Vaux-le-Vicomte, quintessence de l'art classique

23 septembre 2013

Le prétexte était tout trouvé : roder la voiture ! Vaux le Vicomte est situé à seulement 55 km de Paris (on a aussi testé le nouveau GPS !), sur la commune de Maincy en Seine-et-Marne, et c’est une merveille de luxe et d’harmonie. Je me souvenais que nous l’avions jadis visité, mais j’en avais absolument tout oublié !

Le cadre est exceptionnel : 500 hectares à flanc de collines (il a fallu les araser pour y loger les canaux et les perspectives ....), descendant en pente douce vers deux rivières se croisant à angle droit. A la différence de maints édifices où se cotoient différents styles et périodes, le domaine a été conçu d’une seule épure, demeure et jardins en pleine harmonie. Entre 1658 et 1661, Nicolas Fouquet, Surintendant des Finances s’est doté de la plus fabuleuse équipe pour sa réalisation : Louis le Vau (architecte), Charles Le Brun (peintre et décorateur), Michel Villedo (maçonnerie) et, naturellement André Le Nôtre pour les jardins.

Mieux, ce patrimoine qui est aujourd’hui le plus grand domaine privé classé monument historique, a connu en presque quatre siècles finalement peu de changements de mains. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la trop somptueuse fête donnée à l’occasion de l’achèvement du château qui fut le prétexte de l’arrestation par le jeune roi de Nicolas Fouquet : cette décision avait été arrêtée quatre mois auparavant. Et le domaine ne fut pas confisqué par le roi mais fut transmis à ses héritiers.

Plus tard, il passé au Maréchal de Villars, puis à la famille de Choiseul-Prâslin. Enfin, en 1875, le château avec ses dépendances, partiellement démeublé mais qui a conservé l’essentiel de ses décorations intérieures, est racheté par l’industriel du sucre Alfred Sommier, mécène, l’arrière-grand-père des propriétaires actuels, les frères de Vogüé.

C’est donc un parcours exceptionnel dans ce qui représente la quintessence de l’art classique français, préfiguration à une échelle beaucoup plus humaine, des fastes de Versailles. On commence la visite par les appartements « normaux » du premier étage, remaniés parfois dans le style Louis XV, on visite le cabinet de Nicolas Fouquet, la chambre de son épouse, la table de Jean de La Fontaine. Les souvenirs des auteurs majeurs du Grand Siècle sont toujours là, en particulier Molière ..

Au rez-de-chaussée, les grands appartements – la plus belle pièce est la chambre du Roi où Louis XIV ne dormit jamais, ont conservé leur extraordinaire décor. De la salle à manger, une des premières du genre, on passe aux gigantesques cuisines du sous-sol où régnait le grand Vatel …

Ce château, qui sert de cadre à beaucoup de tournages historiques, est une merveille d’équilibre, ramassé, avec cet extraordinaire salon en rotonde haut de 18 mètres, un joyau. On peut aisément y passer la journée, tout est organisé pour faciliter la vie des touristes – et leurs achats (le tarif d’entrée est de 16€ !). Une entreprise dynamique, qui représente 81 équivalents-temps plein, tout de même, et la plus belle boutique de châteaux de France. La famille de Vogüé possède tous les secrets de la bonne gestion financière.

Pour nous, un samedi matin d’automne sous le soleil, au milieu des touristes vissés à leur audio-guide … un peu surréaliste tout de même !

Et, bientôt, une petite balade en voiturette, permettant d’admirer les merveilleux paysages du parc, précurseurs des jardins à la française. (à suivre)