Wilfrid Lupano et Rodguen – Ma révérence

Par Yvantilleuil

Ce one-shot signé Wilfrid Lupano (Le Singe de HartlepoolAzimutAlim le Tanneur) démarre comme une simple histoire de braquage en compagnie de deux loosers qui cherchent leur inspiration dans les bars.

Il y a tout d’abord Vincent, trentenaire philosophe sans-le-sou depuis qu’il a dilapidé l’héritage de sa grand-mère au Sénégal, qui est également le narrateur de cette histoire. Il y a ensuite son complice Gaby Rocket, un beauf à banane et santiags, vulgaire, raciste, homophobe et profondément asocial et con. Puis il y a le fameux plan qui leur permettra de sortir de leur existence médiocre : un braquage non-violent qui permettra à l’un de rejoindre sa femme en Afrique et à l’autre de réaliser son rêve de rockeur à Las Vegas.

Démarrant comme une banale histoire de casse, le récit s’intéresse très vite au parcours personnel de Vincent. Virant vers la chronique sociale, Wilfrid Lupano nous offre alors une belle tranche d’humanité, une quête introspective qui donne progressivement beaucoup de profondeur à ses personnages. Même Gaby Rocket laisse entrevoir un cœur presque aussi grand que sa gueule au fil des pages. Partageant ouvertement leur passé, leurs faiblesses et leurs sentiments, les deux bonshommes deviennent finalement extrêmement attachants.

Rythmé selon les envies narratives du conteur, le récit manie le verbe avec finesse et beaucoup d’humour. Le dessin vif et réaliste de Rodguen, dont c’est ici la première réalisation au sein du neuvième art, accompagne d’ailleurs merveilleusement le scénario de Lupano en donnant vie à des personnages expressifs et criants de vérité. Notons finalement que la colorisation est réalisée par Ohazar, qui n’est autre que le frère du scénariste.

Un album coup de cœur que vous retrouverez également dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !