Chronique: 2 Chainz – B.O.A.T.S II: Me Time

Publié le 20 septembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru


(Def Jam)

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Le parcours incroyable de 2 Chainz se poursuit tranquillement. Alors que les « baby MC » explosent à la face du monde de plus en plus jeunes, Tauheed Epps, lui, a attendu, la trentaine bien tassée pour devenir une icône de la scène d’Atlanta puis de la carte US du rap. Et après un premier disque solo l’an dernier qui s’est vendu comme des petits pains – à défaut d’avoir convaincu les critiques…- , la moitié de Playaz Circle décide de battre le fer tant qu’il est encore chaud en livrant sa deuxième fournée douze mois plus tard.

Copié un peu partout dans le monde entier, en plein boom de la trap muzik, on ne s’attend pas à une révolution musicale de la part de 2 Chainz. A raison. Le garçon nous offre ici ce qu’il nous a déjà montré depuis son explosion, ce qu’il sait faire de mieux, c’est à dire rapper coolement. Pas d’effusions techniques à la Talib Kweli, pas de recherches de lyrics à la Common, ici c’est le soleil, les basses et les synthés qui font la loi. C’est aussi un style et il faut bien avouer qu’il le maitrise très bien. Le premier single en compagnie de Pharrell (en mode ultra classique aussi bien dans la performance que dans la production), Feds Watching, avait assez bien lancé le projet et ses ambitions pour le côté mainstream.

Parce que oui, il ne s’en cache pas, il est là pour vendre du disque et il sait qu’il lui faut des singles pour ça. C’est donc ce titre avec Pharrell, ou encore Used 2, Netflix avec Fergie, le for the ladies Beautiful Pain, etc etc. Et qu’on ne s’en cache pas non plus, c’est pas franchement ce qu’on préfère ici. Du déjà-vu mille fois, des trucs plan-plan, trop de facilité ou tout simplement de mauvais choix. C’est dommageable, mais ça fait aussi parti du personnage de « rappeur grand public de talent » entre envie et devoir de label, comme d’autres avant lui dans cette même configuration (Lil Wayne, 50 Cent,…).

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2 Chainz – Where You Been

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Heureusement, sur la face cachée de la Lune, il y a ce qui nous fait écouter un album de 2 Chainz. De la musique lourde, qui porte ses couilles et complètement débile. Alors parfois c’est même trop débile et on finit par s’emmerder, Extra par exemple, où l’on a l’impression d’écouter Walter White Jnr rapper, mais il y a ce qu’il faut de coups de force terribles. On pense aux deux productions violentes d’un Mike Will Made It qui va finir par contrôler le monde (Fork, Where You Been), au all-star I Do It (Drake et Lil Wayne au micro et une co-production de Diplo), l’immense mais trop court 36 (qui aurait sûrement été le meilleur morceau s’il ne durait pas 1min30) ou au puissant U Da Realest. Là dessus, le hochement de tête se fait automatiquement et l’envie de se droguer au sirop contre la toux commence à se pointer. Oui, ce n’est pas de la grande musique, oui c’est gras du fion, oui c’est gratuit mais ça fait du bien parfois aussi.

Et puis, mine de rien, même si on peut lui reprocher des choix discutables, il y a une petite évolution positive par rapport au précédent opus. Une volonté de ne pas rechercher du nom à tout prix, une ligne directrice commune, à  savoir « moi, 2 Chainz, ma vie et mes potes »que l’on retrouve même dans le titre du disque. Bon, t’as quand même la meuf des Black Eyed Peas, Lil Wayne et Drake hein, mais il s’est surtout entouré d’une garde un peu plus personnelle avec des Rich Homie Quan, Cap-1, Sunni Patterson au micro et pas mal de beatmakers d’ATL city gang. On retrouve même la douce Chrisette Michele sur le surprenant Black Unicorn qui renvoie à un style de rap « like Kanye » époque 2005 (que l’on retrouve aussi sur l’Outroduction). Une ouverture intéressante et qui aurait peut être mérité d’être un peu plus exploitée, notamment pour le côté commercial de la chose. Pour le prochain ?

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2 Chainz – Outrospection

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2 Chainz – I Do It (feat. Lil Wayne & Drake)

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Grossièrement, on pourrait dire que 2 Chainz a fait du 2 Chainz. C’est à dire contenter facilement sa fanbase tout comme le grand public en gardant son style si reconnaissable. C’est con, mais c’est peut être ce qui résume le mieux cet album. On n’a pas face à nous un gars qui cherche à marquer la musique de manière universelle, juste un type qui veut croquer dans la galette et qui a trouvé comment faire. Ca durera qu’un certain temps peut être, mais au vu de la gueule de sa carrière, il pourra s’estimer grandement heureux d’être arrivé si haut. Et c’est surement pour ça qu’il en a rien à foutre du reste.

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Tracklist:
1. Fork 3:47
2. 36 1:29
3. Feds Watching (feat. Pharrell Williams) 4:07
4. Where You Been 3:51
5. I Do It (feat. Drake & Lil Wayne) 6:14
6. Used 2 3:45
7. Netflix (feat. Fergie) 3:55
8. Extra (feat. Rich Homie Quan) 4:48
9. U Da Realest 4:42
10. Beautiful Pain (feat. Lloyd & Mase) 4:51
11. So We Can Live (feat. T-Pain) 6:46
12. Mainstream Ratchet 3:58
13. Black Unicorn (feat. Chrisette Michele & Sunni Patterson) 4:46
14. Outroduction 5:01

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