Interview : Clément Hourseau, entre science-fiction et auto-édition

Par Youscribe @youscribe_fr
{lang: 'fr'}

Une brève présentation pour nos lecteurs.

Je m’appelle Clément Hourseau, j’ai créé et dirigé ma propre maison d’édition pendant près d’un an et demi en parallèle à mes études universitaires de gestion, avant de me lancer dans l’auto-édition. Je publie ainsi mes textes sous cette forme depuis maintenant trois ans. D’abord plus axé sur le genre du fantasy, le temps aidant j’ai évolué et j’ai fini par trouver le genre qui me convient le plus, à savoir la science-fiction.

Parlez-nous de votre production littéraire, principalement orientée science-fiction et fantasy ?

A l’heure actuelle j’ai déjà trois publications papier à mon actif, la dernière en avril de cette année, ainsi qu’un certain nombre de textes courts librement accessibles sur internet. Tant sur mon site personnel  que sur des plates-formes telles que Youscribe. Je travaille à présent sur mon quatrième ouvrage, une nouvelle… de science-fiction.
Ce que j’aime dans ces deux genres, c’est la part d’imagination requise pour parvenir à écrire un texte. C’est bien sûr aussi le cas pour n’importe quel autre genre, mais le fait d’inventer de nouveaux mondes, de créer un futur encore inexistant ou encore de partir du présent pour s’imaginer l’avenir, est quelque chose qui m’attire fortement. En outre, sur un plan plus technique, j’ai fait le choix de rendre mes différents textes et ouvrages accessibles gratuitement en ligne, sous licence libre Creative Commons. Il s’agit pour moi d’une façon de faire partager mon travail au plus grand nombre.

Vous décrivez votre style comme très minimaliste, pourquoi ce choix ?

Tout simplement parce que je souhaite laisser à mes lecteurs une plus grande autonomie dans leur lecture/interprétation de l’histoire. Je ne cherche pas à ce que chacun se représente une même scène (ou personnage) d’une seule et même façon. Ca n’aurait, selon moi, aucun sens. Je préfère ainsi ne pas donner trop de détails descriptifs et laisser l’imagination des lecteurs faire le reste. Tout simplement.

Vous avez été éditeur par le passé, qu’avez-vous retenu de  cette expérience ? Quel est votre regard sur l’édition à l’heure des e-books et autres liseuses ?

Cette expérience m’a permit d’entrer dans le monde de l’édition et d’en apprendre le fonctionnement. C’était également un « exercice » particulièrement intéressant à mener en marge de mes études. Je pense qu’aujourd’hui l’édition est un domaine en pleine mutation, qui jongle plus ou moins bien entre un support millénaire (le livre papier) et quelque chose de tout nouveau (l’e-book). Pour un grand nombre de personnes, ce dernier devrait, à terme, être amené à supplanter le premier. Pour moi, les deux sont plutôt complémentaires. Je suis encore jeune, j’ai vingt-six ans, et pourtant je préfère de loin lire un livre papier plutôt qu’un e-book. Pourtant, ce nouveau format est une chance pour la diffusion des contenus littéraires. Il peut s’obtenir immédiatement après l’achat, être transporté n’importe où très facilement… Il faut cependant veiller à ne pas le « tuer » en lui imposant des prix trop élevés ou encore des DRM qui n’auront pour conséquence que d’irriter les lecteurs.
Personnellement, même si cela ne me rapporte rien, je préfère rendre mes textes et ouvrages disponibles gratuitement un peu partout sur internet (y compris sur les sites et forums de téléchargements) plutôt que de les affubler de pseudo-protection qui de toutes façons n’ont de fiables et dissuasives que le nom.

Vous êtes un partisan de l’auto-édition. Pouvez-vous définir ce procédé, ses avantages, ses inconvénients ?

L’auto-édition consiste à publier et diffuser soi-même ses propres ouvrages. Il s’agit pour l’auteur, à peu de choses près, de faire lui-même le travail qui revient habituellement à l’auteur. Cela peut paraître particulièrement fastidieux au début, mais avec les temps et l’habitude, cela fini par devenir un vrai plaisir (en ce qui me concerne), de réaliser et de publier moi-même mes ouvrages de A à Z.
Je dirais que son principal avantage c’est de tout maîtriser. De la mise en page en passant par la correction, la réalisation de la couverture, le choix de l’imprimeur, les étapes légales (numéro ISBN, dépôt légal…). C’est à l’auteur de tout gérer, sans avoir à se soucier des intérêts ou des besoins éditoriaux d’une maison d’édition. L’autre grand avantage est que l’auteur conserve la totalité de ses droits sur son ouvrage. Il n’y a pas la contrainte du contrat d’édition et autres.
Au niveau des inconvénients, ce sont ceux de ses avantages… Il faut tout gérer soi-même. Ce qui convient à certains auteurs, mais pas à tous. En outre, il faut être capable de savoir déléguer certaines tâches, telles que la relecture / correction notamment. Un autre point négatif de l’auto-édition, c’est la façon dont ce système est encore parfois perçu. A savoir comme un monde où ne se côtoient que des auteurs sans intérêt ni talent, tous refoulés par les maisons d’édition classique. Ce  qui est évident totalement faux. A titre d’exemple, je n’ai jamais soumis un seul de mes textes à un éditeur.  Je préfère le publier sur internet l’améliorer, le cas échéant, selon les critiques qui en sont faites.

Sur votre blog, vous faites beaucoup d’articles sur l’écriture et tout ce qui l’entoure. Souhaitez-vous désacraliser une activité qu’on juge trop souvent complexe ou élitiste ?

Oui, tout à fait. J’estime que n’importe qui est en mesure d’écrire. Bien sûr n’est pas Proust ou Hugo qui veut. Néanmoins chacun possède son propre style et son propre genre. Il suffit juste d’en prendre conscience et de se lancer. Même si le résultat final n’est que de quelques lignes ou paragraphes, l’important reste la démarche intellectuelle et imaginative. Après, peu importe que le cercle de lecteurs se cantonne à la famille ou au monde entier. Du moment que le plaisir d’écrire est bel et bien présent, le principal est acquis pour l’auteur. A la condition de savoir rester humble et de considérer les avis et critiques constructives (aussi bien positives que négatives) comme la meilleure des façons de progresser.

Propos recueillis par Clément Mazurkiewicz

Twitter  : YouScribe

Facebook : YouScribe