Il est si facile de rattacher un ensemble de préjugés à une personne, dans un jugement rapide, dans un coup d'oeil qui fait office de loi. Nous tous, vous toutes, nous avons été jugés sur nos habits, notre gueule, notre regard, notre maladresse, notre inexpérience d'un moment, que cela soit à l'école, dans nos premiers jobs, dans les suivants avec notre hiérarchie, surtout celle qui n'assume pas ses responsabilités, puis le jour où est devenu de trop sur le marché du travail, dans notre société.
Juger sur une attitude, sur notre simple image, et pourtant !
Elle dit quoi de nous cette vision d'un instant ? Nos origines, notre culture, nos maladies, notre parcours de femme ou d'homme. Blanc donc français, donc né en France, donc... tant de déductions qui oublient que depuis toujours nous avons été un croisement de populations, de migrations, de flux et reflux avec les guerres et les invasions. Un chaudron de mixité, de mariages, de belles histoires d'amour et de diversité. Noir donc étranger ! Laissez-moi rire, je suis ici mais né ailleurs, et toi, ma copine, ma soeur, ma collègue, où es-tu née ?
Histoire de papiers, de vies faciles, de courses entre les balles d'un pays en guerre, nous sommes juste les empreintes d'une hérédité complexe, les traces d'un passage vers nos enfants. Et pour qu'ils naissent, il faut être deux, se mixer avec un autre, une autre. Mais là encore, né ici, élévé là-bas, et finalement amis ou ennemis de nos parcours. Non rien n'est écrit sur nos visages.
Rien quand l'un parle du maghreb sans jamais y avoir mis les pieds, juste une origine. Quand l'autre est né là-bas, mais a vécu ici, blanc comme un linge trop propre. Alors un jour en rigolant, en mangeant un couscous, chacun donne sa version, sa vérité, la recette de sa mère, et là, tous les deux découvrent que personne n'était celui que l'autre croyait voir.
A toutes les féminités, dont celles que l'on ne voit pas assez dans les médias au féminin.
A toutes les beautés.
Nylonement