Petit rappel - Le 14 juin 1985, les gouvernements belge, allemand, français, luxembourgeois et néerlandais signait à Schengen, petite bourgade du Luxembourg, un accord ayant pour objectif "le libre franchissement des frontières intérieures par tous les ressortissants des États membres et la libre circulation des marchandises et des services".Aujourd’hui, chaque individu peut donc circuler librement sans contrôle systématique aux frontières dans vingt-cinq pays : vingt-deux de l'Union européenne et trois non-membres (Suisse, Norvège et Islande). La convention se double de procédures communes, d'un code des frontières et de visas uniques, sous les nombreux panneaux siglés du drapeau étoilé, dans les aéroports ou frontières terrestres.
L’espace Schengen, intégré dans les traités européens depuis 1997, a commencé à être négocié sous le gouvernement Balladur -Sarkozy était alors ministre du Budget. Une négociation qui, depuis, permet de rétablir certains contrôles aux frontières, par exemple en cas de "menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure", mais à condition de rester dans les clous fixés par la réglementation. Alarmant -et ce n’est un secret pour personne- 160.000 clandestins franchiraient, chaque année, la frontière entre la Turquie et la Grèce.
"Je demanderai un moratoire sur Schengen et je fermerai les frontières", déclarait, le 14 septembre dernier, Marine Le Pen, dans un entretien accordé au quotidien La Provence. "Je demanderai aussi aux politiques qui ont voté pour l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne d'arrêter de nous faire du cinéma. Parce qu'à partir de 2014, ces deux pays seront membres à part entière et les Roms pourront s'installer librement où ils voudront en France."Une idée reprise lors de son discours de clôture de l'université d'été de son parti, le lendemain : "En nous privant avec Schengen du contrôle de nos frontières, l'Union européenne nous a privé aussi de notre capacité à assurer notre sécurité", a-t-elle expliqué. "Et à partir du 1er janvier prochain, ce sera encore pire. Les Roms seront chez eux en France avec l'ouverture totale des frontières avec la Roumanie et la Bulgarie. Ils deviendront inexpulsables. Ces pompes aspirantes marcheront alors à plein régime avec des conséquences inédites."
Interrogé sur le sujet sur France Inter, jeudi dernier, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls avait estimé que Marine Le Pen était "incompétente" pour parler de cette question. "Aujourd'hui il n'y a pas de décision prise quant à l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen." a-t-il déclaré. Mais lui aussi n'a pas hésité à afficher son opposition à l'entrée des deux pays : "Comme ministre de l'Intérieur siégeant au conseil des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne, je suis évidemment plus que réservé sur l'ouverture aujourd'hui de ces frontières, tant que la Bulgarie et la Roumanie n'ont pas accompli un certain nombre d'efforts (…) ce n'est pas aujourd'hui à l'ordre du jour et je vous le dis très clairement. Pas là, pas au premier janvier, tant qu'il n'y a pas les mesures qui ont été prises pour garantir la sécurité des autres pays et des autres citoyens."
L'évaluation Schengen des États candidats à la levée des contrôles aux frontières est engagée à la demande de chaque État concerné, une fois qu'il estime remplir toutes les conditions préalables. Il appartient aux États qui sont déjà membres de l'espace Schengen de déterminer si toutes les conditions préalables sont bel et bien remplies.La Roumanie et la Bulgarie "ne font pas encore partie des pays de l'espace Schengen", peut-on lire sur le site de la Commission européenne. "Avant de pouvoir adhérer à l'espace Schengen, ces pays doivent encore faire l'objet de l'évaluation Schengen. Aucune date exacte ne peut être avancée à ce stade." Le 7 mars dernier, on apprenait que les Etats membres de l'UE avaient à nouveau refusé l'accession des deux pays à cet espace de libre circulation.F/G