Errant parmi les arbres et les branches qui craquent,
Ils sursautent à chacun de leurs humides pas,
Rongés par l’eau, pourris. Au milieu de leur front
Plein de frayeur vacille une blanche lueur.
Leur vie déjà n’a plus guère de profondeur,
Elle devient vapeur qui se perd dans l’air gris
Comme une eau que l’on chauffe. En eux, se fait le vide.
En louchant, ils regardent autour d’eux et leurs yeux
Plus torves se confondent en un bleu délavé.
Ils entendent déjà comme un confus murmure;
Tels des ombres, ils sont là, sur les chemins obscurs
Et des voix jusqu’à eux parviennent, faiblement;
Elles s’élèvent de chaque arbre, chaque étang.
Des mains frôlent leur nuque pesante et fouettent
Leurs dos tout raides qu’en avant elles projettent.
Ils vont, vacillant, comme sur des ponts étroits,
Dans le vide alentour n’osant plus rien saisir.
C’est le soir; une sombre neige dégouline,
Leur barbe en est comme de pleurs toute givrée;
Les piquants, les épines veulent les happer,
Leur tête qui crépite rit d’eux en sourdine.
Tels des poissons, ils sont là, pris dans leur filet.
La lune, pleine de pitié, soudain surgit
Dans toute sa clarté. En sursauts frénétiques,
Ils agitent leurs longues jambes squelettiques.-
Dans l’ombre gisent les débris de choses mortes