Des chercheurs de l’équipe du Pr Catherine Chaussain (EA2496 - Université Paris Descartes) et de Didier Letourneur (Université Paris Diderot - Inserm U698), en collaboration avec les services d’odontologie de l’hôpital Louis-Mourier et Bretonneau, et de médecine nucléaire de l’hôpital Bichat (AP-HP) proposent une alternative au traitement de racine ou dévitalisation des dents : l’implantation de pulpe dentaire artificielle.
Passé un certain stade, les caries peuvent atteindre la pulpe dentaire, le tissu le plus interne de la dent, composé de vaisseaux sanguins et de nerfs, c’est la fameuse « rage de dent ». Le développement de cette thérapeutique cellulaire éviterait au dentiste de retirer ce tissu vivant et de le remplacer par un matériau inerte. Cela permettrait de reconstituer le tissu pulpaire et d’éviter les inconvénients liés à la thérapie actuelle.
Ces travaux ont fait l’objet d’une publication dans la revue Tissue Engineerin.
La dent est composée d’émail, de dentine et de pulpe. La pulpe dentaire est richement innervée et vascularisée. Elle est garante de la vitalité de la dent. Ce tissu est sujet à des lésions sévères liées à une carie ou à un traumatisme. Aujourd’hui, les dentistes traitent ces lésions par l’exérèse, ou extraction de la totalité de la pulpe dentaire, suivie du comblement de l'espace pulpaire par un matériau inerte. A la suite de cette thérapeutique, la dent « morte » est fragilisée et présente une plus grande susceptibilité aux infections futures.
Les chercheurs se sont ainsi intéressés à la mise au point d’un tissu de substitution et ont testé son implantation chez des rats. « Notre objectif est de développer une pulpe artificielle et de la greffer dans la dent à la place du tissu malade. Cela permettrait d’éviter les traitements de racine, c’est à dire la dévitalisation, qui amputent réellement la dent de son tissu vivant », explique Sibylle Vital, maître de conférences à l’université Paris-Descartes et praticien hospitalier dans le service d’odontologie de l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP).
Grâce à une technique de bio-ingénierie, les chercheurs ont élaboré une pulpe artificielle à partir de cellules souches pulpaires, préalablement marquées avec un traceur radioactif couramment utilisé chez l’homme, puis ensemencées dans une matrice de collagène. Ils l’ont ensuite implantée dans la molaire de rat dont la pulpe dentaire avait été préalablement retirée. Pour la première fois, les chercheurs ont pu observer le devenir des cellules implantées dans la dent grâce à une technique d’imagerie nucléaire grâce à une technique développée dans le service de médecine nucléaire du Pr Dominique Le Guludec de l’hôpital Bichat (AP-HP) par le Docteur François Rouzet, maître de conférence dans ce service. Ils ont montré que les cellules greffées restent dans la dent et sont capables de reconstituer une pulpe dentaire fonctionnelle. Des analyses ont en effet mis en évidence la colonisation de cette pulpe artificielle par des cellules endogènes qui permettent une revascularisation et une réinnervation, garantes de la pérennité et de la fonctionnalité de la dent.
Ces travaux sont soutenus par la Fondation de l'Avenir, portant sur des recherches pré-cliniques sur une nouvelle thérapeutique de la dent par le développement d'un modèle de pulpe équivalente.
Publication :
Pulp Cell tracking by Radionuclide Imaging for Dental Tissue Engineering
Souron JB, Petiet A, Decup, Tran X, Lesieur J, Poliard A, Le Guludec, Letourneur, Chaussain C, Rouzet F, Opsahl Vital S
Tissue Engineering Part C. doi: 10.1089/ten.TEC.2013.0148
http://www.parisdescartes.fr/Espace-presse/Pulpe-dentaire-artificielle-une-therapeutique-prometteuse
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