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Le premier budget de Bernard Cazeneuve

Publié le 19 septembre 2013 par Juan
Le premier budget de Bernard Cazeneuve

Il a été porte-parole de la campagne de François Hollande. Il a remplacé au pied levé Jérôme Cahuzac quand ce dernier fut convaincu de fraude fiscale, aveux à la clé. A la fin de l'été 2012, nous expliquions combien ce Cahuzac était (déjà) notre adversaire. Mais son successeur semble différent. 

Il a voté NON au référendum pour la Constitution européenne de 2005. Bernard Cazeneuve est aussi un "fidèle", désormais logé au coeur du plus douloureux des dispositifs gouvernementaux, le Budget. Et voici qu'il devra défendre son premier budget.
Le voici dans les colonnes du JDD.fr à livrer quelques arguments.
Offensif
L'an prochain, le taux de prélèvements obligatoires devrait progresser de 0,05 point de PIB. Peut-on appeler cela une pause ? Oui. Est-ce que tous les impôts seront gelés ? Non. Est-ce garanti ? Non, ce ne sont que des prévisions. Bernard Cazeneuve, contre le journaliste qui l'interroge, a même davantage que ces premiers éléments. Il avait quelques rares bonnes nouvelles: "la réindexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation représente 725 millions d’euros de pouvoir d’achat rendus aux Français." Mais aussi: "un tarif social pour l’électricité, un taux réduit de TVA sur le logement social pour favoriser la construction", un renforcement du complément familial pour les gardes d’enfant et les bourses des étudiants.
Cazeneuve touche sa limite quand il se félicite d'une augmentation du RSA de ... 2%. 
Il rappelle aussi simplement d'où il partait: "À notre arrivée, nous avons été confrontés à une dette abyssale, à un déficit incommensurable et au décrochage de notre économie par rapport à l’Allemagne." Il a encore la formule de combat, quand on l'accuse de charger la barque des prélèvements obligatoires: "Aujourd’hui, M. Copé propose de transférer 20 milliards d’euros de coût du travail sur la TVA."
Touché, coulé. Mais là n'était pas l'important.
Austérité ?
"Le budget de l’État, hors dette et pensions, va baisser de 1,5 milliards d'euros. Cela ne s’est jamais fait sous la Ve République. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy les dépenses de l’État ont augmenté de 2 Md € par an en moyenne sur le même périmètre". Le ministre du Budget est presque trop loquace sur ce concours Lépine de la réduction austéritaire.
Où va-t-il chercher ces économies ? Cazeneuve avance 9 milliards trouvés sur l'Etat lui-même, avec quelques exemples: 50 autres millions dans les dépenses de Bercy, 20 millions sur le budget du Quai d'Orsay (où, c'est heureux, le ménage dans ces riches ambassades a semble-t-il commencé. On pourrait ajouter une autre nouvelle de la journée, 28 millions d'euros via la suppression des envois "papier" des professions de foi des candidats aux élections européennes.
Presque moqueur, mais simplement factuel, Cazeneuve s'amuse à rappeler la gabegie de l'ancienne équipe sarkozyste: "chez les opérateurs de l’État, les crédits avaient grimpé de 15% sous Sarkozy. Ils baisseront de 4% l’an prochain."
Moins d'inspecteurs du fisc
Au passage, le ministre évoque la suppression de 2.500 postes de fonctionnaires dans les services de collecte d'impôt. Cette annonce n'est pas une surprise - rappelons-le. Les renforts de postes dans l'Education, la police et la justice, se "payent" par des réductions ailleurs. Mais le bas blesse quand même, la coïncidence avec la récente adoption d'une loi tronquée sur la transparence des élus, vestige du scandale Cahuzac est plus que fâcheuse. Et, second point, le même Cazeneuve espère encore davantage que ces 2 milliards de recettes récupérées sur la lutte contre la fraude fiscale. Avec moins d'effectif ?
Lunettes
Cazeneuve a des idées sur l'assurance maladie. Mais son propos a été effacé, provisoirement, par l'un de ces énièmes rapports de la Cour des Comptes. Arrêtons-nous sur ces dernières (funestes) idées. Didier Migaud s'est curieusement expliqué, mercredi 18 septembre, sur l'une des ces recommandations de l'institution qu'il préside. Les comptes de la Sécurité sociale, quoique moins déficitaires depuis 2010 à cause des déremboursements décidées par l'ancienne majorité, souffrent encore de la crise. Et voici qu'il faudrait supprimer, purement et simplement, les remboursements de la lunettes. Plus d'un Français sur deux a besoin d'une correction. Près de 5 millions de Français sont sans mutuelle complémentaire. Et la Sécu rembourse déjà très peu - 5% des 5 milliards de dépenses annuelles d'optique : 9,20 euros pour la classe de lunettes la plus vendue. Le raisonnement de la la Cour est le suivant: les lunettes sont déjà très peu remboursées; les opticiens pratiques des tarifs opaques; les dépenses d'optique payées par les mutuelles s'envolent; ces mutuelles seront prochainement obligatoires (en 2016).
Cazeneuve et la Sécu
La Cour des Comptes a ses idées, souvent les mêmes. Le ministre du Budget a les siennes. Encore 10 milliards de déficit cette année. L'UMP et le Front national - l'UMPFN - ont quelques visions simplistes, telle la suppression de l'AME. L'ancienne équipe aimait dérembourser des médicaments, créer des franchises médicales. Au JDD.fr, Bernard Cazeneuve promet 6 milliards d'euros  d’économies: "Nous allons faire des économies de fonctionnement sur les caisses de Sécurité sociale pour 500 M€. L’évolution générale des dépenses de santé sera limitée à 2,4%, cela représente 3 Md€ non dépensés par rapport à la tendance, par exemple, au travers de baisses de tarifs et de réorganisations à l’hôpital".
Il n'a pas l'arrogance de l'ancien titulaire.
Il est discret, drôle, mais il applique.


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