Nouvelles conditions Kobo : une vraie concurrence

Par Eguillot

A compter du 17 octobre 2013, de nouvelles conditions de vente Kobo entreront en vigueur pour la vente d'ebooks. Epine dans le pied pour la concurrence, et en particulier Amazon, Apple et Google Play, ces conditions favoriseront avant tout les grands éditeurs qui mettent les ebooks trop cher. Pour les auteurs autoédités, elles permettent néanmoins une liberté plus grande dans la tarification des ebooks, ce qui est appréciable.

Premier fait assez étonnant lorsqu'on va sur ces nouvelles conditions de vente sur le site de Kobo Writing Life : contrairement à Apple, elles sont cochées par défaut, et s'appliquent donc automatiquement.

A compter du 17 octobre 2013, et sauf erreur de ma part, Kobo n'appliquera plus de limite supérieure pour toucher les fameuses royalties de 70% au prix des ebooks. En revanche, les limites inférieures, à savoir, des royalties de 45% si l'ebook est vendu moins de 2,99€, s'appliqueront toujours. Par exemple, vous pourrez mettre un ebook à 20€ et continuer à toucher 70% (auparavant, la limite était de 12,99€, au-delà, on ne touchait plus que 45%). Mais si vous le mettez à 0,99€, vous ne toucherez que 45%, comme avant.

Ce genre de disposition arrange évidemment en premier lieu les grands éditeurs, dont la tendance à mettre trop haut les prix des ebooks est de notoriété publique.

Néanmoins, dans le cas de compilations d'ebooks, ce genre de dispositif est intéressant pour l'autoédité. A titre personnel, j'ai déjà vendu plusieurs de mes trilogies Ardalia compilées en un seul ebook à 12,49 € sur le site de la Fnac (partenaire de Kobo) : les gens qui le prennent veulent l'histoire complète d'un coup, quitte à payer un peu plus.

Est-ce que cette liberté plus grande dans les prix va m'amener à augmenter le prix de mes compilations d'ebooks ? Pas dans un proche avenir, mais je suis heureux d'en avoir la possibilité, je ne le cache pas. Si un jour l'intégrale de tous les volumes du Trône de Fer de George Martin sort en ebook, il serait ridicule de ne payer que 9,99 €, non ? Etant donné la taille de la série, même pour un ebook, il me semble qu'un prix à 20, 30 ou même 40€ serait plus justifié (on parle de milliers de pages). Du moins du vivant de l'auteur, bien sûr. Après, on peut discuter.

Ces nouvelles conditions sont clairement un coup pour taper dans les failles des concurrents : Apple comme Amazon imposent des restrictions sur les prix maximums si l'on veut toucher 70%.

C'est un vrai bon signe, parce que ça veut dire qu'il n'y a pas d'entente entre Kobo et les autres: ils se font vraiment concurrence pour attirer les éditeurs et autoédités.

Deuxième réflexion, Kobo n'avait pas beaucoup de marge de manœuvre dans sa stratégie : Amazon tapant fort sur les prix bas, Kobo devait agripper l'autre bout de la couverture.

C'est cohérent avec la stratégie habituelle de Kobo, puisque cela continue à les positionner comme allié naturel des gros éditeurs, qui ont tendance à pratiquer des prix élevés.

Si Kobo voulait vraiment attirer les auteurs indépendants, ils devraient :

- améliorer substantiellement leur site et la visibilité des autoédités
- nous permettre d'accéder aux statistiques de téléchargements des ebooks gratuits
- valoriser davantage les promos et réductions de prix pour les ebooks qui ne sont pas en permafree (gratuité permanente)
- créer une bibliothèque similaire à celle de Kindle où les lecteurs puissent accéder aux ebooks gratuits, qu'ils soient en permafree ou gratuits de manière ponctuelle.
- distinguer dans ladite bibliothèque les œuvres gratuites relevant du domaine public des œuvres des éditeurs et auteurs, afin de mieux valoriser les autoédités

Le seul moyen, en termes d'image, pour Kobo, de ne pas se montrer comme favorisant uniquement les prix élevés d'ebooks serait vraiment de rehausser la visibilité sur leur site (et sur le navigateur interne de leur liseuse) de tous les ebooks bénéficiant de périodes de gratuité ou de baisse de prix.

Pour le cas particulier de la France, où l'influence de la Fnac est prédominante pour les ventes, cette visibilité supplémentaire devrait s'appliquer aussi sur le site de la Fnac. (Bon, là, d'accord, c'est loin d'être gagné.)

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