Voilà un film qui donne envie de raconter des histoires. Emmanuelle Bercot a écrit pour Maïwenn (Polisse), elle a joué pour Claude Miller (La Classe de Neige) ou encore réalisé pour Jean Dujardin (Les Infidèles). Ici, elle sublime Catherine Deneuve… à moins que ce soit l’inverse.
Le plaisir de retrouver une vraie réalisation cinématographique est présente tant par les chemins que la réalisatrice demande à Catherine Deneuve d’emprunter que dans la quête du bonheur qu’Emmanuelle Bercot nous raconte. Cette quête passe par une séquence incroyable entre Catherine Deneuve et un vieil homme, une séquence qui pourrait paraître dans les meilleurs moments de l’émission Striptease.
Ce vieux monsieur ne comprenait pas tout, mais lorsqu’il s’est mis à parler, c’était bouleversant. Je connaissais l’histoire de sa fiancée, morte très jeune d’une tuberculose et qui lui avait fait promettre de ne jamais se marier. Je lui ai posé des questions sur sa vie et il s’est mis à se raconter. Dans cette scène, il ne me regarde même pas, il est dans le passé, ailleurs, avec ses mains tellement pleines d’arthrite qu’il peut à peine rouler sa cigarette. On voit ses doigts gourds, c’est une scène inouïe ; un moment dont je me souviendrai toute ma vie.
La séquence au « Ranch », une discothèque de banlieue avec tous les clichés qui lui collent à la peau, est excellente aussi.
Ce sont tous des personnages « ordinaires » au sens noble du terme, même si parfois je force un tout petit peu le trait parce qu’il faut faire exister chaque personnage en très peu de temps.
Et puis, il y a le retournement de situation et la découverte pour cette grand-mère (Catherine Deneuve donc) de l’amour qu’un enfant peut lui apporter. Némo Schiffamn est excellent dans son rôle et les dialogues sont justes et savoureux. Il est étonnant d’apprendre que l’histoire entre l’enfant et la grand-mère n’était pas dans le scénario initial. C’est le fils de la réalisatrice qui apprenant que sa mère écrivait un film pour Catherine Deneuve lui a demandé de venir au tournage afin de serrer la comédienne dans ses bras. Emmanuelle Bercot a d’abord introduit cette séquence dans l’écriture et a ensuite développé cette relation et le rôle qui devient prédominant dans l’histoire.
Je terminerai par le plaisir de retrouver Claude Gensac que l’on n’avait plus vu depuis bien trop longtemps et de la découverte de la chanteuse Camille en comédienne.
Fidèle à mon principe de faire jouer l’entourage familial de Bettie à des professionnels, j’ai d’abord cherché une comédienne pour interpréter Muriel. Mais je n’aimais pas l’idée qu’une actrice revienne dans le film lorsque Bettie est sur les routes et je ne trouvais pas non plus la singularité que j’imaginais pour ce rôle dans celles que j’avais rencontrées. J’ai alors pensé à Camille, pour son sens inouï du rythme et son débit de parole (indispensable pour la longue logorrhée du coup de fil à Bettie). Elle a accepté de passer des essais, et ça a été une évidence immédiate. Pour moi, elle est l’une des plus grandes artistes contemporaines.
Bettie, la soixantaine, se voit soudain abandonnée par son amant et se trouve en péril financier avec le restaurant familial. Que faire de sa vie ? Elle prend sa voiture, croyant faire le tour du pâté de maisons. Ce sera une échappée. Au fil de la route : des rencontres de hasard, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils, et peut-être l’amour au bout du voyage… Un horizon s’ouvre à elle.
Sortie : 18/09/2013
Durée : 1h56
Année de production : 2013
Genre : Drame
Origine : France
Réalisateur : Emmanuelle Bercot
Acteurs : Catherine Deneuve, Mylène Demongeot, Claude Gensac, Camille
Les propos sont repris du site http://www.allocine.fr
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