Je continue de renouer avec Daphné du Maurier.
Ma lecture, l’âge oblige, est moins innocente. Ça tombe bien, un recueil de ses premières nouvelles est sorti l’an dernier, La Poupée, aux éditions Albin Michel. Il contient plusieurs récits qui exposent (comme le montre cet article éclairé des Inrocks) les problématiques qui se déploieront dans ses oeuvres à venir. Notamment, la nouvelle éponyme, terriblement dérangeante, qui fut refusée par les éditeurs à l’époque. Cet autre article (des mêmes Inrocks) explique avec justesse combien la célèbre Rebecca trouve une première incarnation dans le personnage de La Poupée. Se dessine alors une vision de la femme très perturbante, comme tout droit sorti des limbes de l’inconscient très peu lisse de l’auteure britannique. C’est drôle de penser qu’elle est considérée comme un écrivain mineur et inoffensif alors qu’en vérité, cette femme a apparemment mené la vie que sa naissance exigeait tandis qu’elle a, dans le même temps, menacé de faire craquer les coutures serrées tout du long : elle a fait un beau mariage, a écrit des best-sellers, a eu trois filles ; mais elle a eu aussi un amant, puis une amante, et a écrit des textes incisifs sur l’hypocrisie sociale de son époque, et capté mieux que beaucoup les plus intimes soubresauts de la vie intérieure d’une femme charnelle. Je pense qu’on a pas fini de la lire et de la redécouvrir. Ses textes sont beaucoup plus subtils et vénéneux que l’on peut le croire.
o-delaisse:
Daphne du Maurier.
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