Angela Merkel a gagné, largement et sans conteste. Elle a écrabouillé son opposant social-démocrate, éteint son allié libéral. A l'heure où nous écrivons ces lignes, Merkel n'a pas même besoin d'une alliance avec un partenaire pivot pour prétendre à la majorité politique.
Le camp Merkel rassemble environ 40% des suffrages, le SPD est loin derrière avec un quart.
1. Pendant la campagne présidentielle française en 2012, François Hollande comptait sur un changement de majorité en Allemagne pour impulser une autre direction à l'Europe. Depuis, bien des choses ont changé. Hollande a accepté le TSCG en septembre 2012. Contrairement à l'intoxication néo-sarkozyste, Hollande n'a pas fait "campagne" pour le SPD.
2. Déjà, les commentaires pullulent sur ce modèle allemand qui ne serait pas si horrible qu'on le décrit. Tout ce que la France compte d'éditocrates complexés ou assermentés défilent sur les réseaux sociaux et audiovisuels depuis quelques heures pour louer cette incroyable réussite. Au fait, combien de ces 16% de pauvres ont voté ?
3. Politiquement, la récupération bat évidemment son plein. Jean-François Copé a largement applaudi la victoire de Merkel - c'est normal - et surtout insisté sur la défaite du SPD: "le SPD, qui prônait une hausse des impôts a été sévèrement défait". La formule permet d'éviter de se poser la question de l'échec sarkozyen de l'an passé. On notera aussi que Merkel a poussé le pragmatisme politique au point de reprendre à son compte, il y a à peine 6 mois, les mesures phares de son opposant social-démocrate (salaire minimum, encadrement des
loyers, augmentation des allocations familiales), pour un programme social évalué à 28,5 milliards d’euros par le quotidien économique “Handelsblatt”.
4. Si la France avait le même mode de scrutin que l'Allemagne, le PS serait obligé de composer avec le Front de gauche, l'UMP aurait quelques dizaines de députés de moins, le Front national pourrait brailler dans l'hémicycle, le centre-droit serait également représenté. Bref, inutile de se comparer, nous aurions le vertige.
5. En Allemagne, l'hypothèse d'une nouvelle coalition CDU/CSU/SPD a été évoquée jusqu'à peu, quand il paraissait possible que la CDU n'ait pas la majorité parlementaire seule. L'Allemagne est un doux pays où ces alliances de circonstances sont possibles sans qu'on hurle à je-ne-sais-quelle trahison politique.
6. Enfin, Angela Merkel est la seule dirigeante de l'Union européenne à s'être
fait réélire depuis le début de la crise "contrairement à ses homologues
espagnol (José-Luis Zapatero), français (Nicolas Sarkozy), anglais
(Gordon Brown) et italiens (Silvio Berlusconi, Mario Monti)." La situation allemande est si atypique qu'on cherchera longtemps les leçons à tirer de ce résultat.