Bonjour aux jeunes filles gaies
Bonjour aux jeunes hommes (tristes ou gais)
Bonjour aux zotres
Le 22 mars 2007, après avoir achevé le très court roman ou la très longue nouvelle, selon les points de vue, intitulée La Jeune Fille Triste signée Gilles Perrault, j'avouai que j'étais dubitative quant à l'intérêt de ce livre.
Le sujet
Issu du 4e de couverture : "En 1964, Sylvie, trente ans, retrouve la maison où, en 1940, elle a vécu quelques jours heureux, à l'écart des tumultes de l'exode, avec sa mère, son frère et un garçon aux yeux gris".
Mon avis
Je n'avais jamais entendu parlé de ce très court roman de 125 pages. Il s'agit du dernier volet d'une trilogie amorcée par "le garçon aux yeux gris" et poursuivie par "l'homme au bout du rouleau". En lisant le 4e de couverture, j'ai compris que "le garçon aux yeux gris" était le roman dont était tiré le film "Les égarés" de Téchiné (que je n'avais pas aimé malgré la présence lumineuse de Gaspard Ulliel au côté d'une Emmanuelle Béart plus caricaturale que jamais) et effectivement, en lisant le livre, on retrouve quelques allusions qui confortent cette intuition. Cela dit, il n'est absolument pas nécessaire d'avoir lu les deux livres précédents ou de connaître leur contenu pour comprendre ce qui se passe dans cette 3e et dernière "époque". (1)
De fait, il ne se passe pas grand chose et, dans ce pas grand chose, pas grand chose de passionnant et ce peu est raconté sans fioritures, ni profondeur, ni émotions, ni qualités particulières (sans défauts particuliers non plus à vrai dire). Perrault n'écrit ni bien ni mal, il écrit platement mais pas à la façon volontaire et talentueuse d'une Annie Ernaux qui travaille extrêmement sa "platitude" (très relative et recherchée) au service de son propos, mais parce que, sans doute, il ne peut faire autrement. (2)
Sous le prétexte de repérages pour un film, Sylvie passe revoir une maison où elle a passé quelques jours de son enfance, protégée dans cette grande bulle isolée du monde en guerre. Son dernier propriétaire est mort la veille et elle se retrouve face à son fils. Et puis voilà. Ils mangent des pâtes, le chien dort sous le lit, lui prépare le marathon, elle boit du vin... voilà, voilà... et puis quand même il se passe un truc surprenant vers la fin et là c'est hyper intéressant sur le plan humain mais ça ne fait qu'une quinzaine de pages qui ne font qu'effleurer en creux un sujet qui, développé à la manière employée par Paul Auster dans Leviathan ou d'un Philip Roth dans La tache aurait pu faire un roman passionnant.
On n'a pas le temps de vraiment s'ennuyer car le livre ne fait que 125 pages et ce format bâtard est peut-être une des clefs de son caractère vain et superficiel... il est trop long pour prétendre être une nouvelle efficace et trop court pour permettre le développement d'une ambiance, d'une quelconque épaisseur des personnages (auxquels on ne s'attache pas), d'un vague je ne sais quoi qui permettrait de s'en souvenir encore dans 3 jours. Bref, on nage dans une vacuité poussive qui n'est toutefois pas vraiment désagréable.
Conclusion
"Dommage mais sans gravité, c'est déjà presque oublié" avais-je écrit en 2007. Bizarrement, la fin de ma critique me donne pourtant envie de rejeter un oeil aux dernières pages de ce livre
(2) Perrault a écrit des livres célèbres sur le débarquement et WW2 et aussi Le pull over rouge que j'ai lu avec intérêt quand j'étais ado. Registres non littéraires qui ne requièrent pas spécialement de posséder le style d'un prix Nobel...