Il y a cinq ans, avec la faillite de Lehman Brothers, le monde économique plongeait dans la crise, dont on est toujours pas sorti.
Par Pierre Chappaz.
La faillite de Lehman Brothers, c'était il y a 5 ans. Plombée par les crédits immobiliers pourris, les fameux subprimes, littéralement "prêts hypothécaires à haut risque", la banque déclenchait un véritable tsunami dans le système bancaire. Les gouvernements n'avaient plus le choix : il fallait renflouer les banques en urgence.
Confondant cause et conséquence, le monde politique et les médias embrayaient sur le thème des "salauds de banquiers", au point que l'opinion est aujourd'hui encore persuadée que la crise est de leur responsabilité. La vérité, c'est que les États et les banques centrales à leur service sont responsables, et en premier lieu les gouvernements américains successifs. Pendant des années, pour entretenir la croissance, les dirigeants US ont incité les ménages à s'endetter au-delà du raisonnable pour acheter leur logement. Cette politique irresponsable a connu son apogée après 2001, quand l'administration de Georges Bush accordait des garanties publiques aux banques pour qu'elles prêtent aux ménages les plus insolvables. Rappelez-vous le 26 Juillet 2008, l'effondrement des organismes semi-publics de refinancement hypothécaires Fanny Mae et Freddie Mac.
L'excès d'endettement immobilier n'a pas été qu'américain, mais aussi espagnol, irlandais... et dans le même temps, l'Euro était à l'origine d'un sur-endettement d'un autre type. Après la création de la monnaie unique, les gouvernements grecs, italiens, français et quelques autres profitaient de taux d'intérêts "allemands" pour emprunter à un coût très bas.
Mais quand les mêmes gouvernements, pour sauver les banques, et "relancer la croissance" compromise par le sur-endettement des ménages, se sont mis à emprunter encore plus, la "crise de l'Euro" s'est déclenchée. Les marchés ne faisaient plus confiance aux gouvernements du Sud de l'Europe pour continuer à leur prêter de l'argent.
Source : Coe-Rexecode.
Face à cette crise d'endettement généralisée, la politique menée par les gouvernements et les banques centrales américains, européens, et japonais a été peu ou prou identique : descendre les taux d'intérêt à zéro, et injecter des quantités de monnaie sans précédent dans le système. Cette politique a permis d'éviter pour l'instant l'explosion du système financier mondial, mais contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, elle n'a pas mis fin à la crise. Les liquidités restent dans le système bancaire, et n'irriguent pas l'économie réelle, car on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. Les entreprises comme les particuliers se méfient désormais de l'endettement.
Surtout, le peu de croissance est encore une fois obtenu à crédit, avec un rendement terriblement bas. À l'exception de l'Allemagne et de la Suisse, les pays occidentaux subissent en réalité une perte de richesse, puisque leur croissance nominale est très inférieure à la croissance de leur dette. J'ai fait le calcul pour la France, la perte de richesse est de 2,5% du PIB pour 2013.
Décidément la crise n'est pas finie.
---
Sur le web.