Un soir, alors qu’elle rentre de son travail, Rinco découvre son appartement désespérément vide. Tout a disparu, hormis la clef déposée par son compagnon sur la table du salon, parti sans laisser de mot… Plus un bibelot, plus de télévision et la cuisine pillée de ses ustensiles : un mortier de sa défunte grand-mère, une poêle Le Creuset hors de prix achetée avec ses premiers deniers, un tablier, tous objets auxquels elle tenait particulièrement.
Pétrifiée par ce spectacle désolant et effondrée par le vide laissé dans des lieux qu’elle partageait depuis trois ans avec son bel amour indien, Rinco perd la voix…
La voilà donc contrainte de retourner vivre dans son village natal de la campagne japonaise entre une mère exaltée et un cochon apprivoisé prénommé Hermès. Là-bas, elle tentera vaille que vaille de se reconstruire et ouvrira un restaurant à la philosophie originale, destiné à réveiller en chacun les joies et les émotions enfouies en proposant aux clients une cuisine inventive et subtile, censée rendre heureux.Ainsi, Rinco sert des plats desquels renaissent les saveurs d’antan, issues des trésors de l’agriculture authentique. Elle fera d’étonnantes cueillettes de fruits rares, découvrira des épices aux vertus bénéfiques, agrémentera ses plats de saveurs délicieuses, servira à ses convives des légumes rares ou oubliés. Et la cuisine devient alors une invitation à la prière et à la méditation plus que la nécessité de se nourrir pour survivre.
L’auteur nous transmet tout ce qu’elle a en elle de trésors, l’amour de la vie, l’éveil des sens et la passion de la nourriture non comme un simple besoin vital mais plutôt comme l’essence même du bien-être et du retour aux sources.
Un récit éblouissant sur le don de soi, la recherche du bonheur à travers d’autres voies que celles de la psychiatrie ou de la médecine.
Rinco est émouvante et remplie de tendresse mais j’ai déploré que l’auteur se limitait parfois à nous transmettre l’expression de sentiments larvés et ténus plutôt qu’intenses et ardents.
L’écriture est pudique, sobre, sans fioritures mais elle manque un peu de profondeur. Quelques parcelles de poésie, comme celles auxquelles nous ont habitués les auteurs japonais font cruellement défaut. Point de magie ni d’éclat dans cette histoire à la thématique originale qui eût pu être traitée avec plus de vigueur et à travers une plume plus aboutie.
Une lecture qui excite les papilles gustatives autant qu’elle réjouit les cœurs mélancoliques… Un regard sur le pouvoir des saveurs culinaires en guise de thérapie de l’âme.
Malgré les quelques bémols évoqués plus haut et tenant de mon avis personnel, ce roman vaut la peine d’être dévoré sans tarder…
Le restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa
Date de parution : 05/09/2013