Ça aide toujours à avancer d'avoir une belle gueule.
Même quand on fonce vers le mur.
Son père aussi avait belle gueule. Il était sur place quand l'attaque de Pearl Harbor a eu lieue en 1941. Il a été militairement décoré. Il a fait des bébés à sa femme puis s'est poussé. Puis plus tard s'est enlevé la vie.
Bien qu'il ait passé toute sa jeunesse en Georgie, il n'était pas intéressé par la musique country. C'est Elvis, bien sûr, quand Gram n'avait que 10 ans, qui lui donne l'envie du rock'n roll. Toutefois après un demi semestre, il abandonne ses études universitaires en théologie à Harvard pour se consacrer entièrement à la musique à Los Angeles. C'est l'écoute de Merle Haggard qui le plonge dans l'envie du country, il signe donc sous l'étiquette gérée par l'iconoclaste Lee Hazelwood et enregistre un album avec des amis dans le groupe International Submarine Band en 1968. Quand le disque sort dans l'indifférence en mars, le band est déjà séparé.
Au même moment, David Crosby et Michael Clarke quittent les Byrds qui connaissent beaucoup de succès mais qui commencent à perdre de l'élan dans l'intérêt populaire. Si les Byrds trouvent rapidement un batteur pour remplacer Clarke, on a besoin d'un pianiste et d'une voix supplémentaire pour combler le trou laissé par l'illustre Crosby. Le basiste Chris Hillman connait Parsons et le suggère à ce qui reste du band: le chanteur Roger McGuinn. Si Parsons est d'abord engagé comme pianiste, il change rapidement ses fonctions pour la guitare rhytmique et prend une place importante au niveau du chant au sein des nouveaux Byrds.
Mais l'intérêt du boulimique Gram Parsons pour le band s'éteint presqu'aussi vite que son arrivée avec les Byrds. Alors qu'une tournée est prévue en Afrique, Parsons annonce qu'il quitte le groupe "parce qu'il est contre l'apartheid".
Bullshit.
Il vient de faire la connaissance de Keith Richards et de Mick Jagger et s'est rapidement lié d'affection avec le premier, le relançant continuellement sur les vieux classiques country. Parsons fait découvrir à Richards tout un pan de l'Amérique musicale qui lui était quelques fois inconnu. Quand Brian Jones meurt, Parsons colle au cul des Stones afin de tenter, idéalement, de devenir le nouveau membre du groupe qui le remplacerait.
Parsons fait énormément usage de drogue et fait toujours la fête avec les Stones. Au point que les Stones doivent lui rappeller de temps à autre qu'il a des obligations envers Hillman et ses partenaires des Burritos Brothers.
Si les critiques et les amis aiment la musique du premier disque, le public ne suit pas tellement. Même si le groupe enregistre Wild Horses avant que les Stones ne la mettent sur le marché*. Parsons investit tout ce qu'il a dans la drogue, l'alcool et autres folies. L'argent n'est donc pas au rendez-vous,
l'argent manque.
Le deuxième album est une catastrophe commerciale et critique et Parsons est de plus en plus une merde publique. Il quitte le groupe. Again. Le groupe survivra. Pas lui.
Parsons rejoint les Stones en France et est une influence musicale importante pendant l'enregistrement du classique Exile on Main Street. Toutefois Jagger et l'amoureuse de Richards, Anita Pallenberg, le mettent à la porte parce qu'il le juge "parasitaire". Richards sera perpétuellement dopé (tout comme Parsons)lors de l'enregistrement de cet album. On entend Parsons dans le choeur de la (splendide) chanson Sweet Virginia.
Ayant signé un contrat pour une carrière solo, il part en tournée avec Emmylou Harris. Ses morceaux ne sont pas un grand succès et il a pris du poids. Sur scène, il n'est pas très performant. En 1972, c'est le son des Eagles qui prévaut dans le genre. Parsons est jugé trop... ancestral... malgré ses 25 ans.
Parsons est en chute libre et abuse d'alcool et de drogue.
Quand son guitariste, qui rangeait de l'équipement dans une voiture sur le bord de la route, se fait tuer par un conducteur en boisson, Parsons demande à son gérant, si un jour Parsons devait mourrir avant lui, d'être un jour incinéré et ses cendres dispersées au Joshua Tree dans le désert de la Californie. Un endroit qu'il a en grande affection.
S'auto-détruisant par l'alcool et la drogue, sa mort ne saurait pas tarder. Mourrant d'une overdose de morphine en septembre 1973, son corps, mort, qui se dirigeait vers la Louisiane pour des raisons familiales (et légale$), devient l'article d'une véritable scène de cirque.
Son gérant, suivant les désirs de Parsons, vole le cercueil à l'aéroport et file en voiture jusqu'au Joshua Tree. Sur place, il couvre le cercueil d'essence et met le feu pour l'incinérer. 35 livres du corps brulé de Parsons seront laissés sur place. Comme il n'y a pas de loi contre le vol de cadavre, le gérant n'aura qu'une amende de 750$ (pour avoir volé le cercueil).
Une plaque a été érigée là où la boule de feu a rendu un dernier hommage à ce drôle de guignol.
Un peu comme la tombe de Jim Morrison en France, une pierre sur place est régulièrement décorée par des fans en sa mémoire.
*à condition que les Flying Burritos ne lancent pas leur version de Wild Horses comme single, ce que les Stones projettent alors de faire.