Nous recevons le communiqué de Maitre Pichon, avocat coordinateur du Collectif des Avocats contre la répression policière et idéologique, à propos du comportement de quelques personnalités politiques qui gravitent autour de la Manif pour tous
Suite à l’Université de la Manif pour tous qui s’est déroulée ce week end à Vincennes, on pouvait lire sur le compte twitter du député UMP de la Drôme Hervé MARITON le commentaire suivant :
«#UELMPT #commentsengager ? Faut-il créer, pour ceux qui le souhaitent, au sein de l’#ump?,un mouvement qui porte nos #valeurs? qui est partant? »
Cette lamentable tentative de récupération du formidable mouvement de contestation à une rupture anthropologique radicale que fut la loi Taubira et ses suites logiques (PMA GPA gender) au moment même où Monsieur VANNESTE a été évincé manu militari par le service d’ordre de la LMPT, m’obligent à sortir du silence auquel je m’étais abstenu pas soucis du bien commun.
Lorsqu’avec de nombreux avocats en robe, nous avons assisté aux gazages collectifs de manifestants pacifiques sur les champs Elysées le 24 mars dernier, nous avions rapidement perçu que nous entrions dans une phase répressive.
Nous avons donc décidé de créer le Collectif des Avocats contre la répression policière et idéologique pour venir en aide à ces jeunes manifestants qui pour la plupart découvraient les contrariétés de la garde à vue. Et le 27 mars nous organisions symboliquement sur les champs Elysées notre première conférence de presse en compagnie de Béatrice Bourges du Printemps Français et d’autres personnes.
Quelques jours après, le 4 avril, 67 jeunes gens se retrouvaient en garde à vue pour avoir campé en silence devant l’assemblée nationale. 24 jeunes filles se retrouvèrent enfermées dans une cellule de 18 mètres carrés agrémentée des particules d’urine et de vomi. Appelé par quelques uns d’entre eux aux alentours d’une heure du matin, je me rendis donc au commissariat afin d’assister ces jeunes gens qui pour la plupart n’avaient pas encore perçu l’utilité d’un défenseur. Atterré par le caractère scandaleux et disproportionné de cette situation, je m’empressai donc de prévenir mes amis de Nouvelles de France et du Salon Beige ainsi que d’autres médias télévisés et radiophoniques.
Le lendemain matin, alertés par ces mêmes média du lieu de détention – personne ne connaissait encore le commissariat de la rue de l’évangile – Hervé MARITON et Jean Frédéric POISSON, arrivaient au commissariat en leur qualité de parlementaires. J’étais plutôt satisfait de leur arrivée en pensant avant tout au sort des jeunes gardés à vue mais ces deux élus me snobèrent avec le plus grand mépris. J’apprenais quelques heures plus tard de la part de certains gardés à vue que Monsieur MARITON leur avait déconseillé de prendre PICHON comme avocat.
Ne connaissant pas personnellement Monsieur MARITON, je m’étonnais de ce jugement de valeur et ce alors qu’ayant été réveillé en pleine nuit, je m’étais précipité pour défendre certains de ces jeunes gens, évidemment gratuitement.
J’apprenais par la suite que la médisance provenait de certains esprits chagrins de l’équipe juridique de la LMPT terrorisée à l’idée que l’on apprenne que l’avocat des gardés à vue était un sympathisant du Printemps français, de surcroît très marqué à droite.
Le même jour débarquait comme une star Frigide Barjot et tout le staff de la LMPT, et alors que je m’apprêtais à la saluer (je l’avais connu lors d’un voyage à Rome) elle me repoussa devant les caméras de télévision en me demandant ce que je faisais là. Je lui répondis « mon métier ». Quelques minutes plus tard, hors caméra, elle me déclarait, « tu comprends Frédéric, c’est de la com, mais nous menons le même combat ». J’encaissais sans rien dire en me disant que le combat que nous menions était supérieur à nos divisions.
Et puis il y eut l’affaire Nicolas Bernard Buss. Nicolas m’avait fait appeler en pleine nuit pour l’assister au commissariat, mais je défendais déjà d’autres personnes et je n’étais donc pas disponible. J’envoyai mon confrère Benoit Gruau qui accepta de me substituer en pleine nuit. Après sa scandaleuse incarcération, la visite discrète et efficace de Jacques BOMPARD lui permit au bout de dix jours d’être transféré dans une cellule plus décente.
Mais dés le lendemain de cette visite, Hervé MARITON se précipitait pour récupérer cette affaire médiatiquement porteuse, flanqué de quelques députés de l’UMP pour un entretien de courte durée avec Nicolas. Là encore, prévenu par le service juridique de la LMPT, affolé à l’idée que des élus de droite nationale « récupèrent » le cas de Nicolas avaient prévenu Hervé MARITON. Les caméras étaient présentes et Hervé MARITON laissa entendre que c’était grâce à lui que Nicolas était traité de façon à peu près humaine.
De son côté Marion Maréchal Le Pen (qui avait assisté SANS OSTENTATION à des veillées sans s’exposer au feu des caméras) me contacta pour aller rendre visite discrètement à Nicolas dont elle avait été dissuadée par des pseudo-intermédiaires.
Cette récupération de l’UMP m’écoeura d’autant plus que jusque là on nous avait fait comprendre qu’il y avait les bons manifestants que l’on peut défendre et les mauvais manifestants (campings pour tous, hommens, printemps français trop sulfureux pour l’image de marque) réservé aux avocats infréquentables. NICOLAS faisait jusqu’alors partie des mauvais manifestants, ceux qui méritaient d’être punis. Mais tout à coup, l’image étant porteuse, il devenait un manifestant emblématique qu’il était bon de soutenir.
Lorsque l’on s’appelle la Manif pour tous, on se doit d’accueillir tout le monde : Les cathos, les athées, les juifs, les musulmans, les gaullistes, les trotzkystes, les libéraux, les homosexuels, les carnivores, les végétariens et même les élus du Front National ou des anciens de l‘UMP comme Christian VANNESTE.
Je n’ai pas oublié qu’au mois de mai dernier, lors d’une manifestation organisée par la LMPT, Monsieur MARITON, interrogé par les journalistes sur la présence d’une élue du FN à ses côtés, en l’occurrence une conseillère du FN Sophie ROBERT,celui-ci déclara qu’elle n’avait rien à faire là. Preuve encore une fois que ce qui importe à ses yeux, ce ne sont pas d’abord les convictions mais d’abord l’image qu’il peut donner.
Monsieur Mariton s’empressa de déclarer qu’il appliquerait la loi et qu’il se ferait une joie de marier un couple unisexe dans sa mairie.
Partant du même état d’esprit, notre courageux député avait fait le pied de grue auprès du mensuel gay « Têtu » - qui ne l’avait pourtant pas sollicité – pour décrocher une interview afin de faire amende honorable et se démarquer d’une image d’homophobe par une très élégante pique à l’encontre d’une ancienne ministre de son mouvement : « Je ne suis pas la nouvelle Christine Boutin ». Parallèlement, une fois la loi votée, Monsieur MARITON – qui échange des textos réguliers avec Mme TAUBIRA - s’empressa de déclarer qu’il appliquerait la loi et qu’il se ferait une joie de marier un couple unisexe dans sa mairie.
Aujourd’hui et alors que la LMPT organise à juste titre des conférences sur la clause de conscience, Monsieur MARITON qui ne l’a pas fait jouer, a l’indécence de vouloir récupérer ce formidable mouvement.
Je n’oublierai pas que l’idéologie du genre a commencé à être enseignée sous Luc Châtel, Ministre de l’Education Nationale sous Sarkozy. Certes Hervé Mariton été en désaccord avec Monsieur Châtel sur ce point mais il persiste à militer ensemble au sein du mouvement « France Moderne et Humaniste », un courant de l’UMP qui regroupe aussi Franck Riester, ouvertement pro mariage gay.
Je n’oublierais pas que les lois liberticides en vertu desquelles Monsieur Vanneste est aujourd’hui poursuivi et qui sous couvert de lutte contre l’homophobie répriment la liberté d’expression, ont été votées en décembre 2004 sous un gouvernement UMP et une majorité appartenant pour les trois quarts à ce même parti.
Bossuet disait :
«Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer ».