J'ai été assez naïf, ou en tout cas je me suis volontairement voilé la face quant au destin de Hank. Je n'avais pas envie de voir disparaitre le personnage et j'avais encore l'infime espoir que le bien triomphe à la fin. Bien évidement, Breaking Bad ce n'est pas le genre d'histoire qui va finir bien, cet épisode en est le meilleur exemple. Ainsi, Hank meurt, avec la satisfaction d'avoir pu passer les menottes à Walter et d'avoir parlé à sa femme une dernière fois. Il aura pu se battre jusqu'à la fin à côté de son seul et dernier ami, Gomez, et n'aura jamais supplié pour sa vie. Hank meurt avec honneur et part avec l'idée que Walter était, à la fin, prêt à tout sacrifier pour lui sauver la vie. Cela ne rachète pas ses pêchés, mais c'est tout de même un beau geste envers son beau-frère.
La cruauté de cet épisode m'a vraiment bouleversé. La mort de Hank m'a filé un grand coup et j'étais à deux doigts de mettre pause à l'épisode pour tourner en rond dans mon appart, empli de désespoir. Je ne pensais pas être affecté comme ça. On le voit venir, tout le laisse penser dans l'épisode précédent et on ne traine pas la chose très longtemps dans celui-là. Mais le coup final m'a quand même bouleversé. J'avais acquis une telle empathie pour Hank que sa mort ne me laisse pas indemne. Mais bizarrement, la scène qui m'a donné les larmes aux yeux (et oui!) n'est pas avec Hank mais avec Skyler. Je veux parler de la scène qui fait suite à la bagarre et où Walter s'enfuit avec Holly. Voir Skyler complètement tétanisé en se rendant compte de ce qui est en train de se passer puis s'effondrer au milieu de la route en voyant la voiture disparaître. Vraiment bouleversant. Je suppose que les éternels détracteurs de Skyler parviendront à trouver des excuses pour lui faire avoir le mauvais rôle, et je ne serais probablement pas d'accord avec la plupart, mais il est évident que l'interprétation d'Anna Gunn est magistrale dans cet épisode. J'ai également à la fois apprécié et été ému par le fait que Walter Jr. découvre la vérité sur son père. C'est brutal, confus et sans logique pour lui. Mais le coup le plus dur c'est d'enchainer avec la réalisation que Hank est mort, et qu'ils ne le verront jamais. J'ignore si Walter va vraiment garder secret l'endroit où il est enterré, mais ce serait probablement la chose la plus ignoble qu'il ait fait depuis le début de la série, la chose la plus immorale.
Venons maintenant à Jesse. Sa capture m'a vraiment surpris. Je m'attendais à le voir se faire la malle au milieu du désert comme ce qui était suggéré. J'ai du coup trouvé l'idée de le laissé caché sous la voiture vraiment génial. La trahison de Walter envers Jesse n'est pas étonnante par contre. Même si Jesse est toujours une menace pour Walt vis à vis de son passé et de la rancœur envers l'empoissonnement de Brock, ce qui prend le dessus est évidement que Walter tient Jesse comme responsable de la mort de Hank. Si Jesse n'avait pas retourné sa veste, Walt n'aurait pas eut besoin d'appeler les néo-nazis. Jesse est responsable. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il lui avoue qu'il a vu Jane mourir et qu'il ne l'a pas sauvée. Il veut le faire souffrir, comme lui vient de souffrir en voyant Hank, un membre de sa famille qu'il aimait malgré tout, mourir sous ses yeux. C'est d'une cruauté absolue, mais ce n'est pas du niveau d'Heisenberg. Ce n'est pas faire souffrir pour faire souffrir. Non, c'est un besoin humain, une colère, un besoin d'équilibrer la balance. Faire du mal à l'autre pour les mettre sur un pied d'égalité. J'ai trouvé très dur de voir Jesse torturé de la sorte, enchainé comme Krazy-8 avait été enchaîné dans la première saison. Il devient un esclave. Personne ne sait où il est, personne ne viendra le sauver. J'ose espérer que c'est Lydia qui parviendra à le sortir de là quand elle se rendra compte de ce que Todd et son fantastique oncle sont en train de faire pour cuisiner leur méth.
Pour finir j'ai envie de revenir sur le départ de Walter et son coup de fil à Skyler. Là encore des avis divergeant sur internet à propos de cette scène. Certains prennent le coup de fil comme de la simple cruauté envers sa femme (les mêmes qui prônent qu'Heisenberg est au sommet de sa forme) alors qu'il s'agit bien de la seule façon qu'il ait trouvé de désamorcer la situation. En rabaissant Skyler à un simple statut d'outil, il lui permet de nier tout face à la police, de ne pas être incriminée et d'éviter la prison. Walter prend sur lui l'entière responsabilité de son empire. Lui seul a construit tout ça. Lui seul a commis des crimes. Lui seul été assez intelligent pour ça. C'est terriblement bien pensé et bien écrit. C'est une scène qui a d'autant plus d'efficacité en parallèle de la scène d'ouverture d'une douceur inattendue. Le fait que Walter utilise enfin l'homme lui permettant de changer d'identité amorce le dernier segment de l'histoire qui va nous mener jusqu'aux flashforwards que l'on a déjà pu voir. Tout est possible, je n'ai vraiment aucune idée de ce que Walter va faire. Je suppose que sa nouvelle mission sera de sauver Jesse, malgré tout, et de venger la mort de Hank en mettant un terme à la vie d'oncle Jack.
Ozymandias, par Percy Bysshe Shelley
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,
La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal il y a ces mots :
"Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Contemplez mes œuvres, Ô Puissants, et désespérez !"
À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »