François Fillon est plombé par l'impopularité de Nicolas Sarkozy

Publié le 02 mai 2008 par Exprimeo
François Fillon enregistre une chute massive de son niveau de satisfaction. Elle intervient au moment même où Nicolas Sarkozy enregistre un sondage de crise (CSA pour Marianne) dans lequel tous les clignotants sont au rouge vif. Cette situation montre les limites des avantages de la dualité de l'exécutif en dehors des périodes de cohabitation. François Fillon ne parvient pas à trouver une nouvelle place à la fonction de Premier Ministre. Le Premier Ministre est l'intermédiaire indispensable entre le Président de la République et les Chambres. En vertu de l'article 18 de la Constitution, le Chef de l'Etat ne peut prendre directement la parole devant les Chambres. Il ne peut communiquer avec elles que par des messages. Par conséquent, le Premier Ministre est le représentant de l'exécutif auprès du Parlement détenant des attributions capitales tant pour l'exercice de la fonction législative que dans l'exercice des moyens de contrôles, il devient, en quelque sorte, celui qui décide de la traduction législative plus ou moins rapide, plus ou moins fidèle, des textes auxquels l'Elysée attache une particulière importance. De ce rôle-charnière, il acquiert une autorité incontestable qui est encore plus manifeste dans ses rapports avec les administrations. A l'égard des administrations, l'Hôtel Matignon est au centre d'un réseau où convergent les informations, les questions, les demandes d'instructions ; c'est donc un rouage essentiel de la vie politique et le lieu où sont toujours examinés et très souvent tranchés les problèmes que pose le gouvernement du pays. Tant les services politiques du Premier Ministre que ses services techniques lui assurent un regard, si ce n'est une maîtrise, sur l'ensemble des procédures face à des "structures de la Présidence de la République qui demeurent légères". A cet égard, le rôle du Secrétariat Général du Gouvernement, placé sous l'autorité du Premier Ministre, est fondamental. Ainsi le Premier Ministre, malgré le bicéphalisme administratif apparu sous la Constitution de 1958, dispose-t-il de services de nature à lui assurer véritablement une autorité certaine en matière d'action administrative à condition, bien entendu, qu'il entende se servir des instruments qu'il détient. Si les textes donnent donc les moyens d'une existence réelle au Premier Ministre, la démocratie d'opinion ne lui reconnaît que deux positionnements : * soit totalement lié au Président pour le meilleur comme pour le pire, * soit l'opposition frontale qui suppose de pouvoir s'appuyer sur une majorité politique différente de celle du Président. Ce partage manichéen suppose-t-il que l'avenir de la fonction de Premier Ministre passerait désormais par la séparation des compétences avec l'Elysée et non plus par le partage concret des domaines et moyens d'actions ? Cette séparation éviterait les risques de blocage institutionnel qui peuvent toujours théoriquement exister alors même que l'élection du Président de la République au suffrage universel direct lui donne une autorité supérieure à toutes celles dont peut se prévaloir n'importe quelle autre personnalité politique. Un rapide examen de l'histoire constitutionnelle française montre que la dualité des fonctions au sein du pouvoir exécutif est une tradition de notre droit public, encore qu'il s'agisse souvent d'une situation de fait. Situation qui présente, il est vrai, de considérables avantages. Un tel système est un élément de stabilité dans les institutions en conciliant la continuité, par l'intermédiaire d'un Chef de l'Etat qui apparaît comme le recours suprême, le garant des valeurs permanentes, le mainteneur de l'unité ; et le changement qui peut être obtenu par le renouvellement du Chef du Gouvernement pour s'adapter aux nécessités changeantes de la vie politique. Le dualisme traditionnel dans les Institutions publiques Françaises a montré ses limites avec les nouvelles contraintes de la démocratie d'opinion qui simplifie et accélère les situations.