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Ca sent le roussi à Gaz de France ! Le 16 avril, le « Canard Enchaîné » révélait que GDF avait augmenté le prix du gaz dans le but de doper ses bénéfices et sa valeur boursière avant sa fusion avec Suez, prévue dans les mois à venir. Depuis, on a découvert que cette belle entreprise ne s’arrêtait pas là. Pour améliorer encore sa trésorerie, notre grand fournisseur a trouvé une redoutable astuce : faire payer au client un gaz qu’il n’a pas consommé !
Que se passe-t-il entre GDF et ses clients ? Depuis l’été 2007, l’association de consommateurs « UFC-Que Choisir ? » voit s’amonceler sur ses bureaux des centaines de lettres de Français qui se plaignent de recevoir du grand gazier des factures délirantes. Deux, trois, jusqu’à quatre fois le montant de ce qu’ils consomment réellement !
Lilas, par exemple, employée d’une galerie d’art parisienne, a une ardoise de 415 euros à payer en février 2008, alors qu’en février de l’an dernier sa facture était de 106 euros seulement. L’explication, c’est que GDF calcule parfois au pif la facture du client. Deux fois par an, un agent se déplace chez Lilas pour relever le compteur indiquant les m3 de gaz réellement consommés : c’est la « facture réelle ». Mais entre deux relevés de compteur, GDF réalise des « estimations ».
Par exemple, si Lilas a consommé 200 m3 en janvier 2007, on lui facture 200 m3 en janvier 2008. C’est la « facture estimée ». Sauf que depuis l’ouverture du marché de l’énergie et la séparation de GDF et EDF, en juillet 2007, les estimations sont devenues folles ! Et bizarrement, dans un sens qui arrange plus GDF que ses clients…
A la fin, le gazier finit toujours par rembourser le trop-perçu. Mais cela ne se fait pas en un jour. Un temps durant lequel l’entreprise dispose d’un argent qui ne lui revient pas, et que les clients, qui ne pensent décidément qu’à leur pouvoir d’achat, auraient préféré utiliser à leur guise. Au bout du compte, c’est un peu comme si GDF vous obligeait à lui avancer de l’argent…
Aujourd’hui, vive le progrès, Lilas peut envoyer sa consommation par Internet. Sauf que Lilas n’a pas d’abonnement internet… Que faire ? demande Lilas à son fournisseur. GDF lui répond, ne vous inquiétez pas, et il informe sa jeune cliente de l’existence d’un numéro « Caza », sur lequel elle peut déclarer sa consommation réelle au compteur. Lilas compose ce fameux numéro, mais c’est un numéro surtaxé qui coûte 11 centimes la minute, soit plus de dix fois plus que le coût d’un appel normal. Et hop, encore quelques piécettes dans la tirelire de GDF !
Décidément, cela devient compliqué d’échapper à la surfacturation. On dirait même que tout conspire pour qu’on n’y parvienne pas. Récemment, les clients de GDF ont reçu une nouvelle facture, décrite par la gazier comme étant « plus complète et plus lisible ». Sauf que sur cette nouvelle facture, on ne peut plus lire la quantité de gaz que l’on a consommée en mètres cubes, qui justement permettait au client de savoir si l’estimation de GDF collait avec les chiffres indiqués au compteur. Pas de chance ! Heureusement que deux fois par an, le bel agent GDF vient relever les compteurs et permet de rédiger une facture qui corrige les excès.
A quoi joue GDF ? Cherche-t-il vraiment, comme on le soupçonne à « Que-Choisir ? », à se constituer une tirelire sur le dos des consommateurs ? On peut se le demander en relisant l’article du Canard Enchaîné du 16 avril 2008. Le volatile avait établi que GDF cherchait à se remplir à toute vitesse une grande cagnotte dans l’objectif d’augmenter sa valeur boursière, ce qui lui permettra d’arriver en force au moment de sa fusion avec Suez, attendue dans les mois à venir.
Bakchich a donc interrogé le grand gazier là-dessus. Pour entendre sa réponse, cliquez sur la combinaison playmobil bleue de ce bel agent EDF.
GDF : il y a de l'or dans le gaz !
envoyé par bakchichinfo