En Allemagne, l'aiguillon politique est à gauche !

Publié le 20 septembre 2013 par Leunamme

Les élections législatives ont lieu ce dimanche en Allemagne. A priori, il n'y a pas de surprise à attendre, Angela Merkel devrait rester chancelière, la seule inconnue de savoir avec qui elle va gouverner, étant donné qu'elle n'est pas sûre d'avoir la majorité vu que ses alliés libéraux flirtent avec la barre des 5 % nécessaires pour entrer au parlement. Elle pourrait donc alors se résoudre à une alliance gouvernementale avec les sociaux-démocrates. Notons cependant au passage que l'ensemble de la gauche, (SPD, verts et Die Linke (l'équivalent du Front de gauche)), si elle s'unissait pourrait être majoritaire au parlement. Seulement voilà, le SPD refuse toute alliance avec Die Linke et préfère s'allier avec la droite. A Paris comme à Berlin, la trahison est à la mode chez les socialistes !

Pourtant, une surprise, il se pourrait bien qu'il y en ait une, et elle pourrait bien venir de Die Linke, justement. La vraie gauche allemande est créditée de 8 à 10 % selon les sondages, elle serait même selon certaines enquêtes sondagières allemandes, la troisième force politique du pays, ce qui voudrait dire qu'aucune majorité de gauche ne serait possible sans Die Linke.

L'évènement est d'importance. Certes, Die Linke n'entrera pas au gouvernement cette fois-ci, le SPD ayant d'ores et déjà refusé toute alliance, mais désormais pour les sociaux démocrates, les enjeux sont clairs : ils ne pourront récupérer la chancellerie que s'ils font revenir des électeurs Die Linke dans leur giron. Autrement dit, plus le score de Die Linke sera élevé dimanche prochain, plus le SPD sera obligé de gauchir son discours. Mieux, avec une opposition de gauche qui se radicalise (dans l'optique très probable où Mme Merkel gagne les élections), Angela Merkel sera elle aussi contrainte de mettre du social dans son discours si elle veut éviter des conflits sociaux d'importance. Le danger est réel puisque la presse allemande monte en épingle depuis quelques jours, la montée toute relative d'un petit parti populiste proche de l'extrême-droite qui fait de la sortie de l'Euro son unique programme. A Paris comme à Berlin, le système médiatique préfère jouer avec les peurs nationalistes plutôt qu'avec les espérances portées par les forces de progrès.

Ainsi, nous pourrions dès dimanche soir nous retrouver avec cette situation paradoxale à plusieurs niveau. Depuis le début de la crise l'Allemagne pourrait être le seul pays à ne pas connaître d'alternance et rester avec une majorité de droite. Cependant, alors que la quasi totalité des pays de l'Union européenne se droitisent fortement, l'aiguillon politique allemand pourrait lui se trouver à gauche. Ainsi, le moteur économique de l'Union européenne, la première puissance de l'Union, aurait une dynamique politique profonde inverse à celle des autres pays. et si c'était une chance ? Le signe qu'enfin les sociétés européennes commencaient à reprendre leur avenir en main ?