sud-Ouest de l'Angleterre. J'ai commencé à me produire assez jeune dans les clubs de ma ville. D'abord en tant que choriste pour des musiciens de la scène folk locale puis en mon nom propre… 

Phillip Henry - Quant à moi, je suis originaire du Nord-Ouest de l'Angleterre, la partie la plus industrielle. J'ai été bercé par le blues, la soul music et les disques de la Motown avant de faire mes premières scènes. J'ai ensuite déménagé dans le Devon, où j'ai approfondi ma passion pour les musiques acoustiques et world.

Et vos pas vous ont aussi mené jusqu'en Inde ? 

Phillip Henry - Je suis allé jusqu'à Calcutta en 2008 pour y suivre l'enseignement de Pandit Debashish Bhattacharya, qui est à mon avis l'un des plus grands musiciens au monde et le meilleur guitariste indien de "slide". J'y ai étudié la musique classique indienne, ce qui m'a permis d'enrichir ma palette et de développer un style assez distinctif. 

Les instruments que vous utilisez jouent un grand rôle dans l'originalité de votre musique du fait de certaines sonorités pas toujours très habituelles dans le monde du folk… Pouvez-vous les décrire ?

Phillip Henry - Je possède quant à moi plusieurs guitares "slide" : mon instrument de prédilection est le dobro, d'origine américaine. Je joue aussi du chatturangui, une guitare slide indienne qui a été créée par Pandit Debashish Bhattacharya et qui compte en tout 22 cordes. J'ai aussi une guitare "lap steel" électrique.

Hannah Martin - Et Phillip a aussi développé son propre style d'harmonica rythmique... Pour ma part, je joue du violon et de la viole, en plus d'un banjo à cinq cordes et d'une guitare ténor.

Votre premier album, "Singing the bones", qui a été publié en 2011, a été fort bien accueilli. Les critiques ont même dit que vous étiez l'une des formations folk les plus enthousiasmantes à émerger récemment…

Hannah Martin - Nous avons été ravis de cet accueil. C'est vrai qu'on a beaucoup travaillé au cours des cinq dernières années...

Le titre de votre dernier album, "Mynd", est de l'anglais ancien. Que veut-il dire ? 

Phillip Henry - Ce terme recouvre plusieurs notions : la mémoire, le souvenir, la commémoration, la conscience, l'esprit et l'intellect. 

Hannah Martin - Toutes les chansons de l'album sont reliées par ce concept de mémoire et de commémoration.

Même si votre musique a d'évidentes racines folk et celtiques, elle est d'une fraîcheur incroyable et paraît d'une grande modernité. Comment y parvenez-vous ? 

Phillip Henry - Il est primordial à nos yeux de ne pas enfermer la musique. Elle ne doit jamais devenir une pièce de musée. L'innovation et l'expérimentation sont essentielles dans notre démarche et nous nous tournons souvent vers les musiques actuelles pour l'inspiration. 

Hannah Martin - C'est ce qu'ont toujours fait les musiques traditionnelles et c'est ce qui leur permet de demeurer si vivantes.

Les paroles de vos chansons sont aussi résolument contemporaines. Votre morceau "Last broadcast", par exemple, rend hommage à une journaliste américaine tombée en Syrie…

Hannah Martin - A l'origine, ce morceau était un instrumental composé par Phillip sur son chatturangui. C'est à la lecture du dernier reportage poignant de Marie Colvin sur le siège de Homs, que cette chanson nous est apparue comme une évidence. Les paroles nous sont venues très rapidement.

L'album s'achève sur une reprise splendide du tube de James Taylor, "Close your eyes". Est-ce un compositeur qui a compté dans votre cheminement ?

Phillip Henry - Nous sommes tous les deux fans de James Taylor. C'est un compositeur extraordinaire et nous aimons en particulier cette chanson de lui, avec laquelle nous terminons souvent nos spectacles.

Vous êtes très souvent en tournée. La scène revêt beaucoup d'importance à vos yeux ?

Hannah Martin - A notre avis, c'est la plus belle partie de ce métier. C'est super de pouvoir voyager en permanence et de transmettre un peu de bonheur partout où l'on passe.

Vous jouerez à Plabennec, le 28 septembre. S'agira-t-il de votre premier concert en France, ou en Bretagne ?

Nous avons déjà joué en France au printemps dernier. Nous avons été invités au festival "Harmonicas sur Cher", dans le val de Loire; ce fut une très belle expérience. Nous avons trouvé que le public y était extrêmement chaleureux et très respectueux de la musique. Le concert de Plabennec sera, par contre, notre premier concert en Bretagne. Nous avons très hâte d'y jouer car c'est une terre de traditions folk.

Propos recueillis par Titus le 19 septembre 2013. Une version plus courte de cette interview a été publiée dans l'édition du 23 septembre du Télégramme.

Pratique

Samedi 28, à 20 h 30, à la salle Marcel-Bouguen, à Plabennec. Egalement à l'affiche : l'Ecossais Jamie McMenemy, virtuose du bouzouki. Tarif : 15 €/12 €. Tél. 06.82.62.74.76.


POUR EN SAVOIR PLUS


Le site officiel du duo

La page Bandcamp, pour commander leur musique