Conférence environnementale : quels enjeux pour la France ?

Publié le 20 septembre 2013 par Bioaddict @bioaddict
François Hollande a ouvert ce matin la deuxième conférence environnementale du quinquennat pour la transition écologique. Quels sont les thèmes abordés lors de cette Conférence Environnementale 2013 ? Quels enjeux représentent-ils pour la France ? Fiche pratique. ¤¤ Discours de François Hollande en ouverture de la Conférence Environnementale, la deuxième du quinquennat, le 20 septembre 2013 Sur le même thème   Le plan du PNUE pour une transition vers une économie plus verte et un monde meilleur Pour Jean-Louis Etienne nous sommes dans l'urgence de la transition énergétique La croissance verte va-t-elle sauver l'emploi ? Sarkozy, Hollande: quel est le plus écologiste des deux ? Les Français appellent François Hollande à mettre en place une fiscalité plus écologique Environnement : les engagements de François Hollande Santé : la grande oubliée de la Conférence Environnementale France : les priorités du nouveau Ministre de l'Ecologie L'écologie et la politique en France OK
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Au Palais de Iena à Paris, le chef de l'Etat a ouvert ce vendredi 20 septembre 2013 la deuxième conférence environnementale du quinquennat devant 500 représentants des mondes politique, associatif, environnemental et industriel.

5 grand thèmes sont abordés lors de cette réunion qui se déroule sur deux jours : Économie circulaire, Emplois et transition écologique, Politique de l'eau, Biodiversité marine, mer et océans, Education à l'environnement et au développement durable. Voici les principaux enjeux.

1 - Economie circulaire

Le modèle linéaire " produire, consommer, jeter " a atteint ses limites. Nos économies ont une dépendance accrue vis-à-vis des ressources non renouvelables. Depuis le début des années 2000, le prix des matières augmente, en rupture avec la tendance des décennies passées. Pour répondre à la demande croissante, l'exploitation de nouvelles ressources, plus difficiles d'accès, va peser sur les prix de l'énergie comme des autres matières.

Si aucune mesure n'est engagée, les coûts environnementaux de production d'eau, d'énergie, de métaux, de matières ou de nourriture, vont croître parallèlement : émissions de polluants et effets liés, croissance importante de la production des déchets, rupture de l'équilibre des écosystèmes touchés par la surconsommation de ressources.
Il est dès lors indispensable d'engager la transition vers un modèle économique circulaire. Ceci n'implique pas seulement le développement du recyclage mais aussi une utilisation plus efficace des ressources, en modifiant les modes de production et de consommation, en allongeant la durée de vie de la matière, en promouvant l'éco-conception de produits réutilisables et recyclables, etc.

Ces enjeux sont aujourd'hui partagés au niveau européen : la Commission européenne, dans le cadre du sa feuille de route sur l'utilisation efficace des ressources, a inscrit dans ses axes de travail le développement d'une économie circulaire.

La Conférence Environnementale doit acter le passage à une logique de gestion des ressources, grâce à une coopération entre les acteurs économiques, sur les territoires, aussi bien que dans les politiques nationales. Cette nouvelle politique permettra d'éviter le gaspillage de ressources et d'énergie, sécuriser l'approvisionnement de l'économie française en matières premières, diminuer ses impacts environnementaux, réindustrialiser les territoires, limiter la production de déchets non-réutilisés et augmenter la compétitivité des entreprises françaises.

2 - Emplois et ransition écologique

La transition écologique implique un changement du modèle économique actuel vers une économie à la fois plus compétitive et respectueuse de l'environnement, permettant une croissance durable et une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi.

Cependant, les " bonnes pratiques " visant à accompagner les entreprises et les salariés à anticiper ces mutations (former plutôt que licencier, sécuriser les mobilités dans et hors l'entreprise, s'appuyer sur des groupements d'employeurs) sont insuffisamment développées dans les entreprises, les branches et les territoires alors qu'elles peuvent constituer des outils d'adaptation aux transformations induites par la transition écologique et participer au développement de l'emploi.

Au-delà des filières à fort potentiel de développement (activités de rénovation thermique, de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables, des réseaux intelligents, des transports propres, de l'économie circulaire, de l'eau et de l'écologie industrielle), c'est l'ensemble de l'économie et de nombreux métiers qui " verdissent " ou sont en mutation, ce qui nécessite d'intégrer la transition écologique et ses conséquences sur les compétences et les modes d'organisation du travail.

La Conférence Environnementale viendra renforcer la mobilisation de tous les acteurs - collectivités territoriales, partenaires sociaux, acteurs des filières, consulaires, associatifs - autour d'une même ambition : faire de la transition écologique une opportunité pour l'emploi et le développement économique de notre pays.

3 - Politique de l'eau

En application de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE), la France s'est donné comme ambition d'atteindre le bon état écologique de ses masses d'eau. La politique de l'eau, réglementée depuis 1964, se décline par bassin hydrographique, chacun piloté par un comité de bassin regroupant l'ensemble des acteurs de l'eau (collectivités locales, État et ses établissements publics, forces économiques et sociales), et mettant en oeuvre les schémas directeurs et d'aménagement des eaux (SDAGE) des 12 bassins de métropole et d'outre-mer. Les projets des maîtres d'ouvrage (collectivités locales, acteurs économiques, agriculteurs...) qui réalisent les actions sont cofinancés par les programmes des agences de l'eau qui collectent des redevances auprès des usagers.

La politique de l'eau vise à répondre aux enjeux fondamentaux que sont :

  • l'accès à l'eau potable et à l'assainissement des eaux usées pour tous (compétence des collectivités locales) ;
  • la préservation des ressources en eau ;
  • la préservation et la restauration de la qualité des eaux et des milieux aquatiques ;
  • la lutte contre les pollutions permanentes et accidentelles ;
  • le développement durable des activités liées à l'eau (agriculture, industrie, loisirs, transport...) ;

Dans le cadre de la modernisation de l'action publique, le gouvernement a décidé de lancer une évaluation de la politique de l'eau, qui se déroule depuis le premier trimestre 2013. Cette évaluation est à la fois l'occasion de réaliser un diagnostic de cette politique partenariale, et de proposer des réformes et des évolutions de la politique de l'eau pour répondre aux attentes des acteurs de la politique et aux insuffisances qui auront été soulignées.

La conférence environnementale de septembre 2013 contribuera à faire émerger les évolutions de la politique de l'eau pour favoriser la gestion équilibrée de la ressource en permettant la réalisation des objectifs environnementaux, et en conciliant les enjeux économiques et sociaux.

4 - Biodiversité marine, mer et océans

Les milieux marins de la France se caractérisent par une biodiversité d'une richesse de premier plan, aujourd'hui menacée : En surface, elle représente 11 millions de Km2, soit 20 fois le territoire métropolitain. Cet espace constitue la seconde zone économique exclusive dans le monde, après les Etats-Unis. Sous la mer, c'est un ensemble de zones sous-marines côtières, de plateaux continentaux, de canyons sous-marins et de récifs coralliens (10% des récifs mondiaux et 55.000 km2 de récifs et de lagons, 4e pays du monde par ses récifs coralliens dont la richesse écologique est comparable à la forêt équatoriale, 95% de la biodiversité côtière est dans les coraux).

En terme de richesse vivante, la France occupe la 1ere place européenne par le nombre d'espèces, oiseaux et mammifères marins. Dans ses eaux sont pêchés ou élevés chaque année 530 000 tonnes de poissons et crustacés et 195 000 tonnes de coquillage. La filière représente 1,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Avec les mers, la France est présente dans les 8 grandes régions biogéographiques terrestres et marines situées dans les cinq océans de la planète, en zone tropicale, équatoriale, australe, antarctique. Ces milieux riches en biodiversité marine hébergent de façon permanente ou saisonnière une grande majorité des espèces de mammifères marins et des tortues marines, de nombreuses espèces d'oiseaux marins et de poissons. C'est en outre-mer (97% de la ZEE française) que cette diversité est la plus importante.

Sur la base de ces constats, la conférence environnementale 2013 a vocation à tracer des perspectives pour mieux concilier la préservation de la biodiversité marine et le développement des activités.

5 - Education à l'environnement et au développement durable (EEDD)

Dans un contexte de crises écologiques, économiques et sociales, il importe que l'EEDD apporte une contribution renouvelée et renforcée pour accompagner le processus de transformation de notre société, ainsi que les évolutions des modes de vie et des comportements ,de tous les publics, dans tous les lieux et temps de vie.

La réussite d'une telle politique d'éducation et de formation à l'environnement et au développement durable, répondant aux enjeux de la transition écologique, nécessite de faciliter l'implication du plus grand nombre et de donner à chacun les moyens de s'informer, s'engager, et avoir la capacité d'agir positivement.

Cela suppose de mener dans la durée une double démarche s'appuyant sur une action volontariste de l'État, inscrite explicitement dans les politiques publiques environnementales et éducatives et le développement plus concerté de projets multi-partenariaux, impliquant ensemble tous les acteurs publics et la diversité des acteurs de la société civile.

La Conférence environnementale contribuera à fixer un nouveau cap à l'éducation à l'environnement et au développement durable (EEDD) pour accompagner les transitions et préparer l'avenir.

Alors qu'aujourd'hui les écologistes menacent de quitter le gouvernement et que les ONG font triste mine, le gouvernement va t'il enfin réellement s'engager pour la transition écologique ? la France deviendra-t-elle "la nation de l'excellence environnementale" comme l'a promis François Hollande en 2012 ? Face à de tels enjeux, on ne peut que l'espérer.

Stella Giani