Entrevue avec Gabrielle Marion-Rivard

Publié le 23 septembre 2013 par Raymondviger

Film Gabrielle de Louise Archambault

L’amour pour 2 handicapés

Dans le nouveau film de Louise Archambault, Gabrielle Marion-Rivard interprète le personnage principal, au nom éponyme. Atteinte du syndrome de Williams, Gabrielle joue au cinéma pour la première fois, et espère bien poursuivre sa carrière.

Delphine CAUBET   DOSSIER  Cinéma, Culture, Média

Peux-tu te présenter? Quels arts pratiques-tu?

Je m’appelle Gabrielle Marion-Rivard et j’ai 24 ans. J’aime beaucoup chanter. Notamment la musique classique, le rock et le jazz. Mais le métal, je ne peux pas, c’est trop dur (rire). Je suis également une grande amatrice d’opéra. Parmi mes artistes préférés, il y a Édith Piaf. Mais quand j’étais jeune, j’adorais les Backstreet Boys. Je suis allée les voir il y a quelques années au centre Bell. Ma mère m’avait fait la surprise. J’étais excitée comme une folle! Ça n’avait aucun bon sens. Sinon, quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup Jacques Brel.

Parmi les autres arts, je pratique la danse. Je fais de la gigue contemporaine avec une professeure extraordinaire, qui est Maïgwenn Desbois. Au début, c’était vraiment difficile, parce qu’il fallait que j’aille dans le bon espace et tout ça. Mais maintenant je suis rendue une bonne gigueuse. Je fais partie de la troupe «Maï(g)wenn et les Orteils». On fait beaucoup de choses. Des festivals…

À l’avenir, je vais continuer à danser. Puis, j’ai encore envie de faire des films! Parce que j’adore le cinéma.

D’où vient cette passion pour les arts?

Ma mère me faisait écouter de la musique classique lorsque j’étais bébé. Puis je suis allée voir des concerts. Je viens aussi d’une famille musicienne et musicale… Donc, c’est pour ça. J’aime la musique classique: c’est doux, c’est charmant, c’est colérique.

Puis, il y a aussi le syndrome de Williams. Les personnes qui en sont atteintes ont un talent pour la musique. Comme moi. Ils ont l’oreille musicale. J’ai l’oreille absolue également. Lorsque j’écoute plusieurs fois un morceau, je suis capable de le rejouer au piano dans ma chambre après. Je reconnais les notes.

Qu’as-tu pensé du film Gabrielle?

Il m’a beaucoup plu. J’ai tellement souri la première fois que je l’ai vu avec toute l’équipe! J’ai tellement souri, j’étais fière de moi. J’ai aimé voir ce que j’étais capable de faire, et ce que j’ai ressenti. Il y avait des moments tristes, comme quand ma sœur part en Inde dans le film. Puis j’ai regardé ça, et je me suis dit que j’ai réussi un truc cool. Ça n’avait aucun bon sens! (rire).

Le personnage de Gabrielle me ressemble énormément. Elle a beaucoup de talent, et elle veut montrer son indépendance et vivre dans un appartement. Moi aussi un jour j’aimerais vivre en appartement. Mais je sais que c’est difficile. Faut que tu apportes tout ton stock, faire le ménage, le lavage… Ce que j’ai aimé le plus, c’est que je me vois dans une autre vie, mais différente. Sauf que je ne suis pas diabétique non plus.

Puis, il représente très bien la réalité des personnes déficientes. Il montre bien aux gens qu’on est normaux et différents à la fois.

Qu’as-tu pensé du métier d’actrice?

J’ai aimé être costumée, maquillée, coiffée… Puis tu rencontres les acteurs que tu aimes. Tu vas dans l’histoire et tu sais ce que les personnages pensent. Puis, j’aime ça aussi les émotions, les sensations fortes. Mais c’est difficile également. Comme pour le départ de ma sœur. Quand elle va repartir, c’est un gros choc, et je ne sais pas si je la reverrais. C’est difficile, toutes ces émotions.

Et puis il faut être naturelle. C’est compliqué. Ma coach m’a dit que jouer, c’est comme tous les jours. Elle m’a beaucoup aidée avec le texte. On l’a beaucoup pratiqué: à la maison, puis avec les acteurs. Avec l’équipe, on a discuté de l’histoire. Pour comprendre ce qu’il se passait. C’était vraiment intéressant et ça m’a aidée.

Pour moi, cela m’a demandée beaucoup, beaucoup de travail en plus. À la maison, avec ma mère, on travaillait et l’on faisait des mises en situation.

Quel conseil donner à d’autres personnes déficientes pour les encourager?

Il faut dire aux personnes déficientes et à leur famille de les accepter tel qu’elles sont. Avec leurs qualités et leurs défauts. Elles ont leurs propres émotions. Il ne faut pas avoir peur des préjugés. J’avais le rêve de devenir actrice. Et il s’est réalisé… donc il faut avoir un rêve!

Critique du film Gabrielle de Louise Archambault

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