Des études récentes sur les dommages causés par les marées noires et les méthodes d'intervention employées montrent que ces méthodes n'ont pas réussi à éliminer la toxicité de l'environnement. Dans le cas des dispersants, elles en ont même ajouté, ce qui occasionne d'importants problèmes pour la faune, la vie marine, l'économie locale et la santé publique.
Le mélange de pétrole du Macondo1etde Corexita eu des effets mutagènes, tératogèneset autresconséquences néfastes surla chaîne alimentaire marine. Etcontinue à avoirun tel impactplus de troisans plus tard(1) ! Cette méthode est censée transformer le pétrole en fines particulesplus facilement biodégradables par les microbes indigènes. Or, non seulement cet objectif n'est pas atteint mais cette méthode empêche la biodégradationet provoque des dégagements gazeux qui contaminentl'air, les sédiments, les sols et autres supports. Rendue ainsi invisible, cette"crasse" reste cependantaisément détectable etgarde sa capacité ànuire à l'écosystème. En fait, le pétrole a formé de petites boulettes qui ont sombré au fond de la mer avant d'aller se déposer sur les plages.Cette analyse conteste l'idée qu’une «surface nettoyée à 25 % »puisse être une référence acceptable alors que les technologies actuelles sont de plus en plus efficaces. En décembre 2012, des scientifiques inter-fédéraux et le Dr Jane Lubchenco, ancien administrateur de la NOAA (l'agence chargée de la gestion des océans et de l'atmosphère), publiaient un article sur la marée noire de 1010 dans le journal de l'Académie américaine des sciences qui sous-estimait l'importance du principe exposé dans l'encadré.Ils affirmaient en effet que le nettoyage avait été un succès mais se contredisait en reconnaissant que « malgré sa détermination et ses efforts, le gouvernement fédéral n'avait pu traiter qu'un quart du pétrole ». Il est difficile de comprendre comment l'Académie a pu conclure que la lutte contre la pollution avait été efficace et qu'une méthodologie similaire serait probablement utilisée pour les futures marées noires. Dans leur rapport, les membres du conseil de LAEO s'inquiètent du fait que les organismes fédéraux chargés de protéger les eaux et les ressources naturelles continuent à utiliser des dispersants chimiques et estiment seulement que ces produits nécessitent des « études complémentaires » afin de déterminer quels sont leurs effets négatifs et s’il n'existerait pas de meilleures méthodes ! Réunis, les représentants de l'industrie, des institutions fédérales et nationales ainsi que des associations de protection de l'environnement sont tombés d’accord sur le principe suivant :
Les nettoyages de marées noires ou de déversements chimiques sont principalement effectués pour éliminer les polluants de l'environnement le plus rapidement possible afin de permettre aux organismes vivants et à leur biotope de survivre.
Ce principe donne un cadre de référence à partir duquel il est possible d'évaluer l'efficacité et la viabilité économique des méthodes employées, que ce soit le nettoyage mécanique, les dispersants ou les agents non toxiques.
Notre rapport est non seulement un APPEL À L'ACTION mais il constitue également une analyse scientifique : a) il appelle à mettre un terme à l'utilisation des dispersants qui n'éliminent pas le pétrole et ses composants toxiques de l'environnement
b) il présente une méthode efficace non toxique pour remplacer la méthodologie actuelle.
Malheureusement, l'EPA a restreint l'utilisation de cette technologie en haute mer et, malgré les recommandations scientifiques, a refusé de corriger le règlement, ce qui a perpétré des erreurs sur toute la ligne. Le Conseil a mené une étude pour en comprendre les raisons. Le document de LAEO explique comment un protocole scientifique de nettoyage de première intervention a été ignoré aussi bien par les intervenants fédéraux et nationaux que par les professionnels de l'industrie, alors qu'il obtient de meilleurs résultats que les technologies actuelles.
Cette méthodologie « passée inaperçue », est fondée sur la bioremédiation par addition d’enzymes. Elle détoxique les dispersants et diminue les propriétés adhésives du pétrole. Elle convertit les composants toxiques en eau et en dioxyde de carbone en l'espace de quelques semaines, voire quelques jours. A l'heure actuelle, il n'existe qu'un seul produit avec addition d'enzymes, testé et approuvé par l'EPA, qui soit disponible sur le marché : l'OSE II.
Cette nouvelle perspective modifie en tout point la méthodologie actuelle car la seule raison de l'existence des plans d'urgence est d'éliminer le plus rapidement possible la toxicité d'un déversement de pétrole et toutes ses conséquences sur la survie des organismes vivants, du microbe au mammifère. Ce document, compilé et publié par LAEO, est destiné à tous les intervenants. Il reconnaît l'importance des contributions économiques fournies par les compagnies pétrolières mais démontre qu'il est vital de produire de l'énergie sans nuire à l'environnement.Le CCST de LAEO demande instamment à tous les professionnels impliqués dans les marées noires de tenir compte de ces données et d'adopter un nouveau point de vue concernant les plans d'urgence et les données scientifiques sur lesquels ils sont fondés.
APPEL À L'ACTION_____________________________________________________________
RÉSUMÉDES CRITÈRES DE CONFORMITÉ DU CLEAN WATER ACT:· Interdiction de l'utilisation des dispersants chimiques toxiques, ou tout autre agent dont la toxicité est scientifiquement démontrée, pour « nettoyer » les marées noires dans les eaux navigables américaines et internationales.
· Révision du plan national d'urgence et de tous les documents connexes référencés par les équipes d'intervention afin de mettre en avant les informations scientifiques actuelles et, en particulier :
1) obtenir le retrait immédiat de l'aval de l'EPA concernant l'utilisation de dispersants dans les eaux navigables américaines États-Unis dans le cadre du Plan National d'Urgence,
2) corriger les documents déconseillant l'utilisation des agents de bioremédiation et inscrire les agents de Type EA (addition d’enzymes) parmi les solutions non toxiques prioritaires,
3) ajouter l’article TECHNIQUES DE BIOREMEDIATION, DEFINITIONS DES CATEGORIES ET MODES D'ACTION DANS LES MILIEUX AQUATIQUES aux matériaux de bioremédiation des équipes d'intervention nationale et régionale, de la NOAAet de la Garde côtière, et former leurs membres aux méthodes scientifiques de bioremédiation.
- Obtention des autorisations nécessaires concernant les méthodes de bioremédiation non toxiques déjà testées et approuvées par l'EPA (tel que l’agent de bioremédiation de OSE II) et les utiliser sans délai pour assainir les eaux du golfe du Mexique et de ses environs.
- Ajustement des normes de dépollution au Clean Water Act et obligation pour toutes les compagnies susceptibles de provoquer des marées noires d’intégrer les produits non toxiques du Plan National d'Urgence dans leurs protocoles de nettoyage et d'assurer l'élimination rapide du pétrole dans l'environnement.
1 Site de prospection pétrolifère du golfe du Mexique à l'origine de la marée noire de 2010