Elle est universitaire, française, trentenaire, mariée, c’est une amie que je ne pensais jamais retrouver, une fille simple, une certaine classe et un petit côté folle-dingue qui lui va bien. Elle est plutôt drôle, pétillante, franchement pas conne, bouge ses fesses pour faire fondre les rondeurs. C’est une maman, deux beaux enfants, la plus petite n’est pas forcement la plus facile, il lui arrive de gueuler un bon coup. Je ne la connais pas dépressive, elle reste à l’écoute, un sourire très souvent sur son visage. Elle n’a pas vraiment changé et avec le temps nous n’avons plus vraiment rien à nous dire. En tout cas j’ai le temps de noter que c’est dimanche, et dimanche j’y serais.
Une belle maison, un beau jardin, un endroit rare dans ce quartier, un espace protégé dans cette ville si bruyante. Le buffet remporte tous les succès, elle, magnifique dans cette petite robe qui lui donne un air si coquin. Lui, ni beau ni moche, passable, trop simple, un visage qu’on peine à reconnaître (ça c’est très chiant), il semble en retrait, derrière, il semble pensif comme si cette petite fête ne lui correspond plus. Un côté français certainement, c’est un couple dans l’habitude, faut dire que les américains… .5 ans de mariage que nous devons célébrer en levant nos verres. Du bois dans les traditions, du bois dans nos assiettes, dans mon sourire, du bois dans les lèvres des invités, du bois dans les discussions, ce putain symbole d’une rigidité parfaite. J’ai trouvé l’élément trop souvent cité dans la tête des amoureux comme si cela devait les pousser à se rassurer. Le bois rassure.
Combien de temps encore ?
Mes cheveux sont rouges depuis quelques jours. Je vis dans une ville où les gens se fichent de ça. J’ai quitté cette fête la tête basse, le corps vide. Je voyais ce putain de bois ici, là, puis ici, et très loin là-bas, ce connard de bois partout. Encore combien de temps avant le passage du bûcheron ? Décidément je suis une éternelle pessimiste, ou alors une femme d’expérience. Je ne sais pas. L’avenir nous le dira.