Deux livres écrits à sept ans d’intervalles, par deux auteurs ayant choisi chacun un point de vue différent, nous éclairent, si cela était possible, sur l’Afghanistan du début du XXIème siècle.
L’Afghanistan, dont tout le monde parle sans trop savoir exactement ce qui se cache derrière, est l’un des pays les plus beaux du monde, mais aussi les plus mystérieux et les plus traumatisés.
Ariane QUENTIER, journaliste passée au service d’organismes internationaux officiels, nous décrit dans “AFGHANISTAN, au cœur du chaos“, paru en octobre 2009 aux éditions “DENOEL IMPACTS” comment ce pays est basculé de l’emprise des talibans, au terme d’une guerre qu’elle juge “juste” et grâce à l’intervention étrangère, à un régime totalement corrompu, miné par l’argent de l’opium, déchiré par les querelles entre les chefs de guerre plus puissants que jamais et toujours menacé par les islamistes radicaux.
La lecture du livre est assez ardue, car l’auteure puise ses sources dans les arcanes du pouvoir, dans les dédales des bureaux officiels et des salons de la capitale.
Des témoignages recueillis sur le terrain viennent compléter les informations de Ariane Quentier.
Le livre retrace les événements depuis octobre 2011 date du lancement de l’opération américaine “LIBERTE IMMUABLE” destinée à punir et éradiquer les talibans afghans, accusés d’avoir accueilli et protégé Ben Laden, responsable selon les US des attentats du 11 septembre 2001.
Depuis cette date, les USA et leurs alliés n’ont cessé de montrer qu’ils n’avaient aucune stratégie à long terme pour sauver l’Afghanistan et que parfois leurs intérêts sont contradictoires.
Sont passées en revue les différentes étapes qui ont amené l’élection de Hamid KARAZAI à la tête de la République Islamique d’Afghanistan en 2004 puis sa réélection en 2009.
Ces élections, qui auraient dû être le signe d’une démocratisation du pays, n’ont cependant rien apporté au pays : l’Afghanistan est revenu à ses anciens démons qui ont sapé le pays depuis des décennies (corruption, trafic d’opium, radicalisme religieux).
L’intervention militaire des étrangers, après les iraniens, les britanniques, les russes, a une fois encore alimenté le chaos qui semble être le destins des afghans.
Il faut noter que Ariane Quentier n’a pas oublié, tout au long de ses développements, de mettre en relief l’extrême importance de l’influence du Pakistan si proche et pourtant si différend, car plus puissant, plus peuplé, plus ambitieux.
Dans un tout autre registre, Jean-Pierre PERRIN, grand reporter, nous parle dans “JOURS DE POUSSIERE” paru en août 2002 chez les éditions La Table Ronde des “choses vues en Afghanistan“, comme le précise le sous-titre de son livre.
Chez Jean-Pierre PERRIN, on ne trouvera pas d’informations inédites, ni de confidences recueillies dans les salons et les bureaux!
Journaliste de terrain, il nous racontera l’Afghanistan vu par les afghans de la rue, des montagnes, de la vraie guerre, celle laisse des morts sur place, des blessés, des estropiés, des ruines , encore des ruines.
Il nous parlera avec les vrais afghans, qui vivent dans le vrai Afghanistan, ceux qui ont le plus souffert des guerres, dont certaines ne les concernaient pas!
Guerre contre les soviétiques, puis guerre contre les islamistes et entre les différentes factions d’islamistes! Avant la guerre imposée par l’étranger contre les talibans qui ont détruit tout un pan de la civilisation afghane.
La lecture croisée de ces deux livres n’est pourtant pas suffisante pour cerner toute la détresse du peuple afghan, qui subit depuis les années 1970 une suite interrompue de conflits armés entrainant de destructions massives que la simple relation de journalistes ne peut traduire, malgré toute la bonne volonté et le talent des auteurs!