Magazine Animaux

Le livre noir de l'agriculture

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Malgré son coût, notre agriculture ne respecte ni le pacte social qui la lie aux paysans, ni le pacte environnemental qui la lie aux générations futures, ni même le pacte de santé publique qui la lie à chacun de nous.

Le livre noir de la agriculture Isabelle SaportaLes ressources d’eau sont gaspillées et nous ingurgitons chaque jour notre dose de pesticides.
Après deux années d’enquête, Isabelle Saporta montre l’absurdité du système, en le remontant de la fourche à la fourchette, du cours d’eau pollué aux cancers environnementaux provoqués par les pesticides, des animaux trop traités à l’antibiorésistance.
Malgré tout, il est encore possible de revenir à plus de raison. Certains travaillent d’arrache-pied à remettre les champs dans les sillons du bon sens paysan, il suffit de les écouter !

Un livre choc dénonce les dérives de l'agriculture

Coût exorbitant des subventions, risques sanitaires...L'auteur du « Livre noir de l'agriculture », Isabelle Saporta, part en croisade contre le système agroalimentaire. Les agriculteurs sont de plus en plus excédés d'être montrés du doigt.
L'agriculture intensive est plus que jamais en débat à la veille du Salon de l'agriculture qui s'ouvre samedi à Paris. Ce soir, France 3 diffuse à 22h55 un documentaire intitulé « Manger peut-il nuire à la santé? ». Une plongée angoissante au cœur du système agroalimentaire français. Isabelle Saporta, l'une des journalistes qui a mené l'enquête, publie par ailleurs aujourd'hui un livre choc sur les dérives de l'agriculture intensive. Entretien.
On pense généralement que l'agriculture intensive permet de faire baisser les prix. Vous estimez au contraire qu'elle a un coût exorbitant pour les consommateurs. Pourquoi ?

Isabelle Saporta. En apparence, l'agriculture française fournit une nourriture pas chère. Mais, si vous y ajoutez le coût prohibitif des subventions de la politique agricole commune (PAC), qui s'élèvent à 57 Mds € en 2010, le prix de la dépollution des eaux et l'explosion des cancers liée à la malbouffe, la facture de l'agriculture intensive devient très salée… Pour l'eau par exemple, les agriculteurs sont responsables de 70 à 80% des nitrates ou des phosphates présents dans les rivières. Et, pourtant, ils ne paient que 1% des frais de dépollution. Les 99% restants sont payés par les Français.



Vous dénoncez les subventions massives accordées aux agriculteurs. C'est pourtant ces aides qui leur permettent de vivre…

Prenons l'exemple du maïs. C'est une culture inadaptée à la France parce qu'elle réclame beaucoup d'eau et de soleil. Pourquoi fait-on tant de maïs dans le Sud où l'eau manque? Par le miracle de la prime à l'irrigation qui a représenté 134 M€ en 2005. Mais ce système est à courte vue. La France ne sera jamais assez grande, et les coûts n'y seront jamais assez bas pour se battre à armes égales avec le Brésil, la Russie ou l'Ukraine. C'est une guerre perdue d'avance. Un système absurde qui ne profite qu'aux coopératives géantes et aux très gros agriculteurs.



Vous donnez des exemples inquiétants sur la manière, par exemple, dont sont nourris les animaux d'élevage. Y a-t-il réellement un risque sanitaire pour les consommateurs ?

Les résidus de pesticides qui se retrouvent dans nos assiettes augmentent les risques de cancer. Ensuite, les porcs ou les poulets sont gavés d'antibiotiques. Or, les molécules sont les mêmes pour les humains et pour les bêtes. A force de traitements, on a créé des bactéries super résistantes. Cette résistance aux antibiotiques, c'est chaque année en Europe 25 000 morts. Quand on voit la composition des aliments pour bétail, de nouveaux scandales sanitaires tels que celui la vache folle nous pendent au nez.



Quelles sont les solutions que vous préconisez ?

Un véritable débat de société et une volonté politique forte de changer le modèle agroalimentaire. Le Grenelle de l'environnement prévoyait 20% des surfaces cultivées en agriculture bio, nous n'en sommes qu'à 2,8%. Il faut subventionner massivement les exploitations bio et taxer à 40% les produits phytosanitaires au lieu de continuer à injecter toujours plus d'argent dans un système qui nuit à la santé des agriculteurs et à la nôtre.
Source : Le Parisien.



 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Baudouindementen 13860 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte