Gabrielle Marion-Rivard et le syndrome de Williams
Louise Archambault signe son second long métrage de fiction avec Gabrielle. Le film retrace l’histoire d’amour entre deux déficients intellectuels.
Une critique de Delphine Caubet
DOSSIER Culture, Média, Cinéma, Handicap,
Interprétations justes et équilibrées
Mais commençons par le jeu des acteurs. Car c’est le point fort du film. Gabrielle Marion-Rivard y est touchante. Sans jamais en faire trop, elle campe le rôle d’une jeune déficiente, passionnée par la musique et amoureuse de son ami Martin. Ce dernier, interprété par Alexandre Landry, est tout aussi sincère. Ces deux acteurs sont la réussite du film.
L’histoire est également touchante. Sans tomber dans le mélodramatique américain, Louise Archambault nous livre une belle histoire d’amour, sincère et vivante. Le spectateur rentre immédiatement dans le film, et vibre au rythme de Gabrielle, avec l’espoir de la voir évoluer.
Il faut également noter la qualité sonore du film. Et son silence par moment. Louise Archambault joue merveilleusement avec les silences, pour ajouter du poids et de l’émotion à ses scènes. Le spectateur reste le souffle coupé, envahi par le jeu des acteurs.
Pourquoi cette leçon de morale?
Cette critique est toute personnelle, car je n’aime pas les leçons de morale. Particulièrement lorsqu’elles sont vides et caricaturales.Mélissa Désormeaux-Poulin interprète Sophie, la grande sœur de Gabrielle. Bien que son interprétation soit très juste, son personnage est des plus agaçants. Mais la chose est subtile.
Sophie est une grande sœur aimante, qui a du mal à quitter Gabrielle pour rejoindre son propre conjoint à l’étranger. Elle veut partir en Inde, enseigner l’anglais à des enfants. Pour qu’ils aient la chance d’un meilleur avenir. Or, dans ces villages indiens, une femme (occidentale!) ne pourrait pas vivre normalement. Et encore moins habiter avec un homme sans être marié.
Mais pourquoi avoir fait son personnage si moralisateur? Sophie se permet de donner une leçon de morale à sa mère, car Gabrielle vit en centre. S’ajoute à cela un côté messianique au personnage, qui suffit à la rendre désagréable. L’idée de ce rôle était sûrement d’apporter une conscience dans le film. Une personne qui se battrait pour les droits des héros. Mais son aspect caricatural la rend simplement rébarbative.
Une histoire d’amour
En conclusion, Gabrielle est un film d’amour. Le jeu des acteurs y est réellement excellent et ils nous font adhérer à l’histoire. Mais, le spectateur à la recherche d’un film engagé sur la vie et les conditions des personnes déficientes risque de rester sur sa faim.
Autres médias
- Louise Archambault et Gabrielle Marion-Rivard seront ce soir à l’émission Tout le monde en parle.
- Un reportage avec Gabrielle Marion-Rivard ainsi que sur le film de Louise Archambault a été publié dans le magazine Reflet de Société de septembre.
Prochainement sur ce blogue: