Le grand retour de Fred and the Healers, après une longue période léthargique, est quelque peu assombri par la nouvelle du décès de Gilles Verlant, un gars que tu connaissais depuis avant l'existence de More ou En Attendant, les free magazines rock pour lesquels travaillaient, bénévolement, les meilleurs journalistes indépendants bruxellois: Piero Kenroll, Nadine Milo, le regretté Bert Bertrand, Pascal Stevens, Jean-Claude de la Royère et d'autres fines plumes!
La Rotonde affiche sold-out depuis plusieurs jours, on te propose même de prendre place à l'étage, juste sous la coupole.
A l'intérieur tu croises toute une tribu d'anciens combattants, parfois accompagnés par madame et progéniture, tous prêts à mettre le feu. à la baraque.
20:30', Fred and the Healers, présenté par Bert Lani!
Line-up 2013: Fred Lani: Guitars, Vocals/ Cédric Cornez: Bass ( déjà de l'aventure Superslinger) /Nico Sand: Drums.
Il sort d'où le Nico?
On a retrouvé sa trace sur un enregistrement de Michel Clement, autrefois Sunhouse ou Tomahawk Bluesband, pour te dire que le gars n'est pas du genre novice dans la communauté des tambourineurs indigènes!
One, two...one, two, three, four... c'est parti comme en quatorze, la fleur au fusil, planquez-vous dans les tranchées, le trio canarde méchant. Un premier bluesrock plus graisseux que la peau d'orange de ta voisine, pas affriolante dans son bikini rouge à pois blancs, l'instrumental ' Grand re-opening'.
Pas de zakouskis, pas de mousseux à 3€49 la bouteille chez Aldi, cette mise en bouche c'est du solide, ils embrayent sur 'Doyle the hunter', un type qui traque les mammouths aux quatre coins de la planète, un bluesrock aussi fermenté que du George Thorogood!
Pas de pause, 'Stayin out', trampoline Fred a avalé quelques comprimés pas catholiques et cabriole comme une gazelle nourrie au cassoulet, le podium tremble.
Un jeu de guitare héroïque, soutenu par une assise rythmique style Portland Type 3 ( high-early-strength cement), tu te sens comme écrasé et ça ne fait que commencer.
Quatrième salve sans nous laisser le temps de souffler, 'How you do this'.
Le produit est de plus en plus lourd, le défilé des chars, un 21 juillet, c'est de la rigolade si tu compares avec la machine de guerre Fred and the Healers.
Merci, qu'il dit, on respire 5 secondes avant le premier slow blues de la soirée, 'Dreams', Fred trampoline mue en Fred le Lyrique.
Ready for some rock'n roll, qu'il dit, puis il gigote.
Quoi?
T'as des chatouilles...
'Scratch my back' ... sans façon, fieu!
S'ensuit un corps à corps langoureux avec sa gratte et sur la lancée le gluant 'The river bed', des dépôts argileux et
alluvions odorants, c'est pas du filandreux, c'est du bien gras, du bluesrock comme on l'aime.Un coup d'oeil vers la foule: des têtes suivant le mouvement des riffs, des sourires béats, un ou deux spécialistes de la air-guitar, le public vit ce concert!
Intervention de l 'aîné, je vous demanderai pas si ça va, c'est ringard, il paraît...et sinon, tout va bien là en bas?
Yeah...
'Like a leaf', tu comprends shaking like a leaf, puis un second slow blues aussi beau que du Peter Green, 'Love is a lie'.
La Rotonde en extase!
Otis Rush, ' All your love', une des pièces maîtresses du set.
Battements de mains, talons frappant le sol, les paroissiens communient avec le curé binoclard et ses enfants de choeur chauves.
Fred le preux prend d'assaut les moulins à vent, il extermine 3 ou 4 dragons et estropie une cohorte de manants au faciès patibulaire pour terminer la plage le sourire aux lèvres, un pissenlit entre les dents.
Plus fort que Mad Max!
'New Blues' indique le feuillet à ses pieds, tu conclus qu'il ne va pas se mettre à rapper ( d'ailleurs il ne porte pas de baseball cap) bien que son discours soit du genre agressif.
Un coup de slide, une méchante accélération, ' Burning', te semblait bien que ça sentait le cramé.
Que fait-on, doc?
I have a 'Remedy'.
Non, pas celui des Black Crowes, mais une pommade hyper efficace.
La formule power blues trio a encore un bel avenir, 'A man for a day' est du genre Hendrixien.
Bruxelles, on termine le set officiel avec une vieillerie, mais c'est comme pour le Cognac, plus il est vieux, meilleur est le goût, 'Messin with the kid' de Junior Wells.
70' généreuses!
Ce n'était qu'un hors-d'oeuvre...
D'habitude le rappel est un exercice obligatoire expédié en cinq minutes, pas pour Fred Lani et ses sbires, plus de 45 minutes!
'Failure' encore une faillite?
Non, un blues aux moites accents du bayou.
Mesdames, messieurs, chers parents, voici mon premier guest, c'était mon petit frère, à présent il me dépasse de trois têtes, voici Bert Lani qui ne boit que de l'eau plate!
Un rock sudiste chanté par la famille ( 'Best Thing'?).
Deux autres invités, Gerry Fiévé, t'es qui -toi, tu travailles pour la BSR, aux drums ( Superslinger e.a.) et Papy X à la basse ( un mercenaire tout juste revenu d'Afghanistan ou d'Ouzbékistan, j'hésite, sorry, faisais pas attention, une rousse venait de vider ma pintje déposée sur un haut-parleur.. les nanas, je vous jure!), à quatre ( Cédric et Nico s'en jettent une au bar), ils décident de 'Rock this house' en mode West Coast swing qui jumpe et jive à gogo.
Assez ri, let's boogie, 'Drunken Boogie'.
Si Di Rupo cherche des marsupiaux, dans la Rotonde on a vu une cinquantaine de spécimens en bon état et aux dents brossées au Colgate.
Bordel, ces bestioles se reproduisent à la vitesse de l'éclair, sont 145 à bondir sur le coup!
N'avais plus vu ce phénomène depuis un concert de Slade à Forest National, c'était avant la guerre!
Le trio du début: ' Parking rider' et la dernière ' Watcha wanna do, aux relents funk.
Deux heures de set, Bruxelles en demande encore.
Fred revient, vous êtes bien aimables aurait stipulé Marc Lelangue, OK, je vous en confectionne une dernière pour la route, comme il ne sait plus compter il en balancera deux en style blues rural, un classique que personne n'a reconnu et 'That's alright mama', en mode Taj Mahal.
Bonne nuit, attention sur la route, on se revoit le 12 octobre à Namur!
Photos: JP Daniels