23 septembre La boîte aux lettres Lundi, onze heures quinze, je descends quatre à quatre à quatre les quatre étages de mon immeuble pourri, au risque de m'étaler sur les marches de bois, alignées comme les dents d'un vieux pochard. J'ouvre la boîte aux lettres. Rien. Pas de réponse de l'éditeur pas de lettre d'amour pas de chèque de remboursement, rien. Mardi, onze heures quinze, je descends deux à deux les marches de bois, alignées comme les dents d'un vieux pochard. J'ouvre la boîte aux lettres. Rien. Pas de réponse de l'éditeur, pas de chèque de remboursement, une facture. Pas de lettre d'amour. Mercredi, jeudi, grève des postes. Vendredi jour du poisson, onze heures quinze, je descends en tremblant les marches pourries comme les dents d'un vieux pochard. J'ouvre la boîte aux lettres. Un chèque de remboursement sur un tube de dentifrice, 0.50€. Je songe un instant à me jeter du haut des marches. Samedi, je fuis à la campagne, là où le facteur ne passe pas. Dimanche, je descends... Rien. Les facteurs sont des sauvages, mais ils ne m'auront pas cette année, je n'achèterai pas leur calendrier pourri... Comme les dents d'un vieux pochard.
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