Sleepy Hollow. – FOX
Septembre est un moment critique pour les nouveautés séries car dès l’épisode inaugural il faut convaincre, tout donner, tout faire pour que le téléspectateur revienne le lundi suivant. Pour Sleepy Hollow, clairement dans les startings blocks, le départ a été tonitruant : 10,10 millions de téléspectateurs et 3.4 pts sur les 18-49, la cible privilégiée des networks (enfin surtout des annonceurs prêts à vendre n’importe quel produit), le meilleur démarrage de la chaîne en 6 ans. Il n’y avait pas grand monde en face, pas encore : viendront ensuite Beauty and The Beast (The CW), The Voice (NBC), le duo 2 Broke Girls et Mom (CBS) et DWTS (ABC). Bon. Pourquoi pas, après tout, peut-être que les américains n’avaient vu le trailer que d’un œil -l’autre étant trop occupé à choisir quelle marque de dentifrice est la mieux pour leurs gencives sensibles. Trailer, du reste, qui n’annonçait rien de transcendant, mais qui intriguait tout de même par l’aspect très XXIème siècle du scénario. Si l’affiche de FOX donnait plutôt envie lors de sa découverte en juillet dernier, le pilot de Sleepy Hollow mêlant drame au fantastique s’est malheureusement avéré très moyen.
Alors espion pour George Washington en 1781 lors de la guerre d’indépendance, Ichabod Crane se réveille en 2013 à Sleepy Hollow, et avec lui le Headless Horseman, tête qu’il n’a plus car Ichabod l’a coupée 232 ans plus tôt sur le champ de bataille, vous suivez ? Tous les deux étaient morts mais ne le sont plus, ils émergent des ténèbres pour flanquer un sacré bordel à Sleepy Hollow. L’un reprend ses anciennes habitudes et utilise sa machette avec une dextérité déconcertante sur son cheval blanc et l’autre se retrouve à faire équipe avec Abbie, qui a vu son partenaire se faire décapiter sous ses yeux.
Revue et corrigée, The Legend of Sleepy Hollow de Washington Irving est adaptée à nos jours dans ce pilot réalisé par Len Wiseman (également director du pilot d’Hawaii Five-0 en 2010). Des allers-retours entre l’action du XVIIIème et celle du XXIème siècle permettent de présenter les personnages, Ichabod Crane et Abbie Mills, et de poser les bases de la mythologie centrée autour du fameux cavalier sans tête.
Moyen, oui ce pilot a été moyen. Le concept est (presque trop?) exposé de façon primaire sans nous laisser le temps de découvrir les personnages, tout va très vite, trop vite, notamment dans les premières minutes de l’épisode où il s’agit, au contraire, de capter l’intérêt du spectateur, de le laisser s’immerger. Si le duo composé d’Ichobald et d’Abbie prend ses marques immédiatement -curieusement d’ailleurs, là aussi tout est allé très vite-, les va-et-vient passés lors de la guerre d’indépendance sont malheureusement bâclés alors que la mythologie et le fantastique du show devraient essentiellement résidé dans cet aspect. Au lieu de cela, on nous a servi des effets spéciaux à tour de bras avec une position presque gênante du spectateur lorsque le cavalier décapite sans autre forme de procès la tête du prêtre, apparemment déjà présent dans l’histoire en 1781, et que la caméra tombe au sol de côté. Procédé qui n’est pas sans rappeler les jeux vidéos d’ailleurs.
Si ces défauts n’étaient pas suffisants, Sleepy Hollow souffre de son actrice principale, Nicole Beharie qui n’a pas l’habitude d’avoir le premier rôle et qui ne paraît pas taillé pour. Erreur de casting ? Pourtant non, car Christopher McConnell tient parfaitement son rôle de Crane, au passé douloureux et au présent ahurissant (c.f son entrée dans le monde de 2013). Un présent qui avait la lourde tâche d’introduire le personnage dans un monde totalement inconnu pour lui, malheureusement les tentatives d’humour ne m’ont pas séduites. Seule la mythologie basée sur la Bible, la Mort, et les chevaliers de l’Apocalypse a fini par attirer mon attention trop souvent détournée par les scènes d’actions très poussives types Die Hard. J’avais prédit un cop show fantastico-dramatique à fort potentiel d’échec, seule les toutes dernières secondes étaient réussies. Sleepy Hollow pourra potentiellement être une série à abandonner si les épisodes suivants ne s’améliorent pas d’ici là.