Titre : Le retour de la guerre du retour contre
attaque
Scénariste : Thierry
Vivien
Dessinateur : Thierry
Vivien
Parution : Mai
2013
Thierry Vivien est célèbre pour son blog Yodablog. Il y offre des notes humoristiques s’appuyant sur un détournement de l’univers de Star Wars. L’an dernier, son succès avait donné lieu à la parution d’un ouvrage reprenant le meilleur de son travail. Le succès de cet opus a donné lieu en mai dernier à un second tome intitulé Le retour de la guerre du retour contre-attaque. Il est édité chez Jungle et coûte une quinzaine d’euros. Son format s’apparente à celui d’un gros roman. Il se compose de presque deux cents pages. La couverture nous fait découvrir Yoda en train de combattre un Dark Vador dont la pose s’apparente à celle de Marilyn Monroe au-dessus d’une bouche d’aération. Tout un programme !
« Point d’orgue du dernier chapitre de la série, ce volume en constitue la suite et fait donc figure d’introduction au premier volet. C’est fondamental, comme conclusion. » Voilà ce qu’on peut découvrir sur la quatrième de couverture de cet album. Cela traduit assez bien la volonté de l’auteur de jouer avec les codes de Star Wars en lui rendant hommage par la dérision.
Ce bouquin est amené à être feuilleté davantage qu’à être lu d’une traite. Le fait qu’il soit le fruit d’un blog va dans ce sens. Chaque page peut-être lu indépendamment de celle qui la précède ou qui la suit. Elle se décompose en une ou deux cases. Chacune d’entre elles est construite dans l’univers de la saga créée par Lucas. Il est donc évident que des prérequis dans le domaine sont attendus chez le lecteur. Il m’apparait impossible de comprendre les blagues sans avoir une certaine connaissance des six épisodes cinématographiques. Il ne faut pas voir dans cet album une introduction au monde de Star Wars mais un prolongement sous forme de pastiche.
Le plaisir ressenti par l’auteur est évident. C’est agréable de se plonger dans ses délires pleinement assumés. Cela fait qu’une sincère bonne humeur se dégage de la lecture. Thierry Vivien cherche à diversifier la thématique de ses gags. La galerie des personnages est relativement fournie. Il offre même une place assez importante à des protagonistes assez secondaires dans la saga de base. Néanmoins, l’originalité n’existe pas dans chaque planche. A certains moments, une sensation de redondance s’installe. En ce sens, je pense que le lire d’une traite ne valorise pas l’ouvrage. Il est sûr que découvrir quelques pages par hasard de temps à autre permettra de faire disparaitre ce sentiment répétitif.
Il est indéniable que l’auteur possède un certain talent pour la dérision. Beaucoup de planches s’avèrent réussies quant à l’astuce de la chute ou de la vanne. Certains gags sont vraiment subtils. Par contre, d’autres se montre plus fainéantes soit par facilité soit par renouvellement d’un mécanisme déjà usité. Cela rend donc la qualité de l’ensemble inégale. Grosso modo, je dirais que deux tiers du bouquin est bon et un tiers moins intéressant. Je tiens également à préciser que j’ai souvent souri en découvrant certaines pages mais quasiment jamais ri. J’ai trouvé souvent les textes bien écrits mais rarement franchement drôle. Ce n’est un défaut mais un état de fait.
Sur le plan graphique, il est indéniable que l’auteur possède une identité. Par contre, je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle impressionnera le lecteur. Je trouve que le trait ne valorise pas les textes. J’ai le sentiment que si Thierry Vivien confiait le travail d’illustration à un autre dessinateur, sa série pourrait prendre un autre envol. Cela permettrait de varier l’expression des personnages, de développer les décors qui sont ici bien trop minimalistes. Peut-être que la simplicité de son style est un choix qui permet d’asseoir la personnalité de l’univers de l’album. Personnellement, je trouve qu’il s’agit d’une faiblesse et d’un bémol.
Au final, Le retour de la guerre du retour contre-attaque est un ouvrage à faire découvrir aux aficionados de Star Wars. Ils seront contents d’y trouver des vannes incompréhensibles au profane. Néanmoins, je regrette que l’auteur se contente de regrouper des notes de son blog dans un bouquin. De mon point de vue, la bande dessinée de blog et papier sont deux cousins qui possèdent des différences dues au support et au mode de lecture. En ce sens, il aurait été intéressant que Vivien travaille un peu son œuvre pour lui offrir quelque chose de supplémentaire qu’on est en droit d’attendre d’un bouquin qu’on achète par rapport à un blog sur lequel on navigue…
par Eric the Tiger
Note : 12/20