Le récit invite à suivre les pas d’un homme à la tête bandée qui toque à la porte de l’appartement 262 afin d’y visiter une chambre à louer. Accueilli sans hésiter par les quatre locataires, il décide d’immédiatement conclure l’affaire et de s’installer dans la chambre laissée vacante en colocation. Le voilà piégé, car la porte d’entrée paraît condamnée et les fenêtres sont bloquées…
En enfermant son personnage principal dans une prison dépourvue de toute logique, dont les habitants semblent de surcroît frappés d’amnésie, Koren Shadmi parvient à livrer un huis-clos particulièrement oppressant. Hanté par des bribes d’un passé de plus en plus vague et coincé dans un quotidien surréaliste riche en tensions, l’homme perd très vite pied. Incapable de trouver une issue, ni d’expliquer sa situation, il n’a très vite plus qu’une seule idée en tête : s’enfuir avant de devenir fou !
L’absence d’indices pousse le lecteur à se poser plein de questions et permet à l’auteur d’entretenir une tension permanente. En intégrant des éléments fantastiques à son récit, tel que cette matière rosâtre qui sort des murs ou ce chat qui semble avoir plusieurs vies, Koren Shadmi enlève les derniers repères qui permettent de se rattacher au réel et renforce ainsi la sensation de malaise et de paranoïa. Puis vient ce twist final, proche de la perfection, qui n’offre qu’une très brève sensation de liberté… en attendant le tome suivant.
Le tout est servi dans un élégant format à l’italienne qui met parfaitement en valeur ce graphisme fascinant, pourvu d’une colorisation qui invite à se laisser glisser dans cet univers mystérieux.
Un coup de cœur que vous pouvez retrouver dans mon Top de l’année.