18 - 09
2013
Pitch.
Enseignant en criminologie, Will Graham est aussi un profiler d'exception, capable de se glisser dans le cerveau des pires serial killers. Comme il est fragile psychologiquement, Jack Crawford, un responsable du FBI chargé des affaires de meurtres, lui adjoint le soutien d'un psychiatre : le docteur Hannibal Lecter.
Jack Crawford (Laurence Fishbrune), policier du FBI, dépassé par 8 disparitions de jeunes femmes, fait appel à Will Graham (Hugh Dancy), profiler, sur les conseils d'un médecin psychothérapeute qui le connaît bien, une femme, le docteur Alana Bloom... Will Graham est en train de donner un cours de criminologie à l'université. "Puis-je vous emprunter votre imagination?", lui demande Crawford. Peu tenté par la proposition, Will finit par accepter. Mais la fragilité de Will Graham, qui est autant victime de ses prémonitions et visions que utile à la société, conduit la police à lui adjoindre le suivi d'un psychiatre, le Docteur Hannibal Lecter. On a donc les éléments en main : la série raconte "l'avant" de Hannibal Lecter, avant son arrestation et "Le Silence des agneaux", par exemple. Ici, le Docteur Lecter (magistrale interprétation de Mads Mikkelsen) est un psy respecté que rien ne pertube. Sa rencontre avec Will Graham va lui donner l'occasion d'essayer de lui laver le cerveau avec des informations perverses du type, par exemple, que ce dernier aurait pris plaisir à tuer (au premier épisode, il tire sur le serial killer, en légitime défense). Le Docteur Lecter aurait-il besoin d'un alter ego? Chercherait-il à faire de Will Graham un ami fonctionnant comme lui? Sur la forme, on est tout d'abord immergé dans les visions de Will Graham, la série privilégie une dimension onirique, le spectateur voyant les hallucinations de Will Graham, ça démarre d'ailleurs ainsi, dans le flou des visions du héros. Pire, d'ailleurs, Will Graham dans ses visions se voit en acteur, prenant la place des meurtriers (un peu compliqué comme mise en scène mais on s'y fait...). Il semble que, au delà du fil conducteur de l'influence délétère de Lecter sur Graham, de la construction de leur relation, chaque épisode traite d'une affaire de meurtres spécifique avec un serial killer différent. Je dis "il semble" car je ne suis pas certaine d'arriver au bout de la série trop rouge (hémoglobinement parlant) pour moi... Episode 1.
L'affaire Elise Nichols. Elise N a disparu, quand Will Graham va rendre visite aux parents, il demande si ils ont remarqué une différence de comportement chez leur chat, nourri par leur fille. La réponse est non. Will ouvre la porte de la chambre et trouve Elise Nichols assassinée mais reposant dans son lit. Sans avoir été violentée auparavant, comme les 7 autres jeunes filles disparues du même profil dont on suppose que c'est l'acte du même serial killer. D'après Will Graham, le tueur a pansé ses plaies comme pour s'excuser, une remarque assez incompréhensible pour l'entourage, il explique alors que le tueur cherche une sorte de victime idéale, qu'il l'aurait trouvée ici. Peu après, on trouve le meurtrier grace à Will Graham qui remarque simplement qu'un employé d'une usine est le seul à n'avoir pas mentionné son adresse postale. C'est à ce genre de détails "de bon sens" et à des hallucinations que Will Graham est un profiler d'exception.
Episode 2.
L'affaire de l'insuline. On découvre 9 corps enterrés dans un parc qu'on a visiblement perfusés vivants sous terre pour donner des cultures monstrueuses de champignons. C'est le geste d'un expert en médecine. Or, on remarque qu'un certains nombre de jeunes femmes ayant été dans une pharmacie précise récupérer une ordonnance prescrivant de l'insuline ont ensuite disparu...
Episode 3.
On revient sur l'affaire de l'épisode un sous l'angle d'Abigail Hobbs, la fille du premier serial killer qui avait massacré toute sa famille après un coup de téléphone anonyme d'Hannibal Lecter l'informant qu'il était démasqué... Abigail, rescapée, que son père forçait à l'accompagner à la chasse, semble avoir de la graine de psy, censée être protégée par le docteur Lecter, mais était-elle la complice de son père? Dans la foulée, deux crimes à la manière de Hobbs sont signés d'un imitateur... L'une des victimes est l'amie et voisine d'Abigail Hobbs...
Episode 4.
L'épisode 4 raconte à peu près la même histoire que dans "L'Hypnotiseur" de Lasse Hallström que je viens de revoir en DVD. Trois familles massacrées par un de leurs enfants, un enfant disparu l'année précédente, chacun d'entre eux ayant été kidnappé par une folle furieuse se prenant pour leur mère et qui les manipule (dans le film de LH, c'est un enfant adopté qui est manipulé par sa mère biologique sortant d'un hôpital psychiatrique).
Quelques remarques :
Une chose me frappe "en y repensant", si les meurtres sont très spectaculaires, l'affaire de serial killers délirants, on ne montre pas l'accomplissement des meurtres mais les seulement le résultat, les cadavres dans leur ignoble mise en scène outrageusement théatralisée : en effet, la série montre avec une grande complaisance les cadavres dans leur mise en scène monstrueuse (exemple, le musicien égorgé sur lequel un marchand de musique psychopathe a joué du violon en utilisant ses cordes vocales comme des boyaux) et fait le choix de spéculer sur l'imagination du spectateur de ce qui a pu se passer d'horrible en amont. Une imagination que possède Will Graham grâce à ses visions...
Dans le même esprit (un peu) de montrer sans démontrer... On a ici un univers peuplé de psy, Hannibal Lecter, psychiatre, lui-même suivi par une psychiatre (ayant cessé ses activités pour cause d'agression), mais aussi, une autre femme, le docteur Alana Bloom, psychiatre et psychothérapeute, amie très proche de Will Graham. Pourtant, les personnages ne sont pas psychologisés... partant sans doute du principe que Hannibal Lecter étant un monstre pur ignorant de la notion de bien et de mal, il n'y a rien à expliquer... A Will Graham, les visions, les hallucinations, la série joue là-dessus mais pourquoi est-il ainsi, mystère... A Hannibal Lecter, l'hypercontrôle, le raffinement et les recettes de cuisine (épisode "Recettes"), les repas cannibales dont ses invités ignorent ce qu'ils mangent ("Rien n'est végétarien ici", les prévient-il).
La psychologie, il faut la chercher du côté des affaires "annexes" car chaque épisode ou presque traite une affaire spécifique comme le ferait n'importe quelle série, l'affaire de la jeune fille disparue (le père y entraînait sa fille et tuerait des sosies de sa fille), l'affaire des cultures de champignons humains, l'affaire des massacres des familles par un enfant disparu, l'affaire du marchand de musique concurrent de Hannibal Lecter (ici, on en profite pour aménager un affrontement entre les deux monstres).
Si la série est brillante et ostentatoire (avec son générique hémoglobine), dans le fonds, ça manque parfois de cohérence : que tout soit conçu pour mettre en lumière la monstruosité exceptionnelle du docteur Hannibal Lecter et son hypercontrôle insensé, le titre de la série l'affiche clairement ("Hannibal"), mais ça se voit un peu trop, on sent bien que tout le reste n'intéresse pas toujours les scénaristes... Le grand plus, c'est l'interprétation introvertie et subtile de Mads Mikkelsen ("La Chasse") : du grand art, l'acteur est génial. Génial au point que Hannibal devient fascinant...
Enfin, "en cogitant un peu", on se rend compte, que malgré quelques réserves sur la forme, le ressort de la série et son impact sur le téléspectateur est extrêmement pervers et violent : l'utilisation du couple dégoût/cannibalisme dont il semble, d'après certains psychologues, que ce soient deux formes identiques et inverses d'une même pulsion! (le premier serait la forme occultée ("civilisée") du second)...
Diffusion sur Canal+Séries à partir du 25 septembre 2013
3 épisodes le premier mercredi, 2 épisodes ensuite les mercredis suivants
Un documentaire inédit "Hannibal, tueur en série" (26') sera diffusé en préambule de la première soirée
Mots-clés : CinéTVSéries, Hannibal, Canal