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Un Molière 1900 léché, drolatique et noir signé Philippe Adrien

Publié le 18 septembre 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Bond dans le temps élégant et réussi pour cette "Ecole des Femmes" du directeur de la Tempête qui a su restituer la puissance comique de l'oeuvre sans en altérer la noirceur (ou inversement), deux éléments profondément inscrits dans son ADN. Un spectacle soigné à tous les niveaux (scénographie, interprétation, bande son...), peut-être un tantinet académique, mais que n'aurait certainement pas renié l'ami Poquelin et qui nous fit passer un fort beau moment.

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Est-il besoin de vous rappeler l'histoire de la candide Agnès ? Pupille d'Arnolphe, cloîtrée dans la demeure de son "protecteur" qui l'isole du monde depuis son plus jeune âge, elle ignore tout de la vie. Et de l'amour. Jusqu'au jour où, sous ses fenêtres, passe le séduisant Horace dont elle va s'éprendre, contrariant fortement le dessein d'Arnolphe qui entendait bien l'épouser et en faire une femme obéissante et soumise. Mais ce dernier aura beau tout tenter pour conserver celle qu'il considère comme sa "propriété", y compris la violence, il n'empêchera pas l'amour de triompher...

Sur le plateau, un décor en trois plans. Une rue au premier. Au second un patio contenant un potager. L'intérieur de la maison au troisième. Deux entrées latérales. C'est au sein de cet espace à la fois sophistiqué, lisible et aéré que l'action se déroule, ponctuée de temps à autre par de discrètes et espiègles notes de musiques ou bruitages bien sentis. Voici pour l'habillage.

Le rideau se lève sur l'enterrement du petit chat. Car vous n'êtes pas sans savoir que "le petit chat est mort". L'image est belle. Fort belle. L'animal reviendra en fin de spectacle de manière surprenante et nettement plus anxiogène... S'ensuivent d'efficaces scènes de comédie. Menées d'abord par Joanna Jianoux et Gilles Comode, les domestiques, qui n'ont pas peur du burlesque. On rit beaucoup. Patrick Paroux campe un Arnolphe aussi risible que terrifiant et pathétique. Il nous réjouit dans la scène de la promenade ou lors de ses échanges avec Chrysalde (amusant Pierre Diot) mais nous glace le sang quand il s'empare de chaînes pour séquestrer Agnès. En tyran finalement véritablement amoureux et malheureux, il est parfait. Amoureux, Pierre Lefebvre l'est merveilleusement, justement. Son Horace léger, enjoué, passionné, virevoltant nous a totalement conquis, malgré un jeu et une diction encore trop appliqués (mais ce sont les premières, cela va s'atténuer). L'Agnès de Valentine Galey passe subtilement et brillamment de la candeur la plus absolue à la passion et de la soumission à la rébellion. Sa décomposition physique et psychologique lors de la découverte des maximes de l'épouse modèle  est saisissante. Raphaël Almosni, notaire cartoonesque à souhait, et Vladimir Ant, improbable Oronte, firent quant à eux délicieusement travailler nos zygomatiques.

N'hésitez pas.

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Photos : Laura Mariani


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