Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi – Deadline

Par Yvantilleuil

Malgré les nombreux avis contradictoires que j’avais lu concernant cet album, je n’ai pas hésité une seconde à me le procurer. Tout d’abord, parce que le scénariste, Laurent-Frédéric Bollée, est l’auteur de Terra Australis, un de mes gros coups de cœur de 2013, mais surtout à cause du dessinateur, Christian Rossi, qui est un des meilleurs de sa génération et dont j’avais encore les fabuleuses planches du dernier tome de la série W.E.S.T. en tête.

Il ne faut d’ailleurs à nouveau que quelques pages pour s’émerveiller du talent de Rossi, qui propose à nouveau des illustrations magnifiques. Si les cadrages sont d’une précision et d’une efficacité rare, la colorisation, réalisée en couleur directe, fait à nouveau des merveilles au niveau des ambiances. Ajoutez à cela des personnages aux trognes bien marquées et vous obtenez un one-shot visuellement irréprochable.

Et l’histoire me direz-vous ? Si le titre met en avant la deadline, cette fameuse ligne de démarcation que les soldats coincés dans des prisons à ciel ouvert ne peuvent pas franchir sans être abattus, le récit invite à suivre les pas d’un jeune homme en pleine guerre de sécession. Affecté à la surveillance d’un camp de prisonniers nordistes, Louis Paugham tombe cependant amoureux d’un prisonnier noir… une autre ligne à ne pas franchir dans un pays où des horreurs sont commises sous prétexte de différence de couleurs et où l’homosexualité n’est pas moins taboue.

L’idée de base de cette histoire d’amour atypique n’est donc pas mauvaise, mais le résultat est malheureusement loin d’être convainquant. Il y a tout d’abord ce personnage principal qui manque cruellement de charisme et qui n’est pas attachant pour un sou. Il faut ensuite déplorer une multiplication de thématiques, certes intéressantes, mais qui ne peuvent malheureusement pas être traitées en profondeur. Vengeance, recherche d’identité sexuelle, homosexualité, guerre de sécession, fondation du Ku Klux Klan, abolitionnisme… cela fait un peu beaucoup. Ajoutez à cela une narration multipliant les allers-retours qui manque de fluidité et vous comprendrez toute ma déception au niveau du scénario…

Ils en parlent également : Mo’, Jérôme

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