Les Amants Passagers // De Pedro Almodovar. Avec Javier Camara, Carlos Areces et Raul Arevalo.
Le cinéma de Pedro Almodovar est souvent imprévisible. Il est difficile de savoir où il va nous emmener et quand il veut nous emmener dans un avion où l'on pense que l'on va
peut-être mourir et où l'on s'éclate pendant plusieurs heures, je suis plutôt preneur. Pourquoi ? Tout simplement car j'aime la folie de ce réalisateur. C'est très loin d'être le meilleur film du
réalisateur mais Les Amants Passagers avait ce petit truc qui donne instantanément la pèche. On sent que le réalisateur a laissé derrière lui sa ceinture de larmes et de drames
afin de nous faire pouffer devant quelque chose de grotesque certes mais qui au fond symbolique à ses yeux le goût de la vie. Surtout que son film précédent, La Piel que Habito
(que j'ai énormément aimé) était complètement différent. Le film ne cherche jamais à nous faire ressentir la panique des passagers mais bien au contraire d'exulter cette joie de vivre leurs
derniers instants (on peut notamment saluer cette femme qui va littéralement violer un homme afin de perdre sa virginité… un moment mémorable et hilarant).
Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico.
Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur
le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages
atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la
solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : "sexe" et "mort".
Les Amants Passagers est donc un film certes médiocre mais qui au fond ne cherche jamais à tromper ses spectateurs avec des réflexions pompeuses et compassées. J'avais besoin
d'un film qui, sans se prendre la tête, parvient à nous faire oublier les tracas du quotidien. Ce n'est pas un accident de parcours à mon humble avis, juste une grosse blague que Pedro
Almodovar a certainement voulu tourner dans le but de s'amuser et de montrer au monde que ce n'est pas un homme meurtri mais un homme joyeux et jovial. On peut malgré tout comprendre que
le style ultra gay du film puisse en dissuader plus d'un mais au fond ce n'est pas un problème. Cependant, quand on me parle de Pedro Almodovar et de comédie, je m'attendais à
quelque chose de bien différent. Les Amants Passagers est donc décevant de ce point de vue là étant donné que le réalisateur nous a offert tellement plus drôle, plus fin et plus
réfléchi dans le genre. On a vraiment ici l'impression de retrouver un gros bordel monstrueux. C'est coloré mais peut-être pas suffisamment justement.
Le casting, inconnu à mes yeux, ne s'en sort pas trop mal du tout. Au contraire les prestations sont amusantes et décontractées. Tout le monde y va de sa petite manière. C'est attachant
finalement comme film même si cela ne laissera jamais de souvenir impérissable dans la filmographie d'Almodovar. J'avais été prévenu de toute façon que cette farce, poussée à
l'extrême, n'était pas à la hauteur. Notamment quand il s'agit de faire rire. On sent par moment que l'on se répète et que le film n'avait finalement pas suffisamment d'idées pour tenir autant de
temps. Cela ne veut pas pour autant dire que Les Amants Passagers est un film sans cervelle. Bien au contraire, la réflexion reste là (notamment avec cette maîtresse SM et escort
du Roi d'Espagne tout de même). On critique à tout va tous les poncifs (notamment le placard) afin de délivrer de la comédie sans trop de folie. Le scénario est déjà tellement barré qu'on a
l'impression qu'il a été écrit sous méthadone lui aussi.
Note : 5/10. En bref, loin d'être le meilleur Almodovar, Les Amants Passagers est un film généreux et sympathique malgré tout.