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Luxe et magnificence

Par Richard Le Menn

EssaiHistoriqueSurParisLuxe1-300lm Photographie : « Essais historiques sur Paris de Monsieur de Saintfoix. Quatrième édition, revue, corrigée et augmentée. Tome quatrième. » « A Paris, chez la Veuve Duchesne, Libraire, rue S. Jacques... », 1766.

La définition du 'luxe' dans les différentes éditions du Dictionnaire de l'Académie française est intéressante. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle il est considéré comme une 'somptuosité excessive'. Il est donc de mauvais goût.

À partir du XIXe siècle et surtout au XXe, à des époques 'bourgeoises', cette définition change, ce mot devenant un synonyme de somptuosité et d'abondance.

Le luxe est meilleur que le faste qui est avant tout ostentatoire, alors que le premier « recherche encore le raffinement des aises et des commodités ». Mais il est loin derrière la magnificence qui exprime une véritable  somptuosité et qui est de l'ordre du don et de la dépense. Il y a quelque chose d'élevé dans la magnificence qui n'est pas dans le luxe qui est vain.

Pages 33 et 34 du tome quatrième (1766) de ses Essais historiques sur Paris, Monsieur de Saintfoix distingue le luxe de la magnificence. Voici ce passage : « Tous ceux qui ont écrit jusqu'à présent pour ou contre le luxe, auraient dû le distinguer d'avec la magnificence ; c'est ce qu'ils n'ont point fait. La magnificence est essentielle à un État monarchique, & nécessaire dans les grands ; elle fait éclore, encourage & soutient les arts utiles & agréables ; ce n'est point l'orgueil, c'est un caractère noble qui la guide ; elle offense d'autant moins, qu'elle sait économiser pour pouvoir paraître avec plus d'éclat dans les occasions qui en exigent. Le luxe au contraire est insultant, parce qu'il est journellement & frivolement dépensier ; c'est l’appétit & le triomphe des petites âmes ; il naît & se nourrit de l'envie ridicule de paraître plus qu'on n'est, en s'égalant par l'extérieur à ceux qui sont d'une condition au-dessus de la notre ; créateur & toujours avide de nouvelles superfluités, il nous met hors d'état de soulager les véritables besoins des autres ; on y devient insensible, & sa fastueuse ivresse nous rend mauvais parents, mauvais amis, mauvais citoyens. Il entretient, dit-on, les manufactures & fait entrer des millions dans le Royaume par ces modes & ces superfluités qu'il invente sans cesse & qui se débitent dans toute l'Europe : eh bien, en supposant que l'argent vaut mieux dans un État que des mœurs, tolérons cette sorte de luxe ; mais est-il concevable que le Gouvernement ne s'éveille pas enfin sur le nombre prodigieux des laquais ? ... »

© Article et photographie LM


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