Cette semaine, focus sur un titre entre polar et thriller : montage de Jun Watanabe, aux éditions Kana.
Ce titre classé dans la collection Big Kana s’inspire d’un fait réel du Japon : le vol de 300 millions de yen le 10 décembre 1968 qui reste la plus grande affaire non élucidée du pays. L’auteur, Jun Watanabe a débuté en 1989 et il est devenu illustrateur dans les années 90 pour des titres inédits chez nous (Emblem Take 2, Kibun wa Super Tough). Il est ensuite devenu un auteur à part entière en 2007 avec RRR, juste avant montage, débuté en 2010 dans les pages du Young Magazine (Akira, Higanjima, Chobits ou XXX Holic) de la Kodansha.
montage compte aujourd’hui 12 volumes et il est toujours en cours. En France les deux premiers tomes sont sortis simultanément cette semaine, le 20 septembre plus précisément.
Voilà pour les présentations, mais tout ceci ne nous dit pas QUI a volé le butin n’est-ce pas ? En route pour l’enquête et la critique, bonne lecture ;)
« Ne fais confiance à personne »
2004, ville de Nagasaki. Yamato Narumi a 10 ans et ne s’attendait pas à trouver un homme agonisant dans une ruelle, sur le retour de l’école. Juste avant de disparaître, cet ancien inspecteur de Tokyô va révéler au bambin que son père, Tetsuya, est l’auteur du vol des 300 millions de yen. Malheureusement Yamato ne pourra jamais demander des explications à l’intéressé car il disparait le soir même. Quelques jours plus tard on retrouve un corps sans vie, boursoufflé et méconnaissable, dans la baie de Tokyo. Il est identifié comme Tetsuya Narumi. Sans mère, Yamato est désormais seul et sans réponse.
6 ans plus tard, il vit désormais chez la famille Odagiri, dont le père Takeo est un grand kendoka et ancien disciple de Tetsuya. Leur fille Miku est aussi la meilleure amie de notre orphelin et elle a assisté avec lui aux révélations du vieil inspecteur mourant, dans cette ruelle sordide. Tout deux se souviennent du dernier conseil de cet homme : « ne fais confiance à personne ». Elle espère que tout ça appartient au passé mais il semble que la roue du destin en ait décidé autrement…
Miku et Yamato sont progressivement entrainés dans une spirale infernale ou leurs proches disparaissent les uns après les autres, où leur vie est menacée et où ils sont accusés, à tort, de crimes par des forces de police aux intentions… douteuses.
La seule façon de s’en sortir est de tirer tout ça au clair, de résoudre l’affaire des 300 millions de yen et de surtout – SURTOUT – ne faire confiance à personne !
L’affaire des 300 millions de yen…
Le 10 décembre 1968, un véhicule de transport de fonds de l’agence de Kokubunji transporte les primes des employés de Tokyo Shibaura Denki. La somme est de 300 millions de yen. Un homme habillé en policier arrive à moto et hurle aux agents que leur véhicule est piégé et qu’il risque d’exploser. L’homme inspecte alors le dessous du véhicule et une grosse fumée s’échappe de sous la voiture. Les agents entendent le policier qui crie : « ça va exploser !!! ». Ils s’éloignent alors rapidement.Le policier monte à bord du véhicule… Et s’enfuit avec le butin.
Onze jours plus tard on publie dans la presse un portrait robot de ce faux policier et des sommes colossales sont dépensées pour mettre la main sur le voleur. Mais en vain. Le 10 décembre 1975, 7 ans après les faits, ce vol tombe sous le coup de la prescription. L’affaire est abandonnée et demeure à ce jour la plus grande affaire criminelle irrésolue du Japon.
Le 10 décembre 1968 naissait également un certain Jun Watanabe qui, 42 ans plus tard, est devenu le mangaka qui nous raconte cette histoire…
Un thriller addictif !
montage est donc l’histoire d’une enquête sur cette affaire auréolée de mystère, qui pointe d’emblée le responsable du braquage : c’est le père du héros qui a fait le coup ! Mais rien n’est aussi simple et aucune vérité n’est absolue… C’est tout le contraire.
Avant que son père ne disparaisse, Yamato Narumi est élevé par un homme calme et souriant, un maître reconnu de kendo qui mène une vie des plus normales, sans richesse particulière. Et du jour où l’enfant de 10 ans croise cet ancien inspecteur, tout se détraque une première fois : son père qui n’était pas un amateur de pèche est soi-disant retrouvé mort suite à un accident de bateau dans la baie de Tokyo. Mais le plus troublant est à venir… Dans le costume de kendoka légué par son père, Yamato met la main, 6 ans plus tard, sur un des billets numérotés du fameux braquage.
Jun Watanabe enclenche alors les rouages d’une virée en enfer pour Yamato et Kumi : leurs proches disparaissent, on les accuse des faits et dès qu’ils s’embarquent sur la piste du fameux butin, certains policiers vont se montrer de plus en plus collants, et rapidement très dangereux !
Tous les ingrédients sont donc présents pour entamer une course-poursuite en quête de vérité, sur un chemin sera parsemé de mensonges de faux semblants. Avec la prescription, celui qui met la main sur le jackpot le gagne sans crainte de conséquence ! Tout le monde est donc suspect, amis comme ennemis et seule l’intelligence hors-norme de Yamato lui permet d’échafauder des plans pour le tirer d’affaire, puis d’avancer dans ce dédale que son père lui a laissé en héritage.
La narration menée tambour battant est interprété par des protagonistes parfaitement castés et croqués, à la hauteur d’acteur de cinéma (avec un petit air du film Le Fugitif, le grand classique du genre avec Harisson Ford). Yumi est la jeune fille honnête mais émotive, qui a du mal à supporter la tension et la folie de cette traque, l’inspecteur Sekiguchi est un policier inquiétant et sans scrupule avec une pointe de folie qui vous colle des sueurs froides, monsieur Taisei est une aide précieuse mais sent le double jeu à plein nez… Yamato, lui, est un héros intelligent, calculateur et hyper méfiant qui comprend rapidement qu’il lui faut sortir du système, inefficace et corrompu, s’il veut atteindre son but.Tout le monde est en place au sein de cette mise en scène réaliste qui entraine le lecteur en quelques pages. Le coup de crayon suit cette même logique avec un chara-design classique et solide qui favorise l’introspection des personnages mais aussi leur colère, leur surprise et toutes formes de tensions qui peuvent jaillir lors des rebondissements.
Ces deux premiers tomes de montage sont donc de très bonnes facture et devraient vous plonger dans une lecture rapidement addictive. Difficile de savoir si le rythme effréné des 2 premiers tomes peut perdurer sur douze et plus mais une chose est sure : on attend déjà la suite avec impatience, le 6 décembre prochain !
Fiche descriptive
Titre : montageAuteur : Jun Watanabe
Date de parution du dernier tome : 20 septembre 2013
Éditeurs fr/jp : Kana / Kodansha
Nombre de pages : 208 n&b
Prix de vente : 7.45 €
Nombre de volumes : 2/12 (en cours)
Visuels MONTAGE © Jun Watanabe / KODANSHA Ltd.