CHANNELING
Résumé : Un soldat en permission retourne chez lui suite au décès de son frère.Il découvrira que sa mort accidentelle ne l’était pas. Il a 72 heures pour résoudre le mystère. Jonas prend alors l’identité de son frère et pénètre dans un monde de voyeurisme et d’exhibitionnisme très dangereux car il crée une dépendance; C’est un monde dans lequel les gens diffusent leurs vies en temps réel à un public aussi large que possible.
Réalisateur: Drew Thomas
Scénariste: Drew Thomas
Acteurs : Landon Ashworth,Bernardo Badillo, Kyle C. Beach, Linn Bjornland, Teri Bocko, Ben Bray,Christian Camargo,Stacey Danger,Skyler Day ,Dominic DeVore,Josh Feldman ,Brandon Fobbs,Kate French,Joe Rudy Guerrero Jr.,Georgie Guinane
Pays :Etats-Unis
Année : 2013
Production: Rocket Punch Productions
Critique :
Mettant en garde contre les dérive des réseaux sociaux qui s'immiscent chaque jour un peu plus dans la sphère de notre vie privée, Channeling nous montre par l’absurde à quoi ressembleraient nos vies si celles-ci étaient constamment partagées au sein de la communauté d’internautes «followers». De l'exhibitionnisme/voyeurisme à son paroxysme. Loin néanmoins d’être moralisateur, le film de Drew Thomas utilise cette toile de fond pour raconter un thriller somme toute convenu mais bougrement convaincant.
Dans un futur proche, un nouveau réseau social très addictif permet aux gens de partager instantanément leurs moments de vie à l’aide d’une lentille de contact «caméra» qui envoie directement images et son vers l’application installée sur le smartphone de son utilisateur. Un soldat en permission va enquêter sur la mort de son frère en prenant l’identité de celui-ci sur le réseau.
Ce qui frappe, et ce dès la première seconde du métrage ,c’est sont aspect technique minutieux et bluffant aux allures de grosses production. Formellement, Drew Thomas offre une véritable leçon de cinéma, faisant oublier que son film fait partie de la scène indépendante. Le souci du détail va jusqu’aux clignement d’yeux perceptibles à l’écran lorsque les personnages portent le dispositif oculaire. La caméra subjective porte ici parfaitement son nom. Sans oublier l’apparition de pubs/spams/pop ups (quelque peu ironiques)(exemples au bas de cet article) qui surgissent en plein milieu de l’action. Un soucis du détail qui fait du bien aux mirettes.
Channeling n’est cependant pas dénué de défauts. Epinglons sa durée trop longue, son rythme en dents de scie et son jeu d’acteur parfois approximatif.
Des scories rattrapées par une histoire ambitieuse(à tiroirs) mais surtout par son aspect ultra léché.
Bref, Channeling, ce thriller/drame d’anticipation est une belle surprise à l'écrin parfait. A voir.
Note: 16/20
Bande Annonce :
Sites Internet:
Site officiel
Interview du réalisateur et scénariste:Drew Thomas
Fantasticmovies:Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de fantasticmovies?
Drew Thomas: Sans être consensuel , je suis reconnaissant envers les lecteurs de Fantasticmovies. Le cinéma indépendant traverse une période difficile. Le marché est grippé comme l'était celui de la musique dix ans auparavant.
Les fans de films, comme ceux qui visitent ce blog, fréquentent les festivals, à la recherche de films étranges et underground, vont sauver le cinéma.
Je suis un directeur photo/ metteur en scène qui vit à Los Angeles. J'ai étudié à l' American Film Institute et au National Film School de République tchèque. En tant que réalisateur, j'aime faire des films qui combinent les conventions du genre américain avec l'esprit de rébellion des maitres du cinéma européen. Les galeries d'art rencontrent le grindhouse. Des films artistiques avec des poursuites en voiture. La Nouvelle Vague françaises avec des facettes du cinéma d'exploitation.
Fantasticmovies: Quel est le dernier film que vous avez vu qui vous a le plus marqué?
D.T.: C’est une question difficile. Cependant je ne vais pas voir de films «mainstream» parce que (sauf quelques rares exceptions), ils n’ont pas grand chose à offrir.
Le film qui m’a le plus surpris est The Asphalt Jungle de John Huston. Même si c'est seulement à cause de mon ignorance que je suis "surpris" par celui-ci. Si j’avais été plus familier avec l’oeuvre de Huston, j’aurais su que j’étais sur le point de voir un chef d’oeuvre.
Voici quelques films (quelques uns nouveaux et d’autres plus anciens) que j’adore et qui pourraient intéresser les lecteurs de ce blog:
Holy Motors,City Baby,Found In Time (plus d’idées que dans 10 films de studio. Critique ici),Rubbur, The Northville Cemetery Massacre (Quand un film de contre-culture de biker/hippie rencontre un shoot-em up à la Sam Peckinpah), Kiss Me Deadly (Un film noir par un réalisateur de génie qui haissait son protagoniste),Murder By Contract (un petit budget qui a influencé Scorsese), The Lineup,Children Of Men (tellement bien qu’il n’existe peut-être pas), Captain Milkshake,Persona,Breathless,Vanishing Point (un de mes films préférés), Le Doulos et tous les films d’Antonioni.
Fantasticmovies:Pouvez-vous définir Channeling en 5 mots?
D.T.: Ambitieux, maladroit,original,obtus,(et j'espère) intriguant.
Fantasticmovies: Les nouveaux outils de communication et la vie privée sont-ils compatibles?
D.T.: En un mot, non. La vie privée est menacée dans la plupart des pays développés. Je respecte le choix de l'Allemagne d'avoir refusé la cartographie de ses rues par Google. Nous verrons bientôt des mouvements de gens émerger. Ils seront déconnectés."Hors réseaux". Ici aux Etats-Unis, nous avons déjà des pubs qui brouillent électroniquement les smartphones, forçant les gens à regarder autours d'eaux sans être accaparés par leur téléphone. Channeling est destiné à être édifiant, traitant de nombreux sujet et notamment la destruction de la vie privée.
Fantasticmovies: Avez-vous une anecdote à propos du tournage?
D.T.: Nous avons filmé la course poursuite d'ouverture à Griffith Park. Le sud de la Californie est très sec. Nous trainions un tuyau d'essence qui faisait des étincelles derrière une grosse voiture chargée à bloc. Sur le point d'arriver, mon producteur, Gerry Santos m'a dit:" s'il te plait, n'incendie pas le parc".
Nous n'avions que de 9 heures du matin à 15 heures pour filmer l'entièreté de la poursuite et nous étions assez loin de notre lieu de tournage de base. Je devais aller uriner, je me suis rendu à la lisière d'une forêt pour me soulager. Je rêvassait,essayant d'anticiper tout ce qui devait être fait. Pendant que je pissait en étant dans la lune, j’ai été surpris par plusieurs paires d’yeux qui m’observaient. C’était une meute de coyotes qui se trouvait juste derrière la ligne d’arbres en train de nous regarder filmer notre scène de dingue.
Je ne sais pourquoi, mais voir ses animaux magnifiques m’a recentré et m’a permis de me concentrer.
Fantasticmovies: Techniquement Channeling est superbe. Etait-ce un gros travail en post-production?
D.T.:Je vous remercie. Mon directeur de la photographie Andrew Huebscher est un peintre et un artisan.
Mon ingénieur du son, Dan McCoy a fait un travail brillant de collecte de sons.En post-prod, j'ai travaillé avec des artistes comme Greg Nash, Kip Brown et Peter Poot, Sebastian Brown, Patrick Giraudi, qui ont beaucoup bossé.
Je dirais que le film n'avait pas besoin de beaucoup de correction des couleurs. Les images capturées à huis clos n'avaient pas besoin de beaucoup de modifications.
Fantasticmovies: Des projets futurs?
D.T.: En ce moment, j'essaie d'équilibrer. Faire assez de travail en freelance pour payer mon loyer, tout en développant des projets passionants .
J'écris un thriller qui traite également de la technologie et de ses possibilités et ses risques.
Fantasticmovies:Un mot pour la fin?
D.T.:Je suis chanceux de pouvoir faire ce que je fais. Si ce n'était pas pour les vrais fans de films - comme les lecteurs de ce blog - je ne serais pas en mesure de poursuivre mon art. Je suis reconnaissant.