C’est un reproche souvent entendu « La voyance influence les gens », sous-entendant ainsi que les prédictions d’une voyante pourraient modifier la vie et les décisions de ceux et celles qui la consultent.
Si ceci était vrai, cette « influence » pourrait être souvent une excellente nouvelle en évitant à nos consultants bien des erreurs, bien des échecs, bien des malheurs.Mais il n’en est finalement rien (à de très rares exceptions), mes consultant(e)s me disent souvent à la fin de notre séance de voyance : « Merci de m’avoir prévenu(e) ! Je vais suivre vos conseils !" (alors que je n’en prodigue jamais, ne faisant que détailler que ce que je perçois des réalités passées, présentes ou futures). Pour quelques temps plus tard (parfois des années) m’avouer un peu gêné(e)s : « Vous m’aviez prévenu(e) mais finalement je n’en ai fait qu’à ma tête ! »(Traduction : je suis resté(e) avec l’infidèle, j’ai fait le mauvais placement financier, j’ai quitté une entreprise géniale pour en choisir une bien pire…).
Je les rassure immédiatement, je sais à quel point l’influence de la voyance est négligeable, et que moi-même je n’écoute jamais mes propres intuitions d’alerte, préférant dévorer la vie à pleines dents.
L’âme humaine est ainsi faite, elle n’écoute souvent que ses envies, ses pulsions. Elle entend nos prédictions, les range dans un petit coin de son esprit pour plus tard, et continue obstinément la trajectoire qu’elle s’est fixée.
Bien entendu, il existe des voyants qui prédisent à l’infini le retour d’un être aimé qui ne reviendra jamais, des voyants utilisant la magie et promettant même pouvoir faire revenir celui ou celle qui est parti(e), maintenant les esseulé(e)s dans un faux espoir. Mais même sans ces voyances de complaisance, je pense que ces consultant(e)s (qui rejettent les prédictions parlant de rupture définitive) continueraient d’attendre un retour affectif, en dépit du bon sens.
Même ces voyants de complaisance ont peu d’influence. Ils apaisent, ils endorment une douleur et maintiennent leurs consultants dans leurs rêves enfuis. Mais ils ne modifient pas la vie des gens. Ils répondent à une attente : celle de ne surtout pas entendre la vérité.
Certains esprits chagrins affirmeront : « Ta voyante t’ayant prédit un blond à moustache, tu n’as regardé que les blonds à moustaches, et tu as donc épousé un blond à moustache »
Que me répondront ces mêmes esprits chagrins quand je leur préciserai : « je lui avais prédit la rencontre d’un blond à moustache, elle a hurlé en me disant qu’elle détestait les blonds à moustaches et que jamais elle n’aurait un blond et surtout à moustache dans sa vie, que c’était vraiment du n’importe quoi et que cette même cliente quelques mois plus tard me montrera avec des cœurs dans les yeux la photo d’un superbe blond à moustache l’ayant dépanné alors que sa voiture était en panne en pleine campagne et que vraiment un homme aussi chevaleresque, aussi galant, aussi charmant, ça ne se laisse pas passer, et qu’elle n’avait même pas remarqué qu’il portait une moustache… » Non la voyance n’influence pas les coups de foudre.
Plutôt que d’influence, je préfère parler d’éclairage, de prévention.
Très souvent mes consultant(e)s me confient : « J’ai continué la mauvaise histoire, alors que vous m’aviez prévenu(e), tout en me disant que vous l’aviez bien vu. Mais inconsciemment ce que vous m’aviez prédit pour après cette sale histoire, m’a permis de tenir ». Finalement mes consultant(e)s sont prêt(e)s à se laisser influencer par les prédictions pour ce qui est pour plus tard (après leur obsession du moment), gardant fermement la maîtrise sur leur présent.
Je sais que les lecteurs de ce blog aiment bien que j’illustre mes articles par de petits récits de voyance, mais dans le cas précis j’ai fort peu d’exemples d’influence.
Ma cliente est remariée depuis quelques années. Son époux et elle totalisant à eux deux quatre enfants d’un précédent mariage, il a été convenu que le compte était bon et que jamais ils n’auraient un enfant ensemble. Un jour elle m’interroge sur un achat immobilier. Je lui rétorque « Prévoyez une chambre de plus, je vois une grossesse arriver cette année ». Elle éclate de rire : « Impossible nous faisons très attention, je surveille scrupuleusement ma contraception ! ». Elle m’appelle quelques semaines plus tard : « Nous n'avons pas acheté le pavillon prévu, et heureusement! J’avais alors un retard de règles que je n’ai pas pris au sérieux puisque décemment je ne pouvais pas tomber enceinte. Nous allons donc chercher une maison plus vaste car Dame Nature fait que j’attends des jumeaux ! ». Cette consultante me promit de me croire dorénavant, ce dont je ne crus mot…
Mon consultant a tout laissé tomber par amour : son job, ses amis, son pays…Il a décidé de rejoindre sur un coup de tête une belle libanaise rencontrée en vacances. Je le préviens : « Elle est mariée et ne divorcera jamais ! ». Il rétorque : « Vous devez confondre elle est en train de divorcer, sinon elle n’aurait pas pu rester 4 semaines en vacances seule ! » Je m’obstine : « Je la vois vivre avec un homme et même très heureuse avec cet homme ». Mon client part furieux et ne me donne plus aucune nouvelle pendant plusieurs années. Un jour il me téléphone : « Je suis au Liban » (je penserai intérieurement « tiens alors je m’étais trompée »), il poursuit " Effectivement elle n’est toujours pas divorcée, je continue d’espérer, que voyez-vous ? "
« Euh la même chose qu’avant, quelques années perdues, mais finalement pas si perdues que cela puisque vous êtes encore amoureux, quand vous serez prêt à savoir qui sera la suivante, rappelez-moi ! »
Inutile de parler à celui qui refuse d’entendre.
Ma consultante est désespérément célibataire. Je capte toujours le même mot « Canada » dès que nous abordons son futur amoureux. Elle soupire : « Ce pays ne m’attire pas du tout, il fait froid, les gens ont cet accent ridicule ! Donc je ne referai jamais ma vie ! » ; Elle a beau râler je vois toujours obstinément le….Canada. Le temps passe, un jour qu’elle est aux Etats Unis et souhaite rentrer avant la date prévue, son tour-operator lui propose un vol avec escale de quelques heures au Canada. Elle m’avoua avoir accepté en se disant que…on ne sait jamais…peut-être que j’avais vu juste (mais pour rien au Monde elle n’aurait un jour fait la démarche d’aller au Canada). Et c’est lors de cette escale qu’elle rencontra un beau parisien en bref transit canadien pour ses affaires…L’ai-je influencée ? Je préfère penser que je lui ai donné tout simplement envie de tenter sa chance....